La production a encore reculé de 0,3 % dans l'ensemble de l'industrie et de 0,5 % pour le seul secteur manufacturier. Après être repassé en territoire positif en décembre 2006, le glissement annuel de la production est ainsi repassé dans le rouge à - 0,6 % en janvier. Autrement dit, la récession industrielle est malheureusement loin d'être terminée. Dès lors, après avoir détruit 64 200 emplois en 2006 et 456 300 depuis 2001, l'industrie manufacturière devrait continuer de tailler à la hache dans ses effectifs.
Ce qui est d'autant plus triste c'est que cette désindustrialisation se produit malgré la flambée de la consommation des ménages en produits manufacturés. En janvier, le glissement annuel de cette dernière a ainsi atteint 7,1 %, un plus haut depuis février 2000. Celui de la consommation de biens d'équipement du logement a même flambé à 26,3 %, du jamais vu depuis que la statistique existe ! Le décalage entre une telle flambée de consommation de biens manufacturés et la récession industrielle française a évidemment de quoi détonner. Mais il s'explique très bien : une part de plus en plus importante des biens consommés par les Français sont fabriqués à l'étranger.
Nous avons donc une fois de plus la preuve que se contenter de soutenir la consommation (comme le proposent les principaux candidats à la présidentielle) n'est pas un garant d'une croissance intérieure forte et encore moins de créations d'emplois dynamiques dans l'Hexagone.
Cette piètre réalité se retrouve d'ailleurs dans l'autre nouvelle statistique du jour, en l'occurrence le nouveau creusement du déficit extérieur en janvier 2007, à 2,76 milliards d'euros. Et ce en vertu d'importations en légère baisse mais qui atteignent encore 35,164 milliards d'euros sur le mois, tandis que les exportations françaises ont reculé de 1,1 % à 32,4 milliards d'euros. Compte tenu du ralentissement de la croissance mondiale pour 2007 et de la remontée de l'euro au cours des derniers mois, il est à craindre que dans ce domaine les choses iront de mal en pis. Ainsi, comme l'an passé, notre déficit extérieur devrait avoisiner les 30 milliards d'euros en 2007.
Déficit commercial, récession industrielle, ralentissement prévisible de la consommation et de
l'investissement logement… Il faut malheureusement s'y faire : la croissance française aura du mal à dépasser les 1,7 % cette année et ne suffira donc pas à financer les mesures annoncées par les principaux candidats. Les twin deficits (extérieur et public) ont donc encore de beaux jours devant eux dans l'Hexagone…

Marc Touati
Président de l'ACDE