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Une andouille AAAAA

Reuters annonce que la France a perdu son AAA pendant quelques minutes suite à une erreur technique de Standard & Poors qui a diffusé un message en ce sens à certains de ses abonnés, avant de rectifier. Ce genre de nouvelles me stupéfie et je me pose une quantité de questions que je livre à la sagacité des lecteurs. Parce que là, je ne comprends plus rien !


Une andouille AAAAA
1) Était-ce une répétition, un galop d'essai pour voir ce que les marchés diraient, un peu pour le fun ? Une version web 2.0 du « t'es pas cap' » des cours de récré de nos enfances ?

2) Les agences de notation, qui ont certes failli lors de la crise des subprimes, soit par manque d'indépendance, soit par manque de clairvoyance (l'alternative n'étant pas forcément exclusive), ont elles en terme d'image les moyens de se payer ce genre de bavure ?

3) N'existe-t-il pas une déontologie qui veut qu'un changement de note soit préalablement discuté entre l'agence et le noté, afin que d'éventuels faits et arguments qui auraient échappés à l'analyste soient, in fine, pris en compte ? Ou ces échanges sont-ils maintenant véhiculés par SMS, avec acceptation tacite en cas de non-réponse sous 15 minutes ?

4) Pourrait-il s'agir d'une tentative de manipulation de marché afin que des spéculateurs avertis puissent toucher un jackpot sur le marché des CDS en profitant d'une volatilité peut-être exacerbée entre l'annonce et le démenti ?

5) Est-il possible que cette diffusion soit due à l'intrusion d'un tiers malveillant qui usurperait l'identité de l'agence de notation ? Dans ce cas, que penser de cette faille de sécurité ?

6) Si l'origine de cette information est bien interne, comment est-il possible qu'une telle institution se révèle incapable de mettre en œuvre des processus de contrôle préalable impliquant plusieurs personnes nécessaires, mais dont aucune n'est individuellement suffisante à elle seule pour valider la publication d'une information d'une telle sensibilité ?

7) Ou peut-être des agences de notations sont-elles parvenues à créer un modèle expert de notation instantanée (1), alimenté par des données de marchés et quelques courbes macro-économique ? Ce serait à n'en pas douter un abaissement significatif du coût de la notation, l'amortissement et la maintenance du logiciel se substituant avantageusement aux salaires des analystes.

8) Quelle peut-être une sanction contre l'agence qui ne se retournerait pas in fine contre les investisseurs ? Une amende ou d'éventuels dédommagement, financés ou non par une couverture d'assurance responsabilité civile, renchérirait à terme le coût de la notation.
9) Les agences de notations sont-elles capables de maîtriser les outils technologiques qu'elles utilisent ?

Je ne me fais pas d'illusion, les marchés ne sont sans doute pas dupes d'une apparente persistance d'un triple A de la France qui ne résiste guère à l'analyse objective. Mais tel n'est pas le propos. Il existe certainement quelque part une andouillette (voir plusieurs) qui mérite de perdre son diminutif, mais qui gagne un quintuple A dans l'histoire. Son nom m'importe peu, mais l'évènement pose des questions dont la liste n'est pas close. A suivre, donc, et si vous avez des réponses, merci de partager, parce que là, je sèche !

(1) à l'instar des algorithmes de trading intraday qui font que des ordinateurs génèrent une part très significative des volumes traités en bourse.

Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx

boss@remsyx.com
www.remsyx.com

Lundi 14 Novembre 2011




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