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A CHAUD du 6 mai 2007 : Royalement élu, Sarkozy tiendra-t-il ses engagements économiques ?

Nicolas Sarkozy l’a donc massivement emporté sur sa concurrente, avec un écart plus élevé que lors du match Chirac-Jospin de 1995 (52,6-47,4) et proche de celui du choc Mitterrand-Chirac de 1988 (54-46).


Marc TOUATI
Marc TOUATI
Autrement dit, en dépit des craintes de dérive libérale associées au candidat de l'UMP, les Français ont confirmé que non seulement ils ne voulaient plus d'une politique économique d'augmentation inefficace des dépenses publiques, mais aussi qu'ils étaient prêts pour le changement vers une économie plus souple et plus ouverte.

Au contraire de Jacques Chirac il y a cinq ans, le nouveau Président de la République dispose donc d'une parfaite légitimité pour engager la France sur la voie d'une réforme économique en profondeur, à même de lui permettre de retrouver le chemin d'une croissance durablement soutenue.

Malheureusement, tant en politique qu'en économie, les évidences n'existent pas. Aussi, malgré sa victoire écrasante, il est loin d'être assuré que Nicolas Sarkozy tiendra ses engagements économiques, notamment en matières de baisse de la pression fiscale et de rationalisation de la dépense publique.

Et ce d'autant qu'à l'inverse de ce qu'il a dernièrement annoncé, le financement de la retraite par répartition n'est absolument pas assuré de 2010 à 2020 en dépit de la loi Fillon. En effet, pour boucler son montage financer, cette dernière table sur un taux de chômage de 4,5 % à partir de 2010 et ce pendant dix ans. Ce qui signifie que si, comme cela est très probable, un tel cas de figure ne se produit pas, la retraite par répartition court vers l'explosion. Dès lors, après le trou de la Sécu qui n'est d'ailleurs pas près d'être comblé, l'Etat devra payer le trou des retraites.
Dès lors, si la croissance reste molle et si les finances publiques n'ont pas été profondément assainies, l'augmentation de la dette publique deviendra exponentielle. Elle atteindra 70 % du PIB en 2012 et près de 80 % en 2015. A titre de comparaison, n'oublions pas qu'au début des années 90, la dette publique japonaise était aussi de 65 % du PIB (c'est-à-dire le même niveau qu'en France aujourd'hui) et qu'elle est actuellement de 175 ! Une différence de taille existe cependant entre la France et le Japon : chez eux, 98 % de la dette publique est détenue par des nationaux contre seulement 50 % chez nous. Aussi, si le Japon a pu affronter sans trop de difficulté la dégradation de son rating, la France en souffrira beaucoup plus, avec hausse des taux d'intérêt à la clé, mais aussi baisse des investissements et fort ralentissement de la croissance.

C'est pour toutes ces raisons que M. Sarkozy ne doit pas imaginer que la question des retraites est réglée et qu'il pourrait ainsi prendre son temps en matière de réforme économique. Nous n'avons plus de temps à perdre !

Trois mesures à prendre d'urgence

Selon nous, la nouvelle équipe dirigeante doit donc prendre très vite trois types de mesures. Primo, une baisse de la pression fiscale pour tous (entreprises, ménages, favorisés ou non). Secundo, la rationalisation de la dépense publique de manière à éviter un creusement du déficit. Tertio, l'assouplissement de l'ensemble des réglementations qui pèsent sur le fonctionnement de l'économie et notamment sur le marché du travail. Si ces mesures sont menées dans les trois mois, nous avons alors une chance d'éviter la crise de la dette des années 2010.

Trois pièges à éviter

Pour autant, il nous paraît également important de rappeler que M. Sarkozy ne doit pas tomber dans trois pièges. Premièrement, en dépit de sa victoire sans appel, il ne doit pas oublier que les Français voudront comprendre les mesures qui seront prises. Il faudra donc faire preuve d'une grande pédagogie, en se souvenant des tristes situations des réformes Juppé de 1995 et de la crise du CPE.
Deuxièmement, nos futurs dirigeants devront également donner l'exemple. Il serait ainsi intolérable de demander aux Français de faire des efforts, sans réduire drastiquement le train de vie des Ministères et des hautes administrations.

Troisièmement, au contraire de ce qui a parfois été demandé ou annoncé à l'UMP ou ailleurs, il ne faudra surtout pas augmenter la TVA, via ce que l'on appelle une TVA sociale et même si cela est en partie compensée par une baisse des charges sur les salaires. N'oublions effectivement pas que la TVA est l'impôt le plus inégalitaire et que l'augmenter constituerait un signal à l'encontre des particuliers, alors que les entreprises devraient bénéficier d'une baisse de la pression fiscale. Autrement dit, il n'y aurait rien de mieux pour aviver la lutte des classes et les risques de dérapages sociaux.

Ce sera certainement là la tâche la plus difficile mais aussi la plus importante de Nicolas Sarkozy : faire comprendre aux Français que nous sommes tous dans le même bateau, de manière à les réconcilier entre eux et par là même avec l'économie. C'est tout le mal que l'on peut nous souhaiter.

Marc TOUATI
Président de ACDE

marc.touati@acde.biz

www.acde.biz






Mardi 1 Mai 2007




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