Les arguments justifiant cette déprime boursière ne manquent pas. Le plus déterminant réside dans le ralentissement de la croissance mondiale vers 2,8 % cette année et 2,4 % l'an prochain (selon nos prévisions), lui-même lié à la décélération de la croissance chinoise vers 5,5 % dès la fin 2015 et en 2016, mais aussi à la récession qui s'installe dans certains pays dits émergents, à commencer par le Brésil et la Russie et peut-être bientôt la Corée du Sud.
Dans le même temps, les pays dits développés n'ont absolument pas les moyens de compenser ces manques-à-gagner pour la croissance mondiale. Pire, ils sont eux aussi affectés par le ralentissement, voire par la baisse du PIB, comme le Japon, qui a subi une régression de sa richesse de 0,3 % au deuxième trimestre, et le Canada, qui est même tombé en récession au premier semestre.
Pour ne rien arranger, l'économie américaine apparaît menacée par deux voies : d'une part, celle de la décélération, d'autre part, celle d'une éventuelle remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale. Cette dernière aurait bien entendu un effet pro-cyclique sur la croissance, mais confirmerait également l'erreur stratégique de Janet Yellen, qui n'a pas su remonter le taux objectif des federal funds à temps et qui se retrouve aujourd'hui coincée entre le marteau du ralentissement économique et l'enclume de la faible crédibilité.
Quoiqu'il arrive, les Etats-Unis montrent au monde une image bien décevante entre un Barack Obama qui a en partie cassé le dynamisme légendaire de l'économie américaine et une Janet Yellen qui donne l'impression de ne pas savoir où elle va. D'où une question qui se généralise chez les investisseurs : y-a-t-il un pilote dans l'avion ?
Cette question est également valable en Europe. Certes, le couple Draghi-Merkel a sauvé la zone euro à plusieurs reprises. Cependant, face à l'échec de la « planche à billets » et au maintien d'une croissance molle dans l'UEM, sans oublier les 1 000 milliards d'euros de créances douteuses qui affecteraient l'Europe selon le FMI, l'heure du doute a bien sonné.
Que dire alors des atermoiements grecs qui sont tels que les Européens et aussi en partie les marchés applaudissent des deux mains la réélection d'une coalition alliant l'extrême-gauche et l'extrême-droite souverainiste à la tête de la Grèce ?! Cette dernière n'est donc toujours pas près de réformer son économie, de restaurer sa croissance et de réduire ses déficits. Déjà lourde de 435 milliards d'euros, l'ardoise grecque va encore se corser… jusqu'à épuisement, c'est-à-dire jusqu'à la seule issue possible : une annulation complète de la dette et un Grexit, qui, à moyen terme, sera salutaire pour tous. Si les dirigeants politiques européens et les investisseurs internationaux ne veulent toujours pas reconnaître l'évidence, ils finiront forcément par admettre l'inévitable.
Mais cet aveuglement collectif n'est pas uniquement relatif de la Grèce, il s'observe également à l'égard de la France. Ainsi, la nouvelle dégradation de la note de la dette française par Moody's est complètement passée inaperçue. Certes, cela ne fait que refléter la piètre crédibilité des agences de notation, ainsi que la faible attention que prêtent les marchés à la cause de la France, qui pour beaucoup, est perdue depuis longtemps. De là à continuer d'acheter en masse des OAT à dix ans, il y a néanmoins un pas qui devient incompréhensible et qui est pourtant franchi tous les jours.
La politique extrêmement accommodante de la BCE explique évidemment l'essentiel de cette anomalie. Nous nous trouvons face à un exemple flagrant d'effet d'éviction des financements privés par les financements publics, ce qui ne manquera pas de pérenniser la croissance molle qui sévit dans l'Hexagone depuis près de quinze ans.
Pour autant, si les marchés ne semblent pas réagir massivement à l'ensemble de ces contrariétés, leur baisse tendancielle depuis le printemps dernier montre également qu'ils ne sont pas complètement dupes. Ils attendent simplement le verre d'eau qui fera déborder un vase qui est déjà bien plein.
Dans ces conditions, il est de notre devoir de mettre en garde les investisseurs et les épargnants contre un risque élevé de tempêtes boursières récurrentes. Il en sera de même sur les marchés obligataires et de changes. Le tout étant évidemment animé par une très forte volatilité.
Il ne sert à rien de se voiler la face en voulant ignorer les dangers qui menacent. Et s'il serait contre-productif de sombrer dans le pessimisme, il est indispensable de rester réalistes. Ne l'oublions jamais : les crises font partie de la vie économico-financière. Elles sont donc normales. Il ne faut pas en avoir peur, mais simplement les anticiper pour éviter d'en pâtir.
C'est grâce à ce type de comportement et aussi à près de 4 000 milliards de dollars de réserves de changes que les Chinois pourront affronter la nouvelle crise sans trop de difficultés. Inversement, c'est à cause de ce manque de « vista » et aussi du manque de marge de manœuvre de politique économique que les Européens en seront, comme d'habitude, les grands perdants.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Dans le même temps, les pays dits développés n'ont absolument pas les moyens de compenser ces manques-à-gagner pour la croissance mondiale. Pire, ils sont eux aussi affectés par le ralentissement, voire par la baisse du PIB, comme le Japon, qui a subi une régression de sa richesse de 0,3 % au deuxième trimestre, et le Canada, qui est même tombé en récession au premier semestre.
Pour ne rien arranger, l'économie américaine apparaît menacée par deux voies : d'une part, celle de la décélération, d'autre part, celle d'une éventuelle remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale. Cette dernière aurait bien entendu un effet pro-cyclique sur la croissance, mais confirmerait également l'erreur stratégique de Janet Yellen, qui n'a pas su remonter le taux objectif des federal funds à temps et qui se retrouve aujourd'hui coincée entre le marteau du ralentissement économique et l'enclume de la faible crédibilité.
Quoiqu'il arrive, les Etats-Unis montrent au monde une image bien décevante entre un Barack Obama qui a en partie cassé le dynamisme légendaire de l'économie américaine et une Janet Yellen qui donne l'impression de ne pas savoir où elle va. D'où une question qui se généralise chez les investisseurs : y-a-t-il un pilote dans l'avion ?
Cette question est également valable en Europe. Certes, le couple Draghi-Merkel a sauvé la zone euro à plusieurs reprises. Cependant, face à l'échec de la « planche à billets » et au maintien d'une croissance molle dans l'UEM, sans oublier les 1 000 milliards d'euros de créances douteuses qui affecteraient l'Europe selon le FMI, l'heure du doute a bien sonné.
Que dire alors des atermoiements grecs qui sont tels que les Européens et aussi en partie les marchés applaudissent des deux mains la réélection d'une coalition alliant l'extrême-gauche et l'extrême-droite souverainiste à la tête de la Grèce ?! Cette dernière n'est donc toujours pas près de réformer son économie, de restaurer sa croissance et de réduire ses déficits. Déjà lourde de 435 milliards d'euros, l'ardoise grecque va encore se corser… jusqu'à épuisement, c'est-à-dire jusqu'à la seule issue possible : une annulation complète de la dette et un Grexit, qui, à moyen terme, sera salutaire pour tous. Si les dirigeants politiques européens et les investisseurs internationaux ne veulent toujours pas reconnaître l'évidence, ils finiront forcément par admettre l'inévitable.
Mais cet aveuglement collectif n'est pas uniquement relatif de la Grèce, il s'observe également à l'égard de la France. Ainsi, la nouvelle dégradation de la note de la dette française par Moody's est complètement passée inaperçue. Certes, cela ne fait que refléter la piètre crédibilité des agences de notation, ainsi que la faible attention que prêtent les marchés à la cause de la France, qui pour beaucoup, est perdue depuis longtemps. De là à continuer d'acheter en masse des OAT à dix ans, il y a néanmoins un pas qui devient incompréhensible et qui est pourtant franchi tous les jours.
La politique extrêmement accommodante de la BCE explique évidemment l'essentiel de cette anomalie. Nous nous trouvons face à un exemple flagrant d'effet d'éviction des financements privés par les financements publics, ce qui ne manquera pas de pérenniser la croissance molle qui sévit dans l'Hexagone depuis près de quinze ans.
Pour autant, si les marchés ne semblent pas réagir massivement à l'ensemble de ces contrariétés, leur baisse tendancielle depuis le printemps dernier montre également qu'ils ne sont pas complètement dupes. Ils attendent simplement le verre d'eau qui fera déborder un vase qui est déjà bien plein.
Dans ces conditions, il est de notre devoir de mettre en garde les investisseurs et les épargnants contre un risque élevé de tempêtes boursières récurrentes. Il en sera de même sur les marchés obligataires et de changes. Le tout étant évidemment animé par une très forte volatilité.
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