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Thriller pictural à Venise

Exposition "Rivalités à Venise": Titien, Véronèse, Tintoret. Paris, Louvre. Du 17 septembre 2009 au 4 janvier 2010.
Par Alexandre Pham


Thriller pictural à Venise
Le musée du Louvre offre à partir de jeudi 17 septembre 2009 l'une de ses plus passionnantes expositions. Sous son titre digne d'un roman policier "Rivalités à Venise", l'accrochage met en lumière le génie pictural des Grands Vénitiens du 16è siècle, époque bénite où la Renaissance tardive vit un âge d'or, entre classicisme, luminisme et manièrisme.
L'exposition met dès son introduction l'accent sur la perfection des peintres en présence: artisans pour une partition éclatante qui en mêlant couleurs tactiles, effets de la brosse, textures profondes et transparentes, magnifient la représentation des individus. Leurs symphonies souvent remarquablement scénographiées contredisent le commentaire de Pascal sur la peinture et ses couleurs séductrices: le chromatisme foisonnant et la touche libérée de Titien, et ses cadets Véronèse et Tintoret exaltent les sujets à méditer... Ils portent un nouvel art soucieux de vérité, de sincérité, et leur message est en réalité, moins décoratif qu'humaniste.

A Venise, les jeunes peintres dont Tintoret et Véronèse réinventent vers 1650, la peinture autour du pilier Titien qui leur aîné, continue d'illuminer l'art local: portraits, compositions décoratives, allégories subtiles qui s'approprient le corps féminin (Vénus au miroir, Susanne ou Betsabéee au bain), les maîtres ainsi dévoilés s'affrontent ou se soutiennent (comme Véronèse qui a la faveur de Titien) en un thriller pictural étonnant. D'une pièce à l'autre, les touches s'exposent, les manières se précisent sans confusion: brutalité contrastée du Tintoret, luminisme hédoniste et élégant de Véronèse, classicisme impérial de Titien. Mais l'exposition souligne combien ici l'art de peindre et une maîtrise exemplaire de la couleur et de la lumière et qu'avant les impressionnistes, les vénitiens expérimentent comme nul autre, l'alchimie poétique du reflet, des effets de textures, la vibration illusionniste de la touche.
Surprenante même, l'exposition révèle l'invention du ténébrisme chez les créateurs du luminisme et de la peinture chromatique: Bassano, Palma s'exposent aussi aux côtés des grands. C'est une salle inoubliable qui s'intercale dans le parcours et dévoilent la fascination de l'ombre dévorante, des effets de clair obscur.


Thriller pictural à Venise
Venise, berceau de l'art occidental

Plus subtile encore, les écritures varient du début à la fin de la carrière: Tintoret simplifie, réduit progressivement la représentation; Véronèse s'assombrit et se durcit, il fait tomber peu à peu le masque des mondanités pour toucher à l'essence des êtres et des objets... et même Titien, le plus grand, ne s'économise aucun effet brut, plus franc, essentiel; du coloriste lyrique du début au préimpressionniste de la fin, usant de ses doigts comme un pinceau, synthétisant, créant vers la fin de sa vie, une peinture quasi géométrique et déjà moderne, le peintre vénitien offre une leçon de peinture qui récapitule toute les périodes de l'histoire de l'art.

Mais tous ont en commun, la sincérité du geste: ils sont réalistes et poètes, peignent non pas des types mais des individus dont la carnation et le pigment de la peau respire, où le rouge de la chair est le sang de la vie. Prenez les Pèlerins d'Emmaüs de Véronèse; tableau archi connu, et très commenté. Sous l'artifice du métier, l'un de splus raffiné qui soit, la vérité des sujets peints défient l'entendement. En disciple de Titien, Véronèse a compris la profondeur des visages, la noblesse intérieur des types humains transmis par son aîné. Ici, le Christ se dévoile au sein d'une famille: tous ses membres y sont représentés en une célébration intime et familiale. Chacun participe à son échelle à l'humanisme de la scène sacrée; c'est une scène de genre: voyez comment les deux petites filles en jouant avec le chien au premier plan (Véronèse est aussi un remarquable peintre animalier) ajoutent à la vérité directe et simple du tableau.

Thriller pictural à Venise
Puis contemplez les 2 versions de Danaé de Titien qui ouvrent et ferment l'exposition: à 10 ans d'intervalle, Titien reprend sa composition pour Philippe II et ajoute ce type de vieille au teint terreux, à la place du Cupidon triomphant) contrastant avec la beauté de la jeune femme dénudée, superbe nu féminin d'une modernité qui annonce Renoir. Le peintre crée une tension implicite entre la jeunesse triomphante, aurore de la vie, et la vieille grimaçante et masculine, occupée à récupérer l'or céleste: opposition des âges, et résumé de la vie terrestre dont Caravage au 17è reprend l'idée et le principe.

Thriller pictural à Venise
De sorte que tout l'art baroque est né à Venise au 16è: mouvement fastueux des fresques collectives sous le pinceau de Véronèse (ses dispositions plafonantes et vertigineuses) et de Tintoret (ses raccourcis audacieux), vanité des sujets, réalisme poétiques des visages... on vous le dit: toute la peinture de l'avenir est née à Venise au 16è siècle.

Suite :
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Jeudi 17 Septembre 2009




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