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Opinion | Kate Solovieva - IDA Ireland. "L'importance d'une utilisation fiable de l'IA dans le secteur financier"

Le 11 mai 2023, les membres du Parlement Européen ont adopté un projet de mandat de négociation sur les premières règles relatives à l'Intelligence Artificielle (IA) : l’AI Act. Avec ce projet de loi, les députés visent à garantir que les systèmes d’IA soient supervisés par des personnes, qu'ils soient sûrs, transparents, traçables, non discriminatoires et respectueux de l'environnement. Ils souhaitent également disposer d'une définition uniforme de l'IA, conçue pour être neutre sur le plan technologique, afin qu'elle puisse s'appliquer aux systèmes d'IA actuels et futurs. Une fois approuvées, il s’agira des premières règles au monde en matière d’IA. Une démarche nécessaire tant son utilisation augmente à travers tous les secteurs. Par Kate Solovieva, Vice-présidente Services financiers Europe, IDA Ireland


L'IA est actuellement la technologie la plus utilisée dans le secteur financier pour alimenter les chatbots et les outils de recommandation afin d’optimiser l’expérience et le service client. Elle aide également certaines banques à identifier les activités frauduleuses et à s’en prémunir. Selon le rapport « State of AI in Financial Services » de NVIDIA, 31 % des organisations de services financiers ont investi dans la détection de la fraude pour les transactions et les paiements en 2022, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. En outre, 28 % des organisations ont déclaré avoir investi dans l'IA conversationnelle en 2022, une augmentation de 8 % par rapport à l'année précédente. En outre, en novembre dernier, Bank of Ireland figurait parmi les entreprises récompensées lors des AI Awards annuels et a remporté le prix de la meilleure application IA dans une grande entreprise. Plus tôt cette année, BizTech a prédit que les banques continueront d’accroître leur utilisation de l'intelligence artificielle au cours de l'année à venir.

Cependant, alors que les banques européennes déploient l'utilisation de l'IA dans leurs services, elles doivent également désormais veiller à respecter les directives de la loi sur l'intelligence artificielle (AIA) de la Commission européenne, afin de garantir l'utilisation d'une IA éthique et digne de confiance, la sécurité des consommateurs étant la priorité absolue.

L'importance d'un cadre législatif fort

La loi sur l’IA s'est avérée être une proposition ambitieuse, puisqu'elle constitue le premier cadre législatif complet jamais publié par une puissance économique mondiale. Pour Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne et commissaire chargée de la technologie, l'objectif de cette législation est de « faire de l'Europe un leader mondial de l'IA digne de confiance ». La loi ne s'applique pas seulement aux organisations qui fournissent et utilisent des systèmes basés sur l'IA au sein de l'UE. Elle englobe également tout fournisseur ou utilisateur situé dans un autre pays, dès lors que son système impacte les utilisateurs résidant dans l'UE. Pour cette raison, la loi a souvent été comparée à l'actuel règlement général sur la protection des données (RGPD). Une autre similitude réside dans le fait que les organisations pourront se voir infliger une amende (jusqu'à 30 millions d'euros ou 6 % du chiffre d'affaires mondial d'une organisation) en cas de non-conformité. En revanche, la législation définit l'IA de manière large afin d'accroître sa portée et tient compte d'un éventail plus étendu de risques potentiels pour les individus et la société que ceux pris en compte dans le RGPD.

Pour garantir l'utilisation d'une IA fiable par les organismes financiers, la loi sur l'IA 2021 de la Commission européenne classe les dangers potentiels des applications d'IA en fonction des effets qu'elles pourraient avoir sur la vie des individus et de la société. Elle vise notamment à interdire l'utilisation d'applications d'IA conçues pour exploiter les comportements humains, le scoring social et l'identification biométrique à distance en temps réel par les autorités policières, car l'utilisation de ces applications serait contraire aux valeurs fondamentales de l'UE. La législation se concentre ainsi sur 21 systèmes d'IA qui ont été identifiés comme étant à haut risque, tels que les applications utilisées dans les bassins d'emploi et celles qui permettraient d’accéder à des services publics essentiels. Dans le secteur des services financiers, Deloitte a par ailleurs identifié trois applications à haut risque d'une importance capitale, notamment celles utilisées pour évaluer les scores de crédit, surveiller ou évaluer les performances et le comportement au travail à des fins de conformité ou de gestion algorithmique, et celles utilisées pour le recrutement par le biais de la publication d'offres d'emploi, la sélection de candidatures et l'évaluation des candidats sous forme d'entretiens ou de tests.

Une approche éthique et centrée sur l’humain

Avec la volonté de faire effet de levier dans la mise en œuvre d'une IA digne de confiance, le gouvernement irlandais a publié une stratégie nationale intitulée « AI – Here for Good ». Le plan 2021 souligne les objectifs du gouvernement pour positionner l'Irlande en tant que leader mondial en matière d'intelligence artificielle avec une « approche éthique et centrée sur l’humain pour le développement, l'adoption et l'utilisation de l'IA ». La stratégie est composée de huit volets, chacun contenant des recommandations pour la mise en œuvre d'une IA éthique, avec un accent mis sur l'éducation à l'IA pour promouvoir l'adoption d'outils dédiés par les entreprises irlandaises. Les trois points centraux de la législation incluent l'adoption d'une approche centrée sur l'humain, l'ouverture et l'adaptabilité aux nouvelles innovations, et la garantie d'une bonne gouvernance pour instaurer la confiance tout en facilitant l'innovation. Au niveau mondial, l'Irlande a rejoint le Partenariat mondial sur l'IA et continue de participer aux discussions de l'UE concernant l'établissement d'un cadre réglementaire horizontal pour l'IA éthique.
Dans ses efforts pour s'imposer comme un leader européen et mondial de l'IA éthique, le gouvernement français a de son côté publié en 2018 sa stratégie nationale « AI for Humanity ». Le plan suit trois objectifs principaux :
• Améliorer l'écosystème d'éducation et de formation afin de développer, de retenir et d'attirer des talents de classe mondiale dans ce domaine ;
• Etablir une politique d'ouverture des données pour la mise en œuvre des applications d'IA et la mise en commun des actifs ;
• Développer un cadre éthique pour une utilisation transparente et équitable de ces applications.

Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation a expliqué : « Ce n'est que sur la base d'une recherche forte que nous pourrons promouvoir, au niveau international, les valeurs éthiques que nous représentons tout en soutenant nos entreprises ». Au sein de ses plans de développement et de gouvernance de l'IA, la France a également mis l'accent sur l'utilisation de technologies sûres et centrées sur les personnes, afin de garantir la protection et la priorité du public.

L'écosystème fintech à travers l'UE

Parmi les pionniers de l'écosystème fintech irlandais en matière d'IA, le géant de la gestion des investissements Fidelity s'est spécialisé dans le traitement du langage naturel (NLP), un sous-domaine du secteur qui présente un fort potentiel de mise en œuvre dans les sociétés de services financiers. Fidelity a utilisé le riche écosystème de recherche irlandais, caractérisé par une collaboration étroite entre l'industrie et les universités, pour stimuler sa capacité d’innovation. Elle a ainsi créé un assistant virtuel multilingue piloté par l'IA qui analyse les questions textuelles et y répond en langage naturel pour plus de 30 millions d'investisseurs de la société. De même, la Deutsche Bank a commencé à mettre en œuvre des solutions d'IA au sein de sa franchise Securities Services et a également développé son propre chatbot appelé Debbie, pour répondre aux demandes des clients en temps réel. Ces initiatives aident à identifier les groupes de clients adaptés aux types de services en fonction de leurs modèles de comportement. Le géant Mastercard a lui aussi adopté l'IA pour améliorer ses processus. Sa solution Identity Check, développée à Dublin, s’appuie sur des capacités d'apprentissage automatique pour vérifier plus de 150 variables impliquées dans le processus de transaction afin d'aider à prévenir la fraude. Dublin accueille par ailleurs la cérémonie annuelle des AI Awards, qui récompensent le travail innovant des chercheurs dans ce domaine et visent à « sensibiliser le public à l'intelligence artificielle (IA), rassemblant le monde universitaire et l'industrie pour mettre en lumière l'excellent travail réalisé en Irlande. »

En France, selon le dernier panorama des startups françaises de fintech IA publié en 2022, 40% des entreprises fintech utilisent l'IA, ce qui confirme la tendance. De Finfrog, à Linxo, en passant par Cegid, IPaidThat ou encore Spendesk, l'IA éthique est amenée à jouer un rôle déterminant dans cet écosystème croissant et florissant. Plus largement sur ce sujet, plusieurs entreprises françaises ont déjà pavé la voie au développement continu de l'IA éthique. Parmi celles-ci : Dataiku, une startup qui permet aux entreprises de fournir des données et des analyses avancées, Navya, qui développe, pour sa part, des véhicules autonomes et électriques et enfin Shift Technology, qui utilise, quant à elle, la science des données pour détecter les fraudes à l'assurance. En outre, les fintechs françaises spécialisées dans l'IA ont bénéficié de généreuses opportunités de financement. Par exemple, en mars dernier, la fintech française N2F a obtenu un financement de 24 millions d'euros pour mener à bien ses projets d'expansion et recruter 200 nouveaux employés au cours des cinq prochaines années. N2F, qui sert actuellement plus de 10 000 entreprises dans 86 pays, utilise l'IA pour garantir l'utilisation sécurisée de son logiciel de gestion des dépenses. Sa plateforme, qui prétend aider les clients à traiter les dépenses professionnelles « jusqu'à quatre fois plus vite », utilise des outils d'IA dans ses fonctions anti-fraude et ses intégrations API, ainsi que des outils et des applications de balayage intelligent.
Alors que le secteur financier recourt de plus en plus à l’IA au quotidien, la sécurité du consommateur, ainsi que de celle des entreprises, sont plus que jamais au centre des préoccupations. Le champ législatif autour de l'IA, encore largement inexploré, combiné à des facteurs de risque nouveaux, voire inconnus, pousse les organisations financières à rester vigilantes face aux processus d'IA qu'elles utilisent, ainsi qu’aux dangers potentiels qu'ils pourraient poser aux individus et à la société.

A propos de Kate Soloviava
Kate Solovieva est vice-présidente en charge des services financiers en Europe pour l'agence irlandaise de promotion et de développement des investissements étrangers, IDA Ireland (Investment Development Agency). En tant qu'experte en investissements directs étrangers et analyste de marché, elle possède une connaissance et une expertise approfondies des questions financières et technologiques dans l'UE et plus largement en Europe, et travaille en étroite collaboration avec des entités politiques européennes et irlandaises sur des sujets économiques et financiers depuis de nombreuses années.

A propos de l'IDA Ireland
L'IDA Ireland est une agence statutaire autonome créée en vertu des lois sur le développement industriel (Industrial Development Acts) de 1986 à 2019. L'agence fonctionne conformément aux dispositions des lois et sous l'égide du ministre de l'entreprise, du commerce et de l'emploi, qui est habilité à fournir des fonds pour s'acquitter de ses obligations et à émettre des directives de politique générale ou à demander des informations sur les activités de l'agence.

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Dimanche 10 Septembre 2023




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