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Le Tigre chinois et « l'Europe aux anciens parapets »

Saudi Basic Industries Corporation (Sabic) est l'un des plus grands fabricants mondiaux de produits chimiques, engrais, matières plastiques et métaux. Le chimiste de Riyad fournit ces matériaux à d'autres sociétés, qui les utilisent pour fabriquer leurs produits.


Thierry Charles
Thierry Charles
C’est en 2007 que la firme, basée à Riyad acquiert la division plastique de l'américain General Electric (GE), visant ainsi la place de numéro deux mondial. Avec cette acquisition, Sabic s'intègre en aval dans la chaîne de production des plastiques.

Elle hérite d'une expertise de marketing, de technologies et surtout d'un accès aux marchés finaux. Par ailleurs, le fait que le chimiste de Riyad ait accès à des ressources d'hydrocarbures abondantes et à bas coûts en Arabie saoudite lui donne un formidable avantage sur ses concurrents.

La Commission européenne autorise d’ailleurs, en application du règlement CE sur les concentrations, le projet d’acquisition de l'entreprise américaine GE Plastics par la société Sabic.

En effet, après avoir examiné les effets de l'opération sur les clients et concurrents de ces entreprises, la Commission parvient à la conclusion que l'opération n'entravait pas de manière significative une concurrence effective dans l’espace économique européen (EEE) ou une partie substantielle de celui-ci (http://ec.europa.eu/comm/competition/mergers/cases/index/m94.html#m_4737.

Reste que les premiers effets ne se sont pas fait attendre. En effet la concentration des géants de la chimie mondiale et l’imbrication des produits et équipements industriels, font que désormais les PME européennes tiennent la chandelle.

Quelques années auparavant, le monde de l'industrie découvrait avec stupeur le rachat d’Arcelor par la multinationale indienne Mittal, qui devenait du même coup le numéro 1 mondial de la sidérurgie.

Ces dernières années, la Chine, toujours plus vorace en denrées chimiques et en matières premières, connaît une croissance exponentielle de sa consommation domestique.

Au rythme actuel de croissance de ses consommations, la Chine est devenu l’un des premiers consommateurs mondiaux de matières premières.

En guise d’effets boomerang, la Chine transfère de plus en plus la pression de sa demande domestique sur le reste du monde ; elle importe de plus en plus la matière première en asséchant du même coup l’approvisionnement des entreprises des pays de l’Union Européenne.

En d’autres termes, certaines entreprises dans l’industrie souffrent de retard d’approvisionnement en matières premières, voire même de ruptures répétées, alors que leur dépendance devient maximale, dans la mesure où le volume de leurs achats est infinitésimale (à défaut d’appartenir à des « groupements d’achat » de taille suffisante) par rapport à « l’aspirateur » de matières premières chinois.

Dès lors, quelle sera demain l’équilibre offre-demande mondial sachant que la Chine a le potentiel de faire le marché, quitte à provoquer volontairement ou non une pénurie ?

Sans compter que dans le même temps, les industriels apprennent que le groupe Total envisage de fermer des raffineries en France (Flandres) pour délocaliser son activité en Arabie Saoudite. Ainsi, l’avenir du raffinage en Europe est plus que jamais compromis.

Face à de tels bouleversements, les entreprises européennes travaillant pour l'industrie de grande série ont malgré tout pour objectif d'approvisionner des usines en continu, sans qu’elles soient désormais en capacité de sécuriser leurs achats auprès de fournisseurs de matières premières préoccupés principalement de répondre à l'appétit insatiable de la croissance chinoise.

Ainsi, les espaces industriels historiques cessent d’être pertinents. L’idée d’une « sanctuarisation » possible de l’industrie en France ou en Europe est mise à mal dès l’amont.

Nul doute que l’ordre des priorités a bien changé, car sur le plan mondial, les cartes ne finissent pas d’être redistribuées.

Thierry CHARLES
Docteur en droit
Directeur des Affaires Juridiques d’Allizé-Plasturgie
Membre du Comité des Relations Inter-industrielles de Sous-Traitance (CORIST) au sein de la Fédération de la Plasturgie
t.charles@allize-plasturgie.com

Lundi 8 Mars 2010




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