En effet, en temps normal, lorsque les statistiques économiques sont meilleures que prévu, les indices boursiers ont plutôt tendance à remonter. Et inversement, lorsque les premières sont décevantes, les seconds dépriment. Or, depuis quelques mois, c'est exactement le contraire qui se produit. Ce phénomène a priori anormal s'est encore observé cette semaine. Ainsi, lorsque les indicateurs relatifs à l'économie américaine étaient relativement mauvais, les bourses flambaient et lorsqu'ils étaient bons, elles dégringolaient.
Comme disait Albert Einstein : « Un problème sans solution est un problème mal posé ». Autrement dit, à chaque problème sa solution. Dans le cas précis, la corrélation inversée entre les marchés boursiers et les indices relatifs à l'économie américaine s'explique principalement par la crainte d'un resserrement de la politique monétaire de la Fed.
En d'autres termes, lorsque les statistiques sont bonnes, elles risquent d'inciter la Réserve fédérale à remonter ses taux directeurs et de casser par là même l'accès quasiment illimité des marchés à la « cocaïne » monétaire. Nous y voilà ! Car, il faut être sérieux, ce n'est pas en augmentant le taux objectif des federal funds de 0,50 % actuellement à 0,75 % et même 1,5 % dans les prochains mois que l'économie mondiale va s'écrouler.
Le problème est que les investisseurs et la planète économique dans son ensemble se sont accoutumés à l'excès de liquidités et à sa gratuité. Ils ont donc peur d'en être privés. D'où leur réaction épidermique dès qu'on leur rappelle que cette « trappe à liquidités » n'est pas normale et qu'il serait opportun d'y mettre fin.
Malheureusement, à cause de cette crainte, les autorités monétaires américaines n'ont pas eu le courage de resserrer leurs taux directeurs en 2014-2015 lorsque la croissance américaine était soutenue et que le chômage retrouvait son niveau de plein-emploi. A cause de ce manque de discernement, la Fed a donc alimenté l'accoutumance, rendant encore plus difficile le retour vers une situation monétaire normale.
Là où le dilemme de la Fed et des marchés se corse c'est que depuis quelques mois, l'économie américaine commence à ralentir. Une première baisse du PIB apparaît même inévitable d'ici la fin 2016. Dès lors, le resserrement monétaire de la Fed deviendra pro-cyclique, c'est-à-dire qu'il aggravera la décélération économique.
Parallèlement, si la Fed ne fait rien, elle ne reconstituera pas une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir abaisser ses taux et relancer la croissance, lorsque cette dernière souffrira.
Un phénomène similaire s'observe d'ailleurs sur les taux d'intérêt des obligations d'Etat. En effet, plus les dettes publiques augmentent, plus les taux obligataires baissent, en particulier dans la zone euro. En dépit d'une dette publique qui se rapproche inexorablement des 100 % (96,1 % du PIB en 2015), les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français sont même négatifs pour des échéances de 0 à 6 ans. Le taux à dix ans n'étant que de 0,46 %. Parallèlement, les taux à deux ans sont également négatifs pour l'Etat espagnol et son homologue italien. Mamma Mia !
Poussant le bouchon encore plus loin, le premier ministre de la Grèce a même annoncé que l'Etat grec reviendrait s'endetter sur les marchés dès 2017. Et pourquoi pas Noël en avril et Pâques en décembre ?
Là aussi, les Etats européens, ainsi que les marchés obligataires internationaux et les investisseurs qui y opèrent sont sous perfusion, ou encore sous morphine, grâce aux excès de liquidités de la BCE. Et tant que cela durera, il n'y a pas de souci à se faire…
Peut-être. Mais a-t-on pensé au jour où cette perfusion excessive cessera et où mécaniquement cet état second prendra fin ? En fait, dans la mesure où cette occurrence fait peur, personne ne veut y songer, ni même la conceptualiser. Pour être honnête, personne ne peut d'ailleurs savoir exactement ce qu'il adviendra pour la simple raison qu'une période de taux monétaire zéro aussi longue et une « planche à billets » mondiale aussi pléthorique sont historiques. La sortie de cet état léthargique le sera donc tout autant.
Quatre cas de figure peuvent être imaginés. 1. A l'image de l'Allemagne dans les années 1920, une période d'hyper-inflation mondiale s'installe. Vu le fort degré de concurrence internationale et les révolutions technologiques en cours qui agissent à la baisse sur les prix, ce scénario paraît peu probable à court terme.
2. Dans la mesure où l'excès de liquidités ne correspond à aucune richesse réelle, des mouvements de destruction de richesses pourraient s'observer sur l'ensemble des marchés boursiers et obligataires qui subiraient donc des krachs majeurs.
3. Des annulations pure et simple des dettes publiques et privés, ce qui reviendrait à faire payer la facture par les créanciers et susciterait une récession mondiale massive.
4. Une multiplication des faillites, avec des entreprises, voire des Etats, qui chercheraient des repreneurs à tous prix, ce qui susciterait évidemment des tensions géopolitiques explosives.
Quoiqu'il arrive, il faut donc rapidement vendre ses obligations d'Etat et profiter de la vie : Carpe Diem !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com;
Comme disait Albert Einstein : « Un problème sans solution est un problème mal posé ». Autrement dit, à chaque problème sa solution. Dans le cas précis, la corrélation inversée entre les marchés boursiers et les indices relatifs à l'économie américaine s'explique principalement par la crainte d'un resserrement de la politique monétaire de la Fed.
En d'autres termes, lorsque les statistiques sont bonnes, elles risquent d'inciter la Réserve fédérale à remonter ses taux directeurs et de casser par là même l'accès quasiment illimité des marchés à la « cocaïne » monétaire. Nous y voilà ! Car, il faut être sérieux, ce n'est pas en augmentant le taux objectif des federal funds de 0,50 % actuellement à 0,75 % et même 1,5 % dans les prochains mois que l'économie mondiale va s'écrouler.
Le problème est que les investisseurs et la planète économique dans son ensemble se sont accoutumés à l'excès de liquidités et à sa gratuité. Ils ont donc peur d'en être privés. D'où leur réaction épidermique dès qu'on leur rappelle que cette « trappe à liquidités » n'est pas normale et qu'il serait opportun d'y mettre fin.
Malheureusement, à cause de cette crainte, les autorités monétaires américaines n'ont pas eu le courage de resserrer leurs taux directeurs en 2014-2015 lorsque la croissance américaine était soutenue et que le chômage retrouvait son niveau de plein-emploi. A cause de ce manque de discernement, la Fed a donc alimenté l'accoutumance, rendant encore plus difficile le retour vers une situation monétaire normale.
Là où le dilemme de la Fed et des marchés se corse c'est que depuis quelques mois, l'économie américaine commence à ralentir. Une première baisse du PIB apparaît même inévitable d'ici la fin 2016. Dès lors, le resserrement monétaire de la Fed deviendra pro-cyclique, c'est-à-dire qu'il aggravera la décélération économique.
Parallèlement, si la Fed ne fait rien, elle ne reconstituera pas une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir abaisser ses taux et relancer la croissance, lorsque cette dernière souffrira.
Un phénomène similaire s'observe d'ailleurs sur les taux d'intérêt des obligations d'Etat. En effet, plus les dettes publiques augmentent, plus les taux obligataires baissent, en particulier dans la zone euro. En dépit d'une dette publique qui se rapproche inexorablement des 100 % (96,1 % du PIB en 2015), les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français sont même négatifs pour des échéances de 0 à 6 ans. Le taux à dix ans n'étant que de 0,46 %. Parallèlement, les taux à deux ans sont également négatifs pour l'Etat espagnol et son homologue italien. Mamma Mia !
Poussant le bouchon encore plus loin, le premier ministre de la Grèce a même annoncé que l'Etat grec reviendrait s'endetter sur les marchés dès 2017. Et pourquoi pas Noël en avril et Pâques en décembre ?
Là aussi, les Etats européens, ainsi que les marchés obligataires internationaux et les investisseurs qui y opèrent sont sous perfusion, ou encore sous morphine, grâce aux excès de liquidités de la BCE. Et tant que cela durera, il n'y a pas de souci à se faire…
Peut-être. Mais a-t-on pensé au jour où cette perfusion excessive cessera et où mécaniquement cet état second prendra fin ? En fait, dans la mesure où cette occurrence fait peur, personne ne veut y songer, ni même la conceptualiser. Pour être honnête, personne ne peut d'ailleurs savoir exactement ce qu'il adviendra pour la simple raison qu'une période de taux monétaire zéro aussi longue et une « planche à billets » mondiale aussi pléthorique sont historiques. La sortie de cet état léthargique le sera donc tout autant.
Quatre cas de figure peuvent être imaginés. 1. A l'image de l'Allemagne dans les années 1920, une période d'hyper-inflation mondiale s'installe. Vu le fort degré de concurrence internationale et les révolutions technologiques en cours qui agissent à la baisse sur les prix, ce scénario paraît peu probable à court terme.
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