La crise actuelle est selon nous d’abord une crise de la théorie classique de la finance, née aux Etats-Unis dans les années 60 avec Markowitz, Sharpe, Fama, Black, Scholes. Dès cette époque, le mathématicien français Benoît Mandelbrot met en garde contre certaines hypothèses réductrices ou carrément erronées. Il dénonce notamment l’utilisation de la loi normale (ou courbe de Gauss) pour mesurer les variations de la bourse : le « hasard sauvage » des marchés financiers excède largement ce que peut prévoir cette loi. Il réfute également les notions d’efficience des marchés ou de rationalité des agents, et il met à jour une « mémoire » dans les cours des actions.

Mandelbrot synthétise sa pensée dans «Une approche fractale des marchés» (2005) et sera suivi par d’autres chercheurs, notamment le libano-américain Nassim Nicholas Taleb avec «Le Cygne noir» (2008). Mais rien n’arrête l’hégémonie du modèle classique, au point qu’il s’impose également dans la gestion des entreprises et participe ainsi à la «financiarisation de l’entreprise», notamment à travers la notion de coût des fonds propres (WACC en anglais). A l’occasion de la crise déclenchée en septembre 2008, Mandelbrot «refait surface» et est cité dans de nombreux articles.

Cet ouvrage fait le point sur les critiques formulées envers la théorie classique et expose de façon didactique les nouvelles approches qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement des marchés financiers et de l’économie. Un changement de paradigme est nécessaire pour retrouver une croissance durable. L’ouvrage évalue également les menaces latentes et les modes de régulation envisageables de la finance.

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Philippe Herlin
Chercheur en finance
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