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Pourquoi l’Allemagne rigoureuse et exemplaire devrait-elle consentir encore plus d’efforts financiers pour sauver l’union monétaire ? De fait, le citoyen allemand, tout comme son Gouvernement du reste, se refusent catégoriquement à partager une partie de leur fardeau avec les nations dans l’œil du cyclone.


Michel Santi
Michel Santi
La situation n’est pourtant pas si simple et, à cet égard, il est une vérité que les fourmis travailleuses allemandes peinent à admettre, à savoir que les déboires européens leur ont jusque là profité ! Les exportations de ce pays – qui représentent le moteur principal de sa prospérité – ont en effet été dopées par l’affaissement de l’Euro directement provoqué par la crise des états périphériques. L’Allemagne ne quittera jamais l’Union Européenne car une telle éventualité se traduirait immédiatement en un raffermissement de sa monnaie nationale retrouvée – le deutschemark – et en une dégradation inévitable du niveau de vie de ses citoyens à la faveur d’une chute conséquente de ses exportations.

L’Allemagne est redevable à l’Euro, cette Allemagne de seulement 80 millions d’habitants, qui paie bien ses salariés et qui se retrouve néanmoins second exportateur mondial ! C’est ainsi à l’avènement de la monnaie unique qu’elle doit d’avoir plus que doublé ses exportations de 469 milliards d’Euros en 1999 à plus de mille milliards d’Euros en 2010 et ce pendant que sa croissance tournait deux fois plus vite que la moyenne européenne sur la même période. Cette ascension impressionnante des exportations allemandes est certes indissociable de la qualité de ses produits manufacturés, il n’en reste pas moins que sa compétitivité a été indiscutablement avantagée par une monnaie relativement faible. Elle bénéficie ainsi à plusieurs titres des préoccupations existentielles des autres nations hyper fragilisées de l’Union. En exportant plus vers ces autres pays membres qui, souffrant d’une déchéance endémique de leur propre compétitivité, se retrouvent avec des importations allemandes moins chères que leurs propres produits nationaux. En exportant plus bien-sûr vers le reste du monde par la grâce d’un Euro affaibli parce que composé de nations comme la Grèce, le Portugal, l’Italie ou l’Espagne…

L’Allemagne n’a ainsi nul besoin de manipuler sa devise comme le fait la Chine pour rendre ses exportations attractives. Elle a juste à assister en spectatrice à l’incendie qui ravage les PIIGS.

Et de fait, les récentes statistiques allemandes qui démontrent des progressions de ces exportations – ayant atteint un record absolu en Septembre dernier – sont éloquentes. Elle se paie même le luxe d’afficher une amélioration du climat de confiance parmi ses entreprises en ce mois de Novembre, soit au climax de la tourmente européenne. A cet égard, une étude fort intéressante et révélatrice de l’UBS est parvenue à la conclusion qu’une sortie de l’Euro lui couterait 20 à 25% de son P.I.B., c’est-à-dire entre 6’000 et 8’000 Euros la première année à chacun de ses citoyens qui devraient ensuite payer 3’500 à 4’000 Euros les années suivantes ! La même étude indiquant que le citoyen allemand ne devrait payer que 1’000 Euros au total si l’Union Européenne devait ingérer la moitié des dettes de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal… La raison unique du prix nettement plus élevé à s’acquitter en cas de sortie ou de cassure de l’Union étant à chercher du côté de sa monnaie qui subirait simultanément et durablement une appréciation qui pénaliserait ses exportations.

En d’autres termes, les Allemands ont tout intérêt à rester dans l’Euro comme ils ont tout à gagner que ce dernier reste aux niveaux actuels. En dernier ressort, ils feront donc ce qu’il y a à faire pour maintenir des nations « faibles » comme la Grèce au sein de cette même Union…

Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Mardi 6 Décembre 2011




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