A l'évidence, les dernières nouvelles de la planète sont guère réjouissantes et risquent de donner envie à certains de baisser les bras, en sombrant dans un pessimisme démesuré. Si la tentation de noircir le tableau est évidemment forte voire pratique pour certains, elle serait inévitablement la pire des solutions. Non seulement, parce qu'elle constituerait ce que souhaitent justement les terroristes de Daech et d'ailleurs. Mais aussi, parce qu'elle pourrait entraîner l'économie mondiale dans une spirale récessive dramatique. Ce qui tomberait particulièrement mal pour la zone euro qui vient tout juste de retrouver le chemin de la croissance. Pire, après huit ans de crise, la zone euro, mais aussi de nombreux pays occidentaux tels que les Etats-Unis et le Japon ont utilisé toutes leurs cartouches et ne pourraient pas supporter un nouvel accès de faiblesse, pour la simple raison qu'ils ne disposent d'aucune marge de manœuvre pour relancer la machine.
Alors bien sûr, les dirigeants français et européens se veulent rassurants. Selon le commissaire européen Pierre Moscovici « les attentats et le climat d'insécurité n'auront pas d'impact sur la croissance ». Incroyable déni de réalité ! Il n'y a qu'à écouter les professionnels du tourisme, de la restauration, des grands magasins et du commerce en général, qui annoncent des baisses de ventes et de commandes de 30 % à 50 % en quelques jours pour comprendre que les dégâts économiques sont déjà là. Selon une note de la Direction du Trésor français, ce coût ne serait que de 2 milliards d'euros dans l'Hexagone, soit 0,1 point de PIB. Il n'y aurait donc pas de quoi s'affoler. D'autant que les « psychologues » de la consommation estiment que le climat d'insécurité génère une sorte de « fièvre acheteuse » des ménages, ces derniers compensant leurs peurs par des achats compulsifs et massifs.
On croirait presque entendre certains économistes du début du XXème siècle, voire du début du siècle suivant qui soutenaient, à l'instar du café du commerce, que « rien ne vaut une bonne guerre pour relancer l'économie ». A l'appui de cette thèse ô combien « scientifique », les dépenses militaires, mais aussi en personnels de sécurité ou encore les achats compulsifs agiraient ainsi comme des soutiens de l'activité économique, réduisant même le chômage et la pauvreté...
Il faut d'ailleurs reconnaître que ces affirmations ne sont pas complétement dénuées de sens. Ainsi, dès 2002, c'est-à-dire quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis retrouvaient le chemin de la croissance forte, notamment grâce aux dépenses militaires, mais aussi grâce à une relance budgétaire et monétaire massive. Il faut dire qu'à l'époque George W. Bush pouvait utiliser les excédents budgétaires que lui avait laissés Bill Clinton et la croissance forte des années 1995-2000. Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, en particulier en France.
De plus, il faut reconnaître que les risques d'attentats et le climat d'insécurité ne sont pas forcément synonymes de récession économique. Ainsi, en dépit de ces risques, Israël a réalisé une croissance annuelle moyenne de 3,6 % de 2000 à 2015 et de 3,3 % de 2008 à 2015, ce qui la place au deuxième rang des pays de l'OCDE en termes de performance de croissance depuis 2008, derrière Singapour (avec un niveau de 4,4 %). A titre de comparaison, la croissance annuelle moyenne de la France sur cette même période a été de 0,4 % et celle de la zone euro de 0,1 %.
Autrement dit, oui la croissance est possible en état d'urgence, et/ou avec des menaces d'attentats, voire en état de guerre, pour reprendre l'expression de MM. Hollande et Valls. Seulement voilà, ce qui est vrai aux Etats-Unis ou en Israël ne l'est pas forcément dans notre « douce France ».
En d'autres termes, pour pouvoir croître et a fortiori réaliser une croissance forte dans l'adversité, il faut y être préparé et être fort psychologiquement. A titre d'illustration, il faut ainsi noter que si les Etats-Unis ont redémarré très fortement et rapidement après les attentats du 11 septembre 2001, l'économie française tout comme celle de la zone euro ont été plus affectées que leur homologue américaine et n'ont retrouvé le niveau de la croissance de l'Oncle Sam qu'en 2006, donc avec près de cinq ans de retard. En revanche, dès que les Etats-Unis ont ralenti en 2007, la France et la zone euro n'ont pas mis cinq ans à les suivre, mais ont décéléré dès le début 2008. De même, lors de la faillite de Lehman Brothers et de la récession qui en a suivi, les PIB de la France et de la zone euro ont plus baissé que celui des Etats-Unis et n'ont retrouvé le chemin d'une croissance appréciable qu'à partir de 2015.
Nous touchons là à un double problème. D'une part, la faiblesse de la croissance structurelle de la France et de la zone euro, qui est de seulement 0,8 %, contre par exemple 2,5 % aux Etats-Unis. D'autre part, le pessimisme maladif doublé d'un manque criant de culture économique de trop nombreux citoyens de la France et de la zone euro. Dans ce cadre, il faut être honnête : si le climat de peur perdure, la croissance sera amputée d'au moins 0,4 point dans l'Hexagone et l'UEM.
Alors, oui, la résilience de la croissance française face aux attentats et aux menaces terroristes est possible. Mais à quelques conditions : que les Français soient mentalement forts, qu'ils comprennent que les crises sont toujours des phases d'opportunité, qu'ils ne comptent pas trop sur les dépenses publiques pour les sauver et qu'ils préfèrent investir et consommer plutôt que se terrer dans la peur et l'épargne. En deux mots : carpe diem !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Alors bien sûr, les dirigeants français et européens se veulent rassurants. Selon le commissaire européen Pierre Moscovici « les attentats et le climat d'insécurité n'auront pas d'impact sur la croissance ». Incroyable déni de réalité ! Il n'y a qu'à écouter les professionnels du tourisme, de la restauration, des grands magasins et du commerce en général, qui annoncent des baisses de ventes et de commandes de 30 % à 50 % en quelques jours pour comprendre que les dégâts économiques sont déjà là. Selon une note de la Direction du Trésor français, ce coût ne serait que de 2 milliards d'euros dans l'Hexagone, soit 0,1 point de PIB. Il n'y aurait donc pas de quoi s'affoler. D'autant que les « psychologues » de la consommation estiment que le climat d'insécurité génère une sorte de « fièvre acheteuse » des ménages, ces derniers compensant leurs peurs par des achats compulsifs et massifs.
On croirait presque entendre certains économistes du début du XXème siècle, voire du début du siècle suivant qui soutenaient, à l'instar du café du commerce, que « rien ne vaut une bonne guerre pour relancer l'économie ». A l'appui de cette thèse ô combien « scientifique », les dépenses militaires, mais aussi en personnels de sécurité ou encore les achats compulsifs agiraient ainsi comme des soutiens de l'activité économique, réduisant même le chômage et la pauvreté...
Il faut d'ailleurs reconnaître que ces affirmations ne sont pas complétement dénuées de sens. Ainsi, dès 2002, c'est-à-dire quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis retrouvaient le chemin de la croissance forte, notamment grâce aux dépenses militaires, mais aussi grâce à une relance budgétaire et monétaire massive. Il faut dire qu'à l'époque George W. Bush pouvait utiliser les excédents budgétaires que lui avait laissés Bill Clinton et la croissance forte des années 1995-2000. Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, en particulier en France.
De plus, il faut reconnaître que les risques d'attentats et le climat d'insécurité ne sont pas forcément synonymes de récession économique. Ainsi, en dépit de ces risques, Israël a réalisé une croissance annuelle moyenne de 3,6 % de 2000 à 2015 et de 3,3 % de 2008 à 2015, ce qui la place au deuxième rang des pays de l'OCDE en termes de performance de croissance depuis 2008, derrière Singapour (avec un niveau de 4,4 %). A titre de comparaison, la croissance annuelle moyenne de la France sur cette même période a été de 0,4 % et celle de la zone euro de 0,1 %.
Autrement dit, oui la croissance est possible en état d'urgence, et/ou avec des menaces d'attentats, voire en état de guerre, pour reprendre l'expression de MM. Hollande et Valls. Seulement voilà, ce qui est vrai aux Etats-Unis ou en Israël ne l'est pas forcément dans notre « douce France ».
En d'autres termes, pour pouvoir croître et a fortiori réaliser une croissance forte dans l'adversité, il faut y être préparé et être fort psychologiquement. A titre d'illustration, il faut ainsi noter que si les Etats-Unis ont redémarré très fortement et rapidement après les attentats du 11 septembre 2001, l'économie française tout comme celle de la zone euro ont été plus affectées que leur homologue américaine et n'ont retrouvé le niveau de la croissance de l'Oncle Sam qu'en 2006, donc avec près de cinq ans de retard. En revanche, dès que les Etats-Unis ont ralenti en 2007, la France et la zone euro n'ont pas mis cinq ans à les suivre, mais ont décéléré dès le début 2008. De même, lors de la faillite de Lehman Brothers et de la récession qui en a suivi, les PIB de la France et de la zone euro ont plus baissé que celui des Etats-Unis et n'ont retrouvé le chemin d'une croissance appréciable qu'à partir de 2015.
Nous touchons là à un double problème. D'une part, la faiblesse de la croissance structurelle de la France et de la zone euro, qui est de seulement 0,8 %, contre par exemple 2,5 % aux Etats-Unis. D'autre part, le pessimisme maladif doublé d'un manque criant de culture économique de trop nombreux citoyens de la France et de la zone euro. Dans ce cadre, il faut être honnête : si le climat de peur perdure, la croissance sera amputée d'au moins 0,4 point dans l'Hexagone et l'UEM.
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