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Hollande : presque un sans-faute, pour l'instant…

Il faut le reconnaître, depuis un peu plus d'un an, François Hollande a quasiment réalisé un sans-faute. D'abord « sparring partner » de Dominique Strauss Khan, il s'est rapidement retrouvé favori des primaires socialistes après la descente aux enfers de l'ancien patron du FMI (devenue pour la circonstance « Femme de Ménage Incluse »). Une fois Martine Aubry facilement éliminée, il disposait d'un boulevard pour battre un Nicolas Sarkozy en phase de désamour avec les Français. Pour autant, conformément à sa réputation de « battant imbattable », celui-ci a réussi à remonter la pente. Toutefois, au moment où il semblait capable de renverser la vapeur et de mettre en danger François Hollande, ce dernier a su faire preuve d'un sang-froid hors norme et déjouer les pièges de son adversaire.


Marc Touati
Marc Touati
En effet, alors que Nicolas Sarkozy ne cessait de souligner qu'il allait « écraser » son rival lors du débat de l'entre deux tours, c'est quasiment l'inverse qui s'est finalement produit. Ainsi, les tentatives de déstabilisation du candidat PS n'ont pas fonctionné et celui-ci a su prouver aux Français qu'il était apte sinon à diriger le pays, du moins à garder son calme, se donnant par la même l'étoffe d'un chef d'Etat.

A la base risquée, la stratégie de « l'homme normal » s'est donc avérée payante. Devant ce succès, le nouveau Président a alors appliqué la même démarche pour nommer son premier ministre, en l'occurrence Jean-Marc Ayrault, également appelé en utilisant un mauvais jeu de mots, « l'anti-héros ». Le changement tant promis a donc bien eu lieu, même s'il faut admettre que Monsieur Fillon pouvait également apparaître comme un homme tout à fait normal.

Pour aller encore plus loin dans le changement et marquer les esprits, le nouveau couple Hollande-Ayrault a choisi d'appliquer la stricte parité hommes-femmes au sein du nouveau gouvernement et a même décidé de baisser de 30 % la rémunération de l'ensemble de l'exécutif. Alors que l'on craignait que les premières mesures de la nouvelle équipe dirigeante aillent dans le sens d'une augmentation des dépenses publiques, c'est finalement le contraire qui s'est produit.

On ne peut évidemment qu'applaudir cette décision et saluer le quasi sans-faute de François Hollande, d'abord en tant que candidat et maintenant à la tête de la République française. Et ce, d'autant que sa rencontre avec Angela Merkel, parfois prévue comme un échec cuisant, a finalement permis de montrer au monde que le couple franco-allemand était encore bien vivant. Quant aux premiers échanges avec Barak Obama, dans la mesure où ce dernier est plutôt proche de la social-démocratie et a même dernièrement repris les propositions de François Hollande sur le mariage homosexuel, il y a fort à parier que tout devrait aller pour le mieux. Bref, « tout roule » pour le Président français…

Mais attention, après les satisfecits et les sourires de façade, des lendemains difficiles pourraient bien s'imposer.

D'ores et déjà, il faut souligner que cette apparente réussite est loin d'être parfaite. En effet, si nous avons évité Martine Aubry à Matignon et Michel Sapin à Bercy (ouf !), la composition du gouvernement réserve également quelques mauvaises surprises sur le front économique. Certes, même s'ils doivent encore faire leurs preuves en la matière, Moscovici à l'Economie et Cahuzac au Budget apparaissent comme des ministres raisonnables. Une question demeure néanmoins : comment vont-ils pouvoir concilier réduction des déficits et augmentation des dépenses, alors que la croissance ne cesse de baisser ? Une équation particulièrement difficile à résoudre. Et si la tentation de l'augmentation des impôts est forte et est souvent présentée comme la solution, il faut dès à présent se préparer au pire. Et pour cause : la pression fiscale française (rapportée au PIB) étant déjà l'une des plus élevées du monde, l'accroître davantage reviendra mécaniquement à casser le peu de croissance qui nous reste, d'où une augmentation du chômage, des déficits et de la dette…

Pour ne rien arranger et avant même qu'une décision de ce type soit prise, la nomination d'Arnaud Montebourg au ministère du « redressement productif » apparaît particulièrement dangereuse. Et pour cause : un alter-mondialiste à la tête de l'équivalent du ministère de l'industrie a de quoi surprendre et inquiéter sur les intentions du nouveau gouvernement. La France compte-t-elle sortir de la crise en augmenter ses barrières douanières ? Si la tentation de cette stratégie est également très forte, il faut bien savoir ce qu'elle entraînera automatiquement. Pour commencer, elle suscitera des mesures de rétorsions à l'égard des produits français. Or, si d'ores et déjà, les exportations nationales ont du mal à croître, la situation ne fera qu'empirer avec de nouvelles entraves au libre-échange.

A priori secondaire, cette question pourrait bien donner le « la » des prochaines semaines. En effet, si la France veut retrouver son rang en Europe et dans le monde, elle doit avant tout restaurer sa crédibilité. Crédibilité à faire de la croissance, à créer des emplois et à réduire ses déficits publics. Compte tenu de nos carences dans ces domaines, le moindre faux-pas sera rapidement et fortement sanctionné. Autrement dit, si les prochaines mesures économiques vont dans le sens d'une augmentation des dépenses publiques et des barrières douanières, il est à craindre que le couple franco-allemand se détériorera significativement. Derrière les sourires d'Angela Merkel à François Hollande, il faut d'ailleurs souligner que cette dernière est restée ferme sur ses positions et ne fera, sur ce point, aucun cadeau à Monsieur Hollande.

Dans ce cadre, la note de la dette publique française sera vite dégradée d'au moins deux crans. Cela ne manquera pas d'engager un mouvement de défiance des investisseurs et de hausse marquée des taux d'intérêt, d'où un retour en force de la récession, une aggravation du chômage, des déficits et de la dette.

En conclusion, si la foudre n'a fait que toucher l'avion de François Hollande sans gravité, elle pourrait bien s'acharner sur l'économie française dans les prochains mois et entacher sérieusement le sans-faute de notre nouveau Président. A suivre…

Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


Mardi 29 Mai 2012




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