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Jeudi 9 Janvier 2025
Anne-Laure Allain

France Fintech : un bilan 2024, pas si mal !

France Fintech, l’association professionnelle des fintech, assurtech et regtech françaises, publie, comme tous les ans son de l'écosystème. Composé de 1145 entreprises (dont 40 % de jeunes pousses, 46% de startup,12 % de scale up et 2 % de licornes dont Pennylane et Pigment depuis 2024), le secteur s'est forgé sa place dans le paysage économique au cours des 10 dernières années. Une fintech sur 3 (moyenne d'âge 6 ans) aurait, selon cette étude, déjà atteint son seuil de rentabilité. Des fintech qui concernent tous les secteurs de la finance au sens large du terme et qui, désormais semblent tirer parti des efforts de rationalisation des mois passés. Parmi les défis à relever dans les mois à venir ? La mise en conformité avec le cadre réglementaire pour le secteur financier avec les négociations ou l’entrée en vigueur de textes majeurs tels que AI Act, DORA, MICA, DSP3 ou encore FIDA.
Rappelons que le secteur de la Fintech est la première composante du French Tech 120/Next 40 (22% du classement).

AL ALLAIN
Lire le détail du bilan France Fintech ci-dessous
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Alain Clot, Président de France FinTech

«L’année 2024 aura finalement été un bon millésime pour les fintech françaises, avec une belle progression de l’activité et de la rentabilité. La reprise marquée des levées a permis le retour des investissements, des recrutements et du développement international, dans un climat général de consolidation autour des leaders de chaque secteur. Même si le niveau élevé d’incertitudes économiques et politiques incite à la plus grande prudence, 2025 pourrait confirmer cette tendance favorable.»

L'écosystème a recommencé à croître en nombre

Il est désormais composé de 1 145 entreprises. Les principaux secteurs concernés par les créations sont la gestion d’actifs et des risques. La numérisation des services financiers continue en effet de s'étendre dans tous les compartiments.
La monétisation des modèles est dans l’ensemble conforme aux plans d’affaires.
Alors que l'âge moyen des fintech est inférieur à 6 ans, une sur trois a déjà atteint son seuil de rentabilité (contre 30 % en 2023), 41% des start-up sont profitables et trois scale-up* sur cinq.
Le délai d’atteinte du point mort se raccourcit : une fintech rentable sur quatre l’a été en moins de quatre ans.
Déjà 28 % des fintech réalisent un chiffre d’affaires compris entre 1 et 5 millions et 21 % supérieur à 5 millions d’euros.
A noter qu’une fintech sur trois générant un chiffre d'affaires supérieur à 1 million d'euros et une sur cinq générant plus de 5 millions n'ont jamais recouru à une levée de fonds.

Les fintech tirent parti de leurs efforts de rationalisation consentis en 2022-23

France Fintech : un bilan 2024, pas si mal !
Suite à la forte baisse des levées (réduction du point mort, abandon ou report de certains projets à rentabilité incertaine ou lointaine, priorité donnée à la monétisation). Les acteurs atteignant progressivement la taille critique, proposent davantage de produits et services “premium” et bénéficient d’effets de gamme.

L’internationalisation des dispositifs, qui avait quelque peu marqué le pas en 2022-23, a repris.
À ce jour, près d'une entreprise sur quatre (23%) dispose d’une implantation étrangère. Parmi elles : 63% en Europe seulement, 13% hors Europe seulement, 24% Europe + reste du monde.

Le mécanisme du “passeport réglementaire européen” est à l’origine de la part prépondérante de l’Union Européenne dans le choix des destinations (87 % du total). A noter l’importance de l’Espagne, dans laquelle presque la moitié (48 %) des fintech françaises implantées en Europe sont présentes et la forte augmentation des représentations au Royaume Uni (+ 23 % par rapport à 2023).

Qu'est-ce que le passeport réglementaire européen ?
Le passeport réglementaire est un dispositif qui permet à un acteur disposant d’un agrément dans un pays de l’Union d’accéder aux autres sans devoir en solliciter un nouveau dans les pays concernés.Il donne donc en principe accès au premier marché
du monde (450 millions d’habitants à haut niveau de pouvoir d’achat).
Toutefois, cette promesse rencontre plusieurs obstacles, en particulier la lenteur des procédures et souvent l'adjonction de nouvelles contraintes . De plus, les différences persistantes en matière de législation et de fiscalité peuvent limiter son efficacité et créer des défis supplémentaires pour les fintech qui cherchent à opérer à l'échelle européenne..

La bonne tenue des affaires et la reprise des levées ont conduit nos acteurs à recruter de nouveau.
Le secteur emploie à ce jour 54 000 personnes dont 43 000 en France (contre 45 000 et 39 000 en 2023). Près de la moitié des emplois créés en 2024 l’ont été dans le cadre du développement international.

Bilan fintech 2024 : les levées de fonds en croissance significative : + 28 %

Les levées s'établissent à 1,3 Md€ au 31 décembre 2024, soit +28 % par rapport à 2023.
Pour mémoire, l’exercice 2023 avait enregistré (à l’instar de la tech mondiale) une forte contraction des levées de fonds (- 66 %). Nos acteurs s’étaient adaptés pour réduire leur besoin de financement et avaient davantage recouru à la dette.
Sans renouer avec les montants records de 2022, l’année 2024 a enregistré une nette reprise, avec une hausse des enveloppes tout au long de l’année.

Cette bonne performance a été atteinte avec un nombre de transactions significativement moindre (101 contre 130 en 2023).
La forte croissance du ticket moyen qui en résulte (+64 %) s’élevant à 12,6 M€, reflète sans doute une plus grande maturité de l'écosystème.
Ces fonds ont notamment visé à :
➔ soutenir l’expansion ’internationale,
➔ investir dans la technologie, en particulier l’IA,
➔ créer de nouvelles offres et à améliorer les gammes existantes,
➔ financer des opérations de M&A.

A noter le rôle du financement participatif - crowdequity (40 M€ levés en 2024) permettant aux fintech (Green-Got, Helios, Money Walkie, Lovys, etc) d’accéder à des investisseurs diversifiés, souvent clients de leurs solutions.

Profil des acteurs ayant levé les montants les plus importants :
➔ intègrent l’IA dans leur modèle,
➔ s’adressent principalement aux professionnels (B2B),
➔ sont engagés dans une croissance maîtrisée (taux de croissance régulier, maîtrise des charges).

Un cinquième des levées a été réalisé en régions, avec les belles performances d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Nouvelle Aquitaine.
Avec 1,3 Md€, la France conforte sa position de premier écosystème de l’Union Européenne.
Devant l’Allemagne (874 M€) et réduit son retard face au Royaume-Uni (2,8 milliards €). Elle est le pays d’Europe qui enregistre la plus forte reprise en termes de montants levés par les fintech en 2024.

Analyse de la typologie d'investisseurs dans les fintech françaises :
Par nature :
➔ 61 % des investisseurs sont des fonds (VC, PE) (↓ vs 70 % en 2023)
➔ 19 % sont des corporates ↑ (vs 15 % en 2023)
➔ 5 % des Family Office (↑ vs 3 % en 2023)
➔ 4 % des asset/ investment management (↑ vs 3 % en 2023)
➔ 3 % des investisseurs institutionnels (↓ vs 2 % en 2023)
➔ 8 % d’autres acteurs (fintech, accélérateurs, BA) (↑ vs 7 % en 2023)

Par origine géographique :
➔ 53 % sont français (↑ vs 49 % en 2023)
➔ 20% sont américains (↑ vs 17 % en 2023)
➔ 10 % sont britanniques (↓ vs 11 % en 2023)
➔ 3 % sont asiatiques (↑ vs 2 % en 2023)
➔ 14 % le reste du monde (↓ vs 21 % en 2023)

Les investisseurs français, majoritaires (en nombre) et en part croissante, sont encore peu présents au-delà de la série C.
Ils représentent :
➔ 74% du nombre d’investissements réalisés en amorçage en 2024
➔ 65% sur les séries A et B
➔ 47% sur les séries C
➔ 14% sur les séries D
➔ Aucun sur les séries E et F

Le financement en dette a été cette année encore abondant.
Avec des emprunts bancaires, le concours de la BPI et ceux des fonds de dette (notamment au travers du financement de portefeuille d'actifs).
L’activité de M&A a été soutenue pour la troisième année consécutive. 49 opérations relevées en 2024, contre 39 en 2022 et 37 en 2023 (hors corporates français impliquant des fintech étrangères). Parmi elles, 9 reprises de sociétés en difficulté. On constate également un rôle accru des corporates aussi bien à l’achat (14 transactions vs 3 en 2023), qu’à la vente (5).
Par ailleurs, les fintech continuent à recourir au M&A pour atteindre la taille critique : 22 opérations intra sectorielles - consolidation - (mutualisation des ressources, diminution des coûts d’exploitation, expansion géographique, intégration de brique.

A noter :
Une vingtaine de fintech a annoncé l'entrée dans une procédure collective

Le déploiement des technologies de la donnée s’accélère

15% des fintech françaises travaillent sur ces modèles fournissant des solutions aux secteurs de la gestion d’actif,
du paiement, du financement et de la gestion des risques pour mentionner les principaux. Elles collectent 21 % des montants levés en 2024 contre 11% en 2023.
Leur profil :
➔ Plus de la moitié ont été créés entre 2020 et 2024
➔ 42 % déclarent être rentables (et ont en moyenne 2 ans)
➔ 24 % réalisent un CA supérieur 5 M€

La période d’expérimentation semble achevée et des modèles viables se développent dans diverses directions :
➔ finance décentralisée : plateforme de prêt entre particuliers (Morpho, financement des entreprises (Kriptown
➔ paiements et transfert de fonds, y compris internationaux (MoneyTrack, Fipto, Usual)
➔ conservation et tenue de compte d’actifs numériques (Deblock
➔ tokenisation : de parts de fonds monétaires, accessible aux investisseurs particuliers (Spiko
➔ achat et vente d’actifs numériques (Coinhouse)

La crédibilité de ces technologies est d’ailleurs confirmée par les avancées dans ce domaine des grands établissements (BDF, SG, BNPP, CDC, etc.) avec des cas d’usage majeurs : tokenisation d’obligations, MNBC (monnaie numérique de banque centrale),
stablecoins, registre partagé de données KYC, infrastructure technologique (DLT), DAO (Organisations Autonomes Décentralisées).
Le cadre réglementaire européen des actifs numériques connaît une vague de structuration majeure, notamment avec le Régime Pilote DLT et MiCA.

À compter du 1er janvier 2025, les nouveaux prestataires de services sur crypto-actifs devront se conformer aux exigences de MiCA, tandis que les PSAN déjà enregistrés ou agréés en France bénéficieront d’une période transitoire jusqu’en juillet 2026 pour se mettre en conformité.

L’intelligence artificielle & accompagnement dans la transition écologique

Après une phase initiale de tests et d’innovations, l’IA est aujourd’hui principalement utilisée pour optimiser les processus internes, comme le support client, l’automatisation des tâches répétitives ou la détection de fraudes.
Les développements en cours concernent les modèles de tarification, l'hyperpersonnalisation, le score de crédit et la gestion des risques, où elle pourrait redéfinir les standards.

L’engagement continue dans la transition écologique
Les fintech sont fortement engagées dans la gestion des risques environnementaux et sociaux :
➔ Développement d’acteurs, dont le modèle est centré sur l’impact : montée en puissance des solutions d'analyse ESG, d’inclusion financière, de néo-banques dites vertes, etc.

➔ Intégration au sein des modèles de la plupart des fintech de fonctionnalités et d’approches visant à une gouvernance responsable, des pratiques frugales, des initiatives de compensation carbone, des gammes de produits alignées sur les enjeux de durabilité.

Le Panorama des fintech durables édition 2024 répertorie 108 acteurs dont 60 % ont été créés ces 5 dernières années.
Une part importante des acteurs retenus propose des modèles à destination des TPE/PME dont le marché était peu ou mal couvert.
30% sont des solutions de financement, 16% des outils d’aide à la décision et se concentrent principalement sur des solutions de mesure, bilan et compensation de l’empreinte carbone, à part égale avec les solutions de reporting réglementaires.


Un véritable choc réglementaire : entre défis et opportunités

La période actuelle marque un renforcement sans précédent du cadre réglementaire pour le secteur financier, avec les négociations ou l’entrée en vigueur de textes majeurs tels que AI Act, DORA, MICA, DSP3 ou encore FIDA.
La concomitance et la complexité de ces nouvelles réglementations imposent une pression économique et organisationnelle significative sur les acteurs concernés.
Si ces normes s’appliquent uniformément à tous les opérateurs financiers, elles pèsent d’autant plus lourdement sur les petites structures comme les fintech, souvent moins équipées pour absorber ces charges.

Cette phase présente toutefois des opportunités . Elles visent, selon l’esprit porté par la Commission européenne, à créer un cadre cohérent, destiné à renforcer la confiance des consommateurs, stimuler l’innovation et permettre l’émergence de champions continentaux.
Ce “choc réglementaire” peut ainsi devenir une source d’inspiration et de différenciation pour repenser les modèles, les approches et les métiers, favorisant l’apparition de nouvelles offres et d’acteurs capables de répondre aux attentes croissantes du marché et des régulateur

Conclusion de ce bilan des fintech 2024

Au total, 2024 aura été un bon millésime, marqué par un développement de l’activité et de la rentabilité mais aussi la reprise des levées.
Cette dernière autorise le retour des investissements (notamment en technologie), des recrutements et de l'internationalisation des modèles.
La consolidation du secteur se poursuit, menée par les leaders de chaque catégorie, dans un contexte global de remontée raisonnée des valorisations.

La fintech française semble avoir connu une année plus favorable que ses homologues européens et même que les autres secteurs de la tech française.

La fintech est l’un des secteurs les plus dynamiques de la tech française et se démarque également au niveau européen.
Quelques indicateurs :
➔ Elle est la première composante du French Tech 120/Next 40 (22 % du classement) ou du classement LinkedIn des 20 pépites françaises en plein essor (35 %).
➔ Elle est largement représentée dans les classements européens : Sifted 50 des start-up à la croissance la plus rapide avec 13 fintech françaises (26 %) et dans le LETS, “cartographie de 251 grandes entreprises technologiques européennes qui réussissent à l'échelle mondiale” avec 17 fintech françaises retenues (7 %).

La fintech française semble avoir connu une année plus favorable que ses homologues européens et même que les autres secteurs de la tech française.

Les défis n’en restent pas moins nombreux et profonds et la prudence de mise.

➔ Accès au financement, dans un environnement macro-économique très perturbé et un contexte politique et financier français nous plaçant dans une situation d’autant plus délicate que le financement des plus gros tickets se réalise essentiellement avec des
fonds internationaux.
➔ Option de la cotation (IPO) pour nos acteurs les plus avancés, dans un marché très sensible aux perturbations géopolitiques.
➔ Maintien des tensions sur la ressource humaine (emplois tech et commerciaux principalement).
➔ Passage à l’échelle européenne pour atteindre la taille critique, avec les enjeux d’exécution associés.
➔ Monétisation d’ampleur suffisante pour contribuer significativement à l’autofinancement.
➔ Choc réglementaire 2024-26, avec l’arrivée de paquets exceptionnellement nombreux et complexes.

Le secteur aborde 2025 avec résolution, mais aussi vigilance face à un environnement économique, politique et réglementaire hautement instable.
Il demeure en alerte face aux menaces législatives sur les dispositifs de soutien à l’innovation.

Pour en savoir plus


A propos de France Fintech

Créée en 2015 à l’initiative des entrepreneurs, France FinTech fédère les sociétés utilisant des modèles opérationnels, technologiques ou économiques, innovants et disruptifs, visant à traiter des problématiques existantes ou émergentes de l’industrie des services financiers et représentant les principales composantes de la filière. L’association s’est donnée pour mission de promouvoir l’excellence du secteur en France et à l’étranger et de représenter les fintech françaises auprès des pouvoirs publics, du régulateur et de l’écosystème.

France FinTech est présidée par Alain Clot et Kristen Charvin en est sa déléguée générale. Son comité directeur rassemble les fondateurs et dirigeants de +Simple, AML Factory, Anaxago, Defacto, Epsor, Kriptown, Lydia, Pennylane, October, Rosaly, Virgil.
L’association propose désormais les Collèges Assurtech et Financement Participatif, suite à l’intégration respective Insurtech France et Financement Participatif France.

Outre ses actions sur les terrains réglementaires et législatifs, ses nombreuses publications, ses ateliers et rencontres diverses, l’association organise chaque année l’événement de référence de l’écosystème, FinTech R:Evolution.

France FinTech est co-organisatrice de la French FinTech Week, membre du Comité Fintech ACPR-AMF et membre fondateur de l’EDFA (European Digital Finance Association).
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