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La saison des brouillards

Lettre du vendredi 9 décembre 2022 rédigée par Eric Galiègue - Analyste financier indépendant, Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS.


Nous sommes dans la saison des brouillards. Le calendrier républicain de 1793 avait placé Brumaire en octobre, ce qui correspond effectivement, cette année, à des évolutions très étonnantes. C’est qui est vrai pour la météorologie, l’est aussi pour les marchés financiers. Certaines évolutions récentes des marchés nous laissent pantois. Elles contribuent au brouillard ambiant qui ne se disperse pas, même si déjà Noël se profile.
Eric Galiègue
Eric Galiègue

La première évolution surprenante est la phénoménale hausse des actions européennes depuis le 1er brumaire, depuis le premier octobre.
En deux mois, le CAC 40 a progressé de plus de 1000 points. Cette hausse de plus de 18% est d’autant plus étonnante, que l’€ sur la même période est passé de 0,97$ à 1,05$. Cela veut dire qu’un investisseur américain particulièrement avisé aurait gagné plus de 25% en deux mois s’il avait acheté le CAC 40 le 1 er octobre. Cette performance est particulièrement rare, et s’observe habituellement au lendemain des krachs boursiers, ce qui n’est pourtant pas le cas aujourd’hui.

La seconde évolution surprenante, est la baisse du « dollar index » (taux de change moyen du dollar américain contre toutes devises, pondéré par le poids relatif de chaque pays).
En un mois, le dollar index vient de perdre plus de 6%, ce qui est considérable. Quelle que soit la raison de ce phénomène, nous constatons que les périodes de chute du dollar aussi marquées, correspondent aux krachs des marchés d’actions : 2008 et 2001. Evidemment, la raison qu’invoquent les cambistes est l’anticipation d’une fin de hausse des taux de la banque centrale des USA, qui rend le billet vert moins attractif. Il n’empêche que le différentiel de taux « spot » demeure très en la faveur du dollar, puisque le taux de la FED est à 4%, vs 2% pour le taux de la BCE…

La troisième évolution surprenante, est la surperformance des actions européennes par rapport aux actions américaines.
Depuis le début de l’année, le CAC 40 a perdu 7% ; sa perte est plus limitée encore en « total return », performance du rendement du dividende comprise. De son côté, le S&P 500 est en baisse de 16,8%. L’écart de performance est de 10% en la faveur de l’Europe, dont 7% s’expliquent par la baisse de l’€ en 2022. La surperformance des actions européennes, corrigée du change, est significativement positive, alors que la crise touche bien plus le Vieux Continent que le Nouveau Monde : la hausse des prix de l’énergie et notamment du gaz pèse bien plus sur le consommateur européen que sur le consommateur américain, les tensions politiques internes et surtout externes sont partiellement fortes en Europe, et ses engagements climatiques très ambitieux créent de nombreuses contraintes pour le développement de son économie.

Alors comment lever le brouillard ? Comment y voir clair ? Manifestement, et particulièrement cette fois ci, les observations immédiates déterminent le comportement du marché. Les analystes américains ont revu en baisse leurs prévisions de bénéfices sur les actions du S&P 500, ce qui n’a pas été le cas de leurs confrères européens. Depuis le 1.1.2022, la prévision de BPA 2022 en $ du S&P 500 a été revue en baisse de 2 %, alors que les bénéfices de l’Euro Stoxx (moins dépendant de TotalEnergies que le CAC 40) ont été revus en hausse de 11% en €. L’écart de 13 % correspond presque exactement à l’écart de performance des indices boursiers. Ainsi, la dynamique des cours a reflété la performance des entreprises sur l’année 2022, au fur et à mesure qu’elle se réalisait. Et, finalement rien d’autre.

Ce constat est inquiétant pour les 6 prochains mois, car les stratégistes envisagent des deux côtés de l’Atlantique, des baisses de bénéfices entre minimum 10% et maximum 30%, selon les hypothèses de récession « molle » ou « dure ». Si le marché se comporte de la même manière en 2023 qu’en 2022, cette perspective est bien peu réjouissante.


Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 690 points.

Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont encore baissé, en France (2,2%) comme aux USA (3,4%). L’euro est stable, au-delà de 1,05$.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a chuté de 10%.


Les faits : C'est le grand écart entre les analystes américains et européens : les premiers ont révisé en baisse de 2% leurs anticipations de BPA du S&P 500, et les seconds en hausse de plus de 10% (Eurostoxx).
Notre interprétation : Cette divergence explique précisément la surperformance des indices européens par rapport aux indices américains. La perspective d’une baisse des anticipations de bénéfice de 10 à 30% en 2023 est de mauvais augure pour l'année qui va commencer......



Lundi 12 Décembre 2022




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