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France-Chine : pourquoi tant de mensonges ?

Qu'est-ce qui peut bien réunir deux évènements aussi éloignés que la publication des comptes nationaux chinois et le « plan d'urgence pour l'emploi » de François Hollande ? La réponse est malheureusement simple : le déni de réalité.


Marc Touati
Marc Touati
En effet, alors que les principaux indicateurs avancés de l'activité économique de l'Empire du milieu faisaient état d'une quasi-récession, le PIB chinois a progressé de 1,6 % au quatrième trimestre 2015, enregistrant un glissement annuel de 6,8 %, soit seulement 0,1 point de moins qu'au trimestre précédent et 0,2 point de moins qu'au deuxième trimestre 2015.

S'il s'agit bien d'un plus bas depuis le premier trimestre 2009, nous sommes donc loin de la bérézina que pouvaient laisser envisager les derniers indices des directeurs d'achat à 48,2 dans l'industrie et 49,4 dans les services, c'est-à-dire bien en-deçà de la barre des 50 censée représenter la frontière entre la progression et le recul de l'activité. En d'autres termes, soit les enquêtes Caixin Markit des directeurs d'achat sont fausses, soit les comptes nationaux du Bureau national des statistiques de Chine « ne nous disent pas tout »…

Des « esprits malveillants » pourraient nous dire que tout le monde sait que les statistiques chinoises sont fausses, qu'elles sont dictées par le gouvernement et que rien de tel ne pourrait se produire dans des pays occidentaux démocratiques, notamment en Europe et en particulier en France.

Que nenni ! Ainsi, sans même remonter aux acrobaties régulières de l'INSEE (la dernière remontant aux comptes nationaux du troisième trimestre 2015 qui ont consacré une progression trimestrielle du PIB français de 0,3 %, grâce à une contribution de la formation de stocks de 0,7 point), le Président de la République française nous a encore montré lundi dernier, avec son « plan d'urgence pour l'emploi » qu'il était au moins aussi fort que son homologue chinois Xi Jinping.

En effet, plutôt que d'affronter la réalité en face et d'engager une profonde réforme du marché du travail, condition sine qua non pour faire enfin baisser le chômage, ce énième plan « de la dernière chance » s'est contenté de contourner les obstacles et de faire primer le marketing sur le courage économico-politique. Pour être clair et direct, au risque de faire de la peine à certains : ce plan représente avant tout des soins palliatifs mais pas un traitement préventif du fléau du chômage.

Il se résume pour l'essentiel à un ajustement statistique qui, grâce aux contrats de formation, permettra de faire passer 500 000 chômeurs de la catégorie A à la catégorie D. Il n'y aura donc malheureusement pas de vraie baisse du chômage. Quant aux aides aux entreprises, les exemples du Cice et du pacte de responsabilité montrent que l'effet sur le chômage sera extrêmement faible. Et le tout pour la bagatelle de 2 milliards d'euros (une ardoise qui pourrait même être doublée). Si, à la rigueur, cela permettait vraiment d'améliorer l'employabilité des travailleurs sans qualification, pourquoi pas ? Mais malheureusement, nous en resteront loin.

A l'image de la loi Macron ou encore plus récemment des mesures proposées par la Banque de France pour améliorer le financement des TPE-PME, ce plan constituera une sorte de « doliprane », alors que, vu son état de santé déplorable, l'économie française a besoin d'une thérapie de choc à la fois pour sortir de sa langueur qui dure depuis trop longtemps, et aussi pour enfin lutter efficacement contre le drame du chômage.

Les mesures à prendre sont d'ailleurs bien connues, d'autant qu'elles ont déjà fait leur preuve dans de nombreux pays à travers la planète et notamment en Europe (Allemagne, Espagne, Italie, Portugal). Oui, les seuls moyens de faire baisser vraiment et durablement le chômage résident dans la baisse du coût du travail (notamment les charges qui pèsent sur les salaires) et la fluidification du marché de l'emploi. Le tout devant évidemment être accompagné par l'avènement d'une croissance forte.

Or, ne l'oublions pas : comme nous l'avons expliqué dans notre « humeur » de la semaine dernière, la croissance française ne sera pas de 1,5 % en 2016, comme annoncé par le gouvernement, mais de 0,7 %. Et là aussi, pour sortir de cette léthargie structurelle, il ne suffira pas de faire du marketing politique. Il faudra, au contraire, engager de vraies réformes. A commencer par les quatre suivantes. 1. Baisser la pression fiscale pour tous : les entreprises et les ménages de façon claire : par exemple réduire le taux de l'impôt sur les sociétés et la CSG. 2. Optimiser la dépense publique (en réduisant les dépenses de fonctionnement). 3. Moderniser le marché du travail (comme évoqué plus haut). 4. Faciliter le financement des entreprises et de l'innovation, notamment en assouplissant les règles prudentielles qui pèsent sur les banques et en facilitant la création de fonds d'investissement.

Vous l'aurez bien compris : il ne s'agit pas de mesures ultra-libérales, mais simplement de bon sens économique. Et c'est justement là que le bât blesse. Car, que ce soit en Chine, en France, sur les marchés financiers ou dans la vie au quotidien, tôt ou tard, les mensonges sont découverts et les dénis de réalité finissent par coûter très cher.

Souvenons-nous qu'en 1998-2000, en dépit d'une croissance française exceptionnellement forte, Lionel Jospin a refusé de moderniser l'économie française, préférant dilapider une soi-disant « cagnotte » en vue de devenir Président en 2002. Pourtant, il ne passa même pas le premier tour des élections présidentielles. Cette stratégie du déni déboucha donc sur une double peine : individuelle et nationale, puisque la France n'a jamais retrouvé le chemin de la croissance forte et n'est malheureusement pas près de le faire.

Autrement dit, privilégier des ambitions ou des satisfactions personnelles et une vision de court terme au détriment des intérêts d'un pays et d'une problématique de moyen terme apparaît voué à l'échec. Dommage que, dans leur grande majorité, les dirigeants du monde actuel ne l'aient pas compris…

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 25 Janvier 2016




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