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Un nouveau « shutdown » serait catastrophique.

Seulement deux ans après avoir fait paniquer les Etats-Unis, les marchés financiers et une grande partie de la planète, le « shutdown » (c'est-à-dire l'arrêt de l'administration fédérale américaine pour cause de dépassement du plafond autorisé pour la dette publique) est déjà de retour. S'il a pour l'instant été évité de justesse le 30 septembre dernier, le danger est toujours bien présent. Et pour cause : le Congrès a accepté in extremis le financement de l'État fédéral jusqu'au… 11 décembre 2015.


Marc Touati
Marc Touati
Sept ans après la faillite de Lehman Brothers qui a plongé le monde dans sa plus grave crise financière, économique et sociale depuis le krach de 1929, les Etats-Unis sont donc encore à deux doigts de susciter un nouveau tsunami, qui, cette fois-ci, pourrait bien s'avérer fatal à l'économie internationale.

Car, en 2008-2009, en dépit des prévisions funestes de la quasi-totalité des économistes de la planète, le pire a bien été évité. En effet, grâce à une forte détente monétaire, à une relance budgétaire internationale de 5 000 milliards de dollars et à une « planche à billets » planétaire démesurée, la croissance mondiale a pu redémarrer dès la fin 2009, dépassant même les 5 % en 2010, pour, ensuite, se stabiliser autour des 3,5 % de 2011 à 2014.

Bien loin de la puissance de ces mesures considérables qui ont permis d'éviter le retour du spectre de 1929, la situation actuelle est bien différente. Et pour cause : les pays développés ont épuisé toutes leurs marges de manœuvre en matière de relance de l'activité. Les taux d'intérêt des banques centrales sont proches de 0 %, les niveaux de dettes publiques sont faramineux et le poids des dépenses publiques et des impôts sont devenus prohibitifs, en particulier dans la zone euro (Allemagne exceptée). De plus, si, en 2008-2009, la croissance mondiale a pu s'appuyer sur le dynamisme des pays émergents, ces derniers commencent également à souffrir et ne pourraient résister à une nouvelle vague de fond.

Autrement dit, si les Républicains et Barack Obama ne trouvent pas rapidement une solution pour relever le plafond de la dette et éviter un nouveau « shutdown », le monde connaîtra une crise type Lehman Brothers mais puissance dix, en trois mots : un véritable Armageddon.

Imaginons avec effroi ce scénario catastrophe. Les Etats-Unis entrent en situation de défaut de paiement. Cela se traduit instantanément par une très forte dégradation de la dette publique américaine et surtout par une remontée massive des taux d'intérêt des obligations d'Etat outre-Atlantique. Tous les créanciers de l'Oncle Sam voient alors la valeur de leurs obligations américaines fondre comme neige au soleil. Et ce notamment au sein des banques de la planète qui sont alors contraintes, dans le meilleur des cas, de fermer les robinets du crédit et, au pire, de déposer le bilan. Or, si les banques font faillite, leurs clients les suivent rapidement dans la tempête.

En quelques jours, la crise financière devient alors une crise économique et sociale dramatique, avec notamment le retour de la récession, l'effondrement de l'investissement, de l'emploi, de la consommation et de l'emploi. Une flambée du chômage s'opère alors, avec dérapages sociaux en tous genres.

Certains pourraient imaginer que l'Europe et/ou les pays émergents tireraient profit de la faiblesse américaine. Il n'en est rien. Et ce, pour au moins trois raisons. Primo, les interconnexions bancaires font qu'à l'instar de la faillite de Lehman en septembre 2008, un effet de contagion instantané s'opérera. Secundo, les Etats-Unis restent la locomotive principale économique de la planète et son arrêt entraînera mécaniquement celui de l'économie mondiale, d'autant que l'autre locomotive, en l'occurrence, la Chine, est aussi en perte de vitesse. Tertio, si l'Oncle Sam pourra encore bénéficier pendant quelques trimestres du poids du dollar sur la scène internationale et actionner encore la planche billets, la zone euro s'effondrera littéralement, dans la mesure où elle ne dispose d'aucune marge de manœuvre pour relever la tête.

Une situation de faillite généralisée s'installera dans l'ensemble du monde développé, qui, rappelons-le, est surendetté. Des comportements non-coopératifs se développeront, avec non-remboursement complet des dettes et risques de rétorsions économiques et pourquoi pas militaires.

En fait, les seuls pays qui pourraient tirer profit de cette situation cataclysmique sont les pays qui disposent de liquidités importantes. Ils pourraient effectivement endosser le rôle de « chevalier blanc » vis-à-vis de pays en crise sociale et surendettés qui n'auraient alors d'autres choix que de vendre leurs actifs aux plus offrants pour tenter de sortir de l'ornière.

Pour éviter que le monde occidental soit racheté par les fonds souverains du monde émergent, les pays développés et notamment les Etats-Unis et l'Europe n'auraient d'autres choix que de brandir la menace militaire, voire de la mettre à exécution. A l'instar du krach de 1929 qui a connu son aboutissement dans la seconde guerre mondiale, un nouveau conflit international mettrait fin à cette crise historique, avec une question : dans quel état se trouvera alors la planète ?

STOP ! Ce scénario cataclysmique commence vraiment à faire peur et a donc assez duré. Il montre simplement que les élus américains sont condamnés à trouver un accord au plus vite. Comme dans tout bon film catastrophe hollywoodien, c'est au moment où l'on croit que tout est perdu que Bruce Willis arrive et réussi à sauver le monde…

Une chose est sûre, après avoir vécu le krach de 1987, la récession de 1991-93, la crise asiatique de 1997, le krach Internet de 2000, les attentats du 11 septembre 2001, les affaires Enron et WorldCom, le baril à 150 dollars, la crise de 2007-2009, la crise grecque et celle de 2015, nous pourrons dire à nos petits enfants : « j'y étais ! ».


Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 19 Octobre 2015




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