Michel Santi
C’est donc l’ensemble de la « plomberie » d’un système financier d’une sophistication extrême qui sera sévèrement altérée par un choc d’une ampleur considérable. De fait, le défaut de paiement de la Trésorerie des Etats-Unis nous fera même regretter les conditions de marché ayant prévalu juste avec la faillite de Lehman Brothers ! Si le cataclysme de septembre 2008 a gelé le marché des capitaux, s’il a induit un sentiment de panique et de méfiance généralisées où les banques ne se prêtaient même plus entre elles, si le « trade finance » – le financement des affaires commerciales – a marqué une pause, si les bourses se sont effondrées d’environ 30%… un défaut américain aujourd’hui ou demain aurait des répercussions d’une tout autre ampleur. En effet, les 517 milliards de dollars d’engagements de Lehman au 15 septembre 2008, c’est-à-dire au jour de sa faillite, font pâle figure comparés aux encours de la dette fédérale US qui sont de 12 trillions de dollars !
Une telle catastrophe ne sera pas 23 fois plus dramatique que celle de Lehman, car son importance ne sera pas arithmétique. En réalité, elle sera exponentielle et devra plutôt être mesurée à la puissance 23 car, si les dégâts liés à Lehman purent être circonscrits à une société qui a fait faillite, à un secteur d’activité (la finance) qui en a souffert, à un type d’investissements (la bourse) qui a décroché… C’est la globalité de nos économies, des échanges commerciaux et de notre système capitaliste qui seront ébranlés car les seules banques américaines détiennent 1.8 trillions de dollars de Bons du Trésor US à leur bilan et, ce, sans même évoquer les avoirs des établissements financiers étrangers, et bien-sûr européens. Les chiffres publiés par la Réserve fédérale américaine ne montrent-ils pas (2) que les banques étrangères (donc non américaines) détiennent 2.9 trillions de dollars en Bons du Trésor US, qu’il faut majorer de 315 milliards de dollars de papier-valeurs émis par Fannie Mae et par Freddie Mac ?
C’est donc l’ensemble de notre architecture qui, du jour au lendemain, connaîtra une crise existentielle au seul motif que les banques devront constater des pertes sur leurs portefeuilles massifs en Bons du Trésor US. En effet, comme le système financier n’est pas modelé pour encaisser des pertes sur l’actif réputé le plus sécuritaire – à savoir les Bons du Trésor US-, la totalité des banques de ce monde devra unilatéralement geler l’ensemble de ses activités, étroitement corrélées et adossées à cet actif. Le tsunami sera donc d’autant plus dévastateur que, contrairement au psychodrame Lehman, la Réserve fédérale et les diverses agences qui garantissent les dépôts (comme la Federal Deposit Insurance Corporation) ne seront plus présentes pour soutenir le secteur privé ! Elles seront effectivement en mode « shutdown », ou carrément en état de banqueroute. Plus personne pour juguler la panique, ni pour stopper l’hémorragie.
Dès le 17 octobre, c’est donc l’ensemble du système des paiements américains qui sera progressivement paralysé. Le Bon italien à 10 ans atteindra 11% ans. La Banque centrale européenne déclenchera le mécanisme OMT. Les marchés des capitaux européens seront à leur tour instantanément infectés. Certaines banques majeures devront êtres nationalisées. Certains gouvernements à travers la planète seront renversés. Oh, et les Etats-Unis d’Amérique auront bien-sûr fait faillite !
Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com
Une telle catastrophe ne sera pas 23 fois plus dramatique que celle de Lehman, car son importance ne sera pas arithmétique. En réalité, elle sera exponentielle et devra plutôt être mesurée à la puissance 23 car, si les dégâts liés à Lehman purent être circonscrits à une société qui a fait faillite, à un secteur d’activité (la finance) qui en a souffert, à un type d’investissements (la bourse) qui a décroché… C’est la globalité de nos économies, des échanges commerciaux et de notre système capitaliste qui seront ébranlés car les seules banques américaines détiennent 1.8 trillions de dollars de Bons du Trésor US à leur bilan et, ce, sans même évoquer les avoirs des établissements financiers étrangers, et bien-sûr européens. Les chiffres publiés par la Réserve fédérale américaine ne montrent-ils pas (2) que les banques étrangères (donc non américaines) détiennent 2.9 trillions de dollars en Bons du Trésor US, qu’il faut majorer de 315 milliards de dollars de papier-valeurs émis par Fannie Mae et par Freddie Mac ?
C’est donc l’ensemble de notre architecture qui, du jour au lendemain, connaîtra une crise existentielle au seul motif que les banques devront constater des pertes sur leurs portefeuilles massifs en Bons du Trésor US. En effet, comme le système financier n’est pas modelé pour encaisser des pertes sur l’actif réputé le plus sécuritaire – à savoir les Bons du Trésor US-, la totalité des banques de ce monde devra unilatéralement geler l’ensemble de ses activités, étroitement corrélées et adossées à cet actif. Le tsunami sera donc d’autant plus dévastateur que, contrairement au psychodrame Lehman, la Réserve fédérale et les diverses agences qui garantissent les dépôts (comme la Federal Deposit Insurance Corporation) ne seront plus présentes pour soutenir le secteur privé ! Elles seront effectivement en mode « shutdown », ou carrément en état de banqueroute. Plus personne pour juguler la panique, ni pour stopper l’hémorragie.
Dès le 17 octobre, c’est donc l’ensemble du système des paiements américains qui sera progressivement paralysé. Le Bon italien à 10 ans atteindra 11% ans. La Banque centrale européenne déclenchera le mécanisme OMT. Les marchés des capitaux européens seront à leur tour instantanément infectés. Certaines banques majeures devront êtres nationalisées. Certains gouvernements à travers la planète seront renversés. Oh, et les Etats-Unis d’Amérique auront bien-sûr fait faillite !
Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
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