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La forward guidance : dernière arme de persuasion des banques centrales

Trois questions à Sandy Campart, directeur de l’IUP Banque Finance Assurance de Caen de l’IAE de Caen.


Sandy Campart
Sandy Campart
Pourquoi les banques centrales ont-elles créé « forward guidance » ou pilotage des anticipations ?

Depuis la crise de l’endettement des économies dites développées, les gouvernements n’ont plus accès au levier budgétaire pour tenter de relancer la croissance. La politique monétaire accommodante des banques centrales - taux d’intérêt bas, fourniture de liquidités au système bancaire, intervention directe sur les marchés - reste donc l’unique rempart contre une dégradation encore plus marquée de la situation économique des pays endettés. Malheureusement, le moteur du crédit est en panne malgré des taux d’intérêt toujours plus attrayants. Pire, la confiance des investisseurs en l’avenir est si friable qu’une légère amélioration des indicateurs de conjoncture fait craindre un retour à la normale des interventions des banques centrales et provoque des accès de fièvre sur les marchés. Dans ce contexte, les banques centrales se veulent extrêmement rassurantes et s’engagent à maintenir des taux directeurs durablement faibles tant que l’économie ne se sera pas significativement redressée. Ainsi, B. Bernanke, le gouverneur de la banque centrale américaine, a annoncé le 18 septembre dernier que « les taux ne seront relevés qu’une fois que le taux de chômage aura atteint un niveau considérablement inférieur à 6,5% ». Mario Draghi, le gouverneur de la banque centrale européenne, a assuré de son côté que les taux resteront à leur niveau actuel ou plus bas pour une période prolongée.

Quels sont les effets pervers de la « forward guidance » ?

L’engagement pris par les banques centrales à moyen terme soulève des questions. Doit-on comprendre que les banques centrales anticipent une conjoncture qui s’enlise ou qu’elles s’écartent momentanément de l’objectif de stabilité des prix ? Dans le premier cas, c’est un mauvais signal donné aux agents économiques qui pourraient adopter une position attentiste et provoquer ainsi la réalisation du scénario pessimiste. Dans le second cas, c’est la crédibilité des banques centrales qui est en jeu dans leur capacité à protéger les revenus et les patrimoines de l’érosion de la monnaie. Nul doute que si cette idée s’installait, elle pourrait être très coûteuse socialement.

Quelles solutions pour Mario Draghi, président de la BCE pour changer la donne ?

Mario Draghi n’a certainement pas d’autres choix actuellement que de donner des assurances quant à la poursuite de la politique de taux bas car le rebond économique de la zone n’est encore qu’hypothétique. Mais plutôt que d’appeler de façon incantatoire à la consolidation budgétaire des pays les plus fragiles –qui est antagoniste avec une reprise soutenue de la croissance dans un contexte d’appréciation de l’euro - il devrait exiger une accentuation des efforts de solidarité. Une première étape consisterait à faire aboutir rapidement les travaux de la Commission européenne sur une mutualisation partielle de la dette au sein de la zone euro. La mise en place d'obligations communes (euro-obligations) fournirait, d’une part, des marges de manœuvre budgétaires aux pays de l’Europe du sud et éloignerait, d’autre part, le spectre d’une nouvelle crise des dettes souveraines.


Sandy Campart, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de Finyear.

© Copyright Finyear. Propos recueillis par la rédaction de Finyear.


Mercredi 9 Octobre 2013




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