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La croissance française sera inférieure à 1 % en 2016

C'est vraisemblablement devenu un mal français : depuis au moins quinze ans, chaque début janvier, les dirigeants du pays annoncent que l'année à venir sera meilleure que la précédente, que la croissance économique va s'intensifier et susciter une forte baisse du chômage. En vain.


Marc Touati
Marc Touati
En fait, à ma connaissance, la dernière fois que la croissance effective française a été supérieure à celle annoncée par les gouvernants remonte à 1998. Je suis bien placé pour le savoir puisqu'à l'époque, alors que le consensus et les prévisions gouvernementales faisaient état d'une croissance molle, j'annonçais que celle-ci devait atteindre les 3 %. Elle fut finalement de 3,6 %. De quoi rappeler à ceux qui me trouvent parfois trop pessimiste que je ne le suis pas par nature. Bien au contraire.

D'ailleurs, en 1999 et 2000, mes prévisions étaient également plus optimistes que celles de Bercy. Et, une fois encore, à raison, puisque la progression du PIB atteignit 3,3 % en 1999 et 4 % en 2000. Malheureusement, le gouvernement Jospin n'utilisa pas cette manne pour assainir les comptes publics et moderniser l'économie française. Il préféra parler de « cagnotte » et utiliser cette dernière pour augmenter encore la dépense publique et refuser de réformer les structures économiques de notre « douce France », qui ne s'en est d'ailleurs toujours pas remise. A tel point que, depuis lors, pour essayer de masquer la réalité, les gouvernants n'ont eu de cesse de gonfler leurs prévisions de croissance, tout en sachant que ces dernières étaient intenables.

C'est d'ailleurs bien là que le bât blesse, car si l'optimisme est une nécessité du quotidien, le réalisme est aussi un devoir, en particulier à l'égard des citoyens, qui, à force d'avaler des couleuvres (notamment fiscales) et d'être déçus par la réalité économique et sociale, sont de moins en moins dupes. C'est justement ce qu'ont oublié les différents dirigeants du pays depuis plus de vingt ans et en particulier depuis une dizaine d'années, préférant le déni de réalité, la méthode Coué et les effets marketing au réalisme économique.

Et malheureusement, cette nouvelle année ne déroge pas à cette triste règle. Ainsi, en dépit des nuages qui s'amoncellent, le gouvernement s'obstine à annoncer une croissance française de 1,5 % en 2016, qui permettrait de faire (enfin !) baisser le chômage et de remplir les objectifs de réduction des déficits publics.

Soyons clairs et directs : non seulement, cette prévision ne sera pas atteinte, mais, qui plus est, la croissance du PIB français en 2016 sera, selon nos estimations, de 0,7 %. Nous sommes donc au regret d'annoncer que, compte tenu de cette faiblesse de l'activité, le chômage réel continuera d'augmenter.

Le seul moyen de contenir cette progression résidera dans la création de 500 000 postes de « stagiaires en formation » qui consistera simplement à faire passer les chômeurs de la catégorie A à la catégorie D. Mais, ne nous leurrons pas : le nombre de chômeurs toutes catégories, qui s'approche déjà des 6,5 millions de personnes, continuera d'augmenter.

Certes, la baisse des cours du pétrole et des matières premières, la faiblesse de l'euro/dollar et la « planche à billets » de la BCE limiteront les dégâts. Pour autant, ces éléments demeurent des facteurs nécessaires mais pas suffisants pour engendrer une croissance forte. D'ailleurs, en 2015, ces évolutions, déjà à l'œuvre, auraient dû consacrer une croissance française proche de 3 %. Or, cette dernière n'a été que de 1 %. Et ce tout simplement parce que les structures archaïques et trop rigides de l'économie hexagonale ne permettent pas de transformer cet « alignement des planètes » en croissance soutenue.

De plus, si la reprise économique n'a pas eu lieu l'an passé lorsque le baril est passé de 110 à 50 dollars et que l'euro s'est déprécié de 1,30 à 1,10 dollar, ce n'est pas aujourd'hui, avec une moindre baisse de ces deux variables que l'activité nationale va pouvoir rebondir.

Enfin et surtout, l'économie française va fortement pâtir du ralentissement de la croissance mondiale qui a déjà commencé et qui va malheureusement s'aggraver en 2016. Autrement dit, si de 2008 à 2015, avec une croissance mondiale moyenne de 3,1 %, celle de la France n'a été que de 0,3 %, que va-t-elle devenir avec une progression du PIB mondial d'au mieux 2,4 % en 2016 ? A la rigueur, il ne s'agit plus d'économie, mais de mathématique, ou encore de bon sens.

De plus, compte tenu d'une variation nulle, voire légèrement négative du PIB français au quatrième trimestre 2015, celui-ci va commencer l'année avec un acquis de croissance proche de 0 %. Ce qui signifie que, même avec une progression trimestrielle moyenne du PIB de 0,25 % en 2016 (hypothèse assez optimiste), la croissance annuelle atteindra 0,7 % sur l'ensemble de 2016.

Dans ce cadre, le taux de chômage devrait encore se rapprocher des 11 % en catégorie A et des 23 % toutes catégories confondues. Dès lors, même si le gouvernement augmente encore les dépenses publiques, soi-disant pour des questions sécuritaires, mais surtout pour des motifs électoralistes, les revenus et la consommation des ménages resteront moribonds.

Parallèlement, compte tenu du dérapage des dépenses publiques et des moindres recettes fiscales liées à l'état décevant de la croissance, de l'investissement et de la consommation, le déficit public devrait rester proche des 4 % du PIB et la dette publique avoisiner les 100 %.

En d'autres termes, et même si nous aimerions sincèrement annoncer le contraire, l'économie française se portera moins bien en 2016 qu'en 2015. Et il ne s'agit évidemment pas là de « french bashing », mais simplement de réalisme économique.


Les médias du groupe Finyear


Lundi 18 Janvier 2016




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1.Posté par Karim OUNISSI le 18/01/2016 10:08 | Alerter
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Bonjour,

Vraiment rien à redire sur cette analyse. Enfin une vision claire et factuelle de la situation de la France.
Une analyse des possibles solutions pourrait-elle être l'objet d'un prochain article ?

Merci

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