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La puissance du rebond

Lettre du vendredi 18 mars 2022 rédigée par Eric Galiègue - VALQUANT.


Eric Galiègue
Eric Galiègue
Manifestement, et contrairement au titre de notre chronique de la semaine dernière, le marché n’est pas à la recherche d’un nouvel équilibre. Il cherche à renouer avec l’équilibre antérieur, celui qui prévalait avant la crise ukrainienne. C ‘est en tous cas ce que nous dit le fantastique rebond de 15% sur les plus bas atteint la semaine dernière. L’évolution du cours des actions ce vendredi 18 sera d’ailleurs un ultime test : soit le marché invalide le franchissement de la moyenne mobile un an, qui vaut 6650 environ ce matin, en dépassant en clôture ce niveau, soit il reflue sur cette résistance majeure.
Deux raisons essentielles expliquent la puissance du rebond.

La première est la réalité de négociations entre les belligérants.Au moment où les opérations militaires sont en cours, des négociateurs de haut rang discutent d’une issue diplomatique à la situation actuelle. C’est en soit une bonne nouvelle, car effectivement on imaginait mal des représentants de deux pays opposés dans une guerre aussi récente discuter et se serrer la main. En tous cas, même si un arrêt des hostilités semble très peu probable, notamment en raison des exigences de Moscou (capitulation de l’Ukraine et désarmement du pays), le marché manifestement y croit. Et imagine un scénario par lequel tout d’un coup on reviendrait au point de départ…comme si rien ne s’était passé. Nous n’y croyons pas.

La deuxième raison du rebond est l’état d’hyperliquidité de la sphère financière. Nous ne le redirons jamais assez, mais la quantité de capitaux en circulation n’a jamais été aussi élevée. Et les arbitrages décidés par les opérateurs de marché concernent des montants considérables, ce qui explique la volatilité actuelle des prix de marché. Ainsi, la violence de la correction initiale et le rebond qui s’en est suivi apparait comme un « remake » de la crise sanitaire, en tous en cas selon le profil des cours. Certains considèrent que la page est déjà tournée, et que l’épisode ukrainien va bientôt se terminer, grâce à un cessez le feu qui devrait été annoncé rapidement. Nous ne partageons pas du tout cette vision simpliste des choses. L’analogie est un concept pédagogique mais souvent trop réducteur. Même si l’annonce de la réactivation des mesures de soutien public à la croissance fait bien sur penser à la crise Covid, et à l’annulation de ses effets économiques grâce aux actions conjointes des États et des banques centrales, nous pensons que la situation actuelle est très différente.

Nous voyons essentiellement deux grandes différences majeures, mais il y en d’autre, notamment la situation de la Chine.
La première est relative au prix du pétrole. Le contraste est saisissant : au cours de la crise sanitaire, les prix du pétrole ont chuté jusque 30$ le baril et en dessous, et sont même devenus négatifs pendant quelques heures sur les contrats à terme aux USA. Aujourd’hui, la crise ukrainienne a pour effet d’envoyer à ses plus hauts historique le cours de l’or noir. La sortie complète de la Russie du marché mondial du pétrole propulserait les cours à 160-170$ le baril. Cette menace est d’autant plus sérieuse que la hausse du prix des hydrocarbures est bien antérieure au déclenchement de la crise ukrainienne le 24 février. Il faut donc considérer le niveau de 100-120$ comme une hypothèse raisonnable. Dans la crise sanitaire, la chute des prix du pétrole a fortement aidé la conjoncture économique, aujourd’hui c’est exactement le contraire. L’impact négatif sur la croissance d’une hausse de 10$ le baril (en moyenne annuelle) est de -0,25% sur la croissance. Le prix moyen du pétrole en 2021 a été de 70$ le baril. Le passage durable du niveau du prix du pétrole à 100$ - 110$ associé à la faiblesse de l’€ coute donc 1% de croissance du PIB et environ 5% de croissance des bénéfices, selon des mesures faites par de grands bureaux d’étude.

La seconde différence est relative à la politique monétaire. Alors qu’en pleine crise sanitaire les banques centrales ont apporté toute la liquidité nécessaire au soutien de l’économie et des marchés, c’est exactement le contraire que se passe aujourd’hui. Il n’a échappé à personne que la Banque Centrale des USA a relevé ses taux de 0,25% cette semaine, pour la première fois depuis 2018. Le ton de la Fed n’est plus accommodant, puisqu’elle a annoncé une hausse des taux pour chaque de ses réunions d’ici la fin de l’année. La Banque d’Angleterre a elle aussi relevé son taux. Il s’agit surtout d’une simple normalisation des politiques monétaires, plutôt que la lutte contre l’inflation, qui aujourd’hui, à l’opposé de la situation de 2020, est au plus haut depuis 40 ans. En tous cas, la hausse du cout de l’argent à très court terme est un vrai sujet pour la sphère financière, qui refinance au jour le jour l’ensemble de ses positions de long terme. Actuellement, la sphère réelle affronte la hausse des prix du pétrole, et la sphère financière affronte la hausse des taux des banques centrales et la fin de QE. La combinaison de ces deux phénomènes nous incite à la plus grande prudence sur les marchés d’actions : nous recommandons la plus faible allocation possible en actions.


Investisseurs : Nous sommes sous pondérés au maximum pour un CAC 40 supérieur 6 150 points.

Tendance sur les marchés de taux et de devises : Le taux des obligations d’Etat a remonté de 0,2% en France, ainsi qu’aux USA. La parité €/$ a remonté à 1,108.

Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole est extrêmement volatile : il a chuté de plus de 20$ avant de remonter hier de 8$ le baril. Le prix du cuivre est resté stable.


Dimanche 20 Mars 2022




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