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Se rencontrer au bout de chemins de traverses

Alma Mater (1) – pour moi, l'ebs Paris (2) – et l'association de ses diplômés organisaient une conférence à 2 voix intitulée « Concilier convictions personnelles et responsabilités professionnelles : utopie ou réalité ? » où se sont rencontrés Nicolas Hulot (Président de la Fondation pour la Nature et l'Homme) et Emmanuel Faber (VP / DGD de Danone). Une petite restitution m'a semblé nécessaire et profitable, quoique sûrement insuffisante.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Emmanuel Faber a ouvert le bal en partant de l'individu et en mettant en exergue l'importance de hiérarchiser ses priorités : « en quoi croyez-vous ? » et « qu'est-ce qui vous fait envie ? » doivent être les premiers questionnements qui se posent à nous, de façon à établir une base de solides convictions. Les réponses sont à chaque fois personnelles, bien sûr, mais elles précèdent toutes démarches de changement qu'Emmanuel Faber voit comme des cheminements plus que comme une révélation. Alors, avant de changer le monde il convient de se changer soi-même, et d'avoir l'humilité de se satisfaire du simple constat « je suis sur le chemin ». Enfin, Emmanuel Faber rappelle que la peur n'est jamais bonne conseillère, n'est pas un moteur, et que la liberté d'un individu a un prix : celui de ses convictions. C'est ainsi que nous pourrions survivre à cette schizophrénie entre impératifs (3) économiques et aspirations sociales.

Une anecdote livrée lors de ce soliloque : Danone a proposé à ses actionnaires une diminution significative du dividende « standard » (20% si ma mémoire ne me fait pas défaut) et sa ré-allocation vers des projets de subventions éthiques de l'écosystème. Cette renonciation à dividendes a été votée à 98%. Sont-ce là les veuves de Carpentras dont il nous a été dit et matraqué qu'elles exigent un 15% de return on equity ? Alors pourquoi ne pas prendre officiellement le deuil de cette pseudo-norme que plus personne n'ose défendre ouvertement, mais dont l'avis de décès ne figure toujours pas dans les rubriques nécrologiques ?

Nicolas Hulot aborde le sujet en soulignant l'intolérable provocation incluse dans le titre de la conférence si, à l'entrée du bureau ou de l'usine il nous faut déposer nos convictions et ne les reprendre qu'à la sortie. Quelle aliénation ! Puis il insiste sur la nécessité de se débarrasser de ses préjugés, rappelant le mot d'Albert Einstein : « il est plus dur de briser un préjugé qu'un atome ». Il assène quelques vérités : malgré la diversité biologique de notre planète, la vie n'est pas la norme, c'est son absence qui serait « normale », et l'abondance n'est pas la norme, c'est la rareté qui est normale. Notre nombrilisme d'occidentaux trop gâtés est aussi fustigé : nous sommes invités à changer de perspective, de point de vue sur le monde. Enfin Nicolas Hulot a insisté sur le besoin donner un sens à nos parcours, de conserver notre capacité d'indignation (3) et de ne jamais se résigner.

Dans le débat qui a suivi, j'ai relevé quelques idées / phrases que je vous livre ici :

Le dirigeant d'entreprise a un devoir d'utopie. A rapprocher de ce que disait Olivier Younes : des racines et des ailes (4)

Le langage politique actuel n'est qu'incantation vers une panacée-croissance qui, comme Godot, ne vient pas. Nicolas Hulot a fait la promotion de l'économiste Tim Jakson qui nous invite à « prospérer sans croitre ». Et de dénoncer le déni dans lequel se complait l'économie politique d'aujourd'hui …

Une des bonnes questions à se poser est : Comment faire rentrer le futur dans la démocratie ? Un aparté du cynique de service sur ce sujet : il faut sans doute être modeste dans ses ambitions, si nous étions enfin capables de faire fonctionner correctement une démocratie qui s'occuperait du présent, ce serait déjà bien, et alors seulement ce serait un socle pour inclure le futur. Mettre la charrue avant les bœufs, est-ce bien raisonnable ? Certes, « point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » (Willem van Oranje).

Mais il en est de plus cynique que moi : Notre avenir, celui de nos enfants, c'est « Travailler plus, plus longtemps, et pour gagner moins ». Mais est-ce si terrible ? Le retour sur expérience de Fukushima a montré que les sociétés peuvent revenir en arrière et Tokyo a pu réduire de 25% sa consommation électrique durant l'été 2011, en poussant moins le curseur de la climatisation.

Pour conclure, voici la feuille de route :
(a) avec son libre-arbitre, se forger des convictions ; et, (b) se frotter à la diversité ; et, (c) résister contre le fatalisme et la résignation.
Et la méditation de conclusion :
Optimisme et pessimisme sont les deux facettes d'une même médaille : la capitulation (6)

Une apostille : après plus de 25 ans, il n'y a toujours pas de fenêtre à l'ebs, et la climatisation n'y fonctionne toujours pas correctement. Mais merci pour cette conférence, et bonne chance ! Faire mieux l'an prochain sera un challenge.

(1) l'institution qui se charge des études supérieures
(2) european business school – www.ebs-paris.fr
(3) mais sont-ce de vrais impératifs ?
(4) même si c'est à la mode.
(5) cf mon billet « Crisis as usual » du 14 décembre 2011 http://www.cfo-news.com/Crisis-as-usual_a20684.html
(6) je n'ai malheureusement pas pu trouver de source pour cette belle maxime, merci si quelqu'un peut l'indiquer.


Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx
Mail : boss(at)remsyx(dot)com
 
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Bonne lecture !

Vendredi 17 Février 2012




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