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Risque, réalité et volatilité

Lettre du vendredi 6 mai 2022 rédigée par Eric Galiègue - VALQUANT.


Eric Galiègue
Eric Galiègue
Notre exercice permanent de suivi et d’interprétation des actualités a pour objectif de mesurer le risque de marché des actions. Et c’est l’attitude de investisseurs face à ce risque, face à l’incertitude du futur, qui fait la tendance des cours de Bourse. Certains commentateurs ont ainsi pris pour habitude d’évoquer le « retour de l’aversion pour le risque » pour expliquer ex post les épisodes de forte volatilité des cours, comme celui que nous vivons actuellement Outre Atlantique. Nous évoquons parfois, en ce qui nous concerne, le fait que les investisseurs portent leur lunettes noires ou roses selon leur humeur, ce qui détermine leur comportement. Mais aujourd’hui, nous avons le sentiment que ce n'est pas le risque qui importe, mais la réalité, tout simplement. C’est bien cette réalité crue qui explique la volatilité des marchés, et leur tendance qui est devenue clairement négative. Ce n’est plus le risque qui compte, c’est la réalité. Et cette réalité est défavorable aux actions et aux obligations. Elle se décline en un triptyque plus particulièrement infernal pour l’Europe : le choc pétrolier, le choc chinois et le choc monétaire. En même temps. Ces trois chocs reflètent à la fois une évolution conjoncturelle-transitoire, mais aussi structurelle-permanente…

1/ La hausse des matières premières est confirmée.
Le choc pétrolier et gazier affecte plus particulièrement l’Europe continentale, qui, comme on le sait, n’a pas de pétrole (mais des idées, dit-on). Il est conjoncturel-transitoire car il reflète une décision politique : l’embargo sur le pétrole russe annoncé cette semaine. Cet embargo, s’il est effectivement et pleinement respecté, doit retirer du marché mondial environ 5 millions de barils/jour, et porter les prix à 150 $ le baril. Autant dire qu’il induit automatiquement une récession au second semestre 2022. Ce choc est transitoire en ce sens que le mal va générer son propre remède : la récession va peser fortement sur la demande de pétrole, qui va chuter …et emporter les prix dans un baisse profonde. Il est structurel-permanent car la hausse des prix de l’or noir a commencé bien avant le déclenchement de la crise ukrainienne. Cette hausse de prix structurelle reflète le manque d’investissement en exploration-production de pétrole au niveau mondial. Les motivations environnementales ont pour effet de limiter les investissements dans le secteur de l’extraction des matières premières en général. Et cela se traduit par une hausse des prix durable, comme nous l’avons dit et écrit à plusieurs reprises depuis plus d’un an.

2/ Le choc de la conjoncture chinoise, qui est désormais une évidente réalité avec la publication de l’indice Markit -Caixin des services en avril, est autant conjoncturel-transitoire que structurel- permanent.
La politique « zéro -Covid » du gouvernement chinois, induit forcément un ralentissement d’activité, voire une récession telle que la Chine n’en a pas connue depuis très longtemps. Ce phénomène est conjoncturel-transitoire, mais il dissimule la baisse tendancielle, structurelle-permanente, du taux de croissance de la Chine. De plus de 10% il y a une dizaine d’années, ce taux est en train de revenir vers 3-5%. A une certaine époque pas si éloignée que cela, on considérait qu’une croissance limitée à 6% constituait une récession selon les standards chinois...

3/ Le choc monétaire est bien sur conjoncturel-transitoire.
Il est lié au cycle monétaire, à la hausse des taux annoncée cette semaine, pour lutter contre l’inflation qui, selon les analyses de la Fed était transitoire jusque récemment, avant de devenir un peu plus permanente. La hausse de 11,6% des couts unitaires salariaux annoncée hier par le BLS, est un vrai coup de tonnerre. Cette statistique confirme que les « effets de second tour » sont bien là, que les salaires augmentent plus rapidement que l’inflation, et que les USA sont en train de faire le lit d’un vrai retour de la boucle salaire-prix. Un phénomène structurel-permanent inconnu depuis des décennies.

D’un point de vue conjoncturel, la récession Chinoise peut casser le cycle de hausse des prix des matières premières. Et la Fed peut changer très vite son fusil d’épaule si la contraction du PIB, qui a commencé au premier trimestre 2022, s’aggrave au second. Mais d’un point de vue structurel, il faut bien admettre que le retour de l’inflation induit un niveau de taux d’intérêt significativement plus élevé, et donc un krach obligataire historique, qui a évidemment des répercussions sur les marchés d’actions. Finalement, c’est bien la sphère réelle qui prend sa revanche sur la sphère financière : elle demande plus de monnaie pour financer la hausse des prix des matières premières et l’inflation en général. La monnaie est donc moins abondante pour financer la hausse des cours dans la sphère financière…


Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 717 points.

Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont accéléré leur progession. Ils ont touché 1,6% pour l’OAT France, et 3,1% aux USA ; l’€ se rapproche de 1,05$.

Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole est revenu autour de 112$ sur le Brent.

Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,

Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
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Lundi 9 Mai 2022




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