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Interview | Olivier Goy, co-Fondateur d'October « La santé est mal financée et sclérosée. Il est temps d’en faire un secteur d’avenir. »

Le monde de la finance et des start-ups le connaissait jusqu’alors comme le fondateur d’October (anciennement Lendix), une Fintech a succès. En moins de 10 ans, l’idée du groupe de copains est passée de « trublion de la finance » à leader européen du prêt aux TPE et PME via la réalisation de plus de 900 financements. Depuis mai 2022, et le rachat de Credit.fr, la structure, adossée à Tikehau Capital, représente 860 millions d’euros prêtés à plus de 3000 entreprises en France, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Allemagne.
En parallèle de cette réussite, Olivier Goy mène un autre combat, personnel, intime, qu’il a décidé de livrer au public, en public. Ce combat, c’est celui qu’il mène contre la maladie de Charcot mais pour la recherche et le handicap. Interview.

Nota Bene : cette interview déroge un peu aux sujets habituels traités dans cette rubrique dédiée aux Fintechs. Mais un média existe aussi parce qu'il s'engage. Au travers de notre partenariat avec la première FINTECH CUP, il était aussi normal d'apporter notre contribution, ne serait-ce qu'éditoriale, au combat mené par l'une des figures de la Fintech Française. AL A


Issu du monde de la finance, vous avez décidé de fonder votre entreprise, pouvez-vous nous relater l’aventure d’October ?

L’idée de October n’est pas une idée originale ! Comme tous nos confrères, très nombreux à l’époque, nous nous sommes lancés car une nouvelle loi a rendu possible notre métier de prêteur en octobre 2014 (vous aurez au passage compris l’origine de notre nom…).
L’histoire du lancement, c’est celle d’un groupe de personnes qui pensent avoir les bonnes compétences (finance, PME, technologie, international) pour saisir l’opportunité. Et tout est allé très vite : en 3 mois, nous sommes passés de la réflexion à l’action.

Votre vie a basculé en décembre 2020 à l’écoute d’un incroyable diagnostic et après des batteries de tests éliminant toutes les autres possibilités, quand et pourquoi avez-vous décidé de vous exprimer ?

Là, c’est allé beaucoup moins vite ! Il a fallu 18 mois pour comprendre que ce que je croyais être une tendinite était en fait une sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot.
Une maladie très particulière : elle vous enferme dans votre corps. Incapacité progressive de bouger, de parler puis de respirer. En revanche, votre cerveau et vos capacités intellectuelles restent intactes. La SLA ne se soigne pas et la durée de vie médiane est de 3 à 5 ans. Bref, une sale maladie !
Trois mois après le diagnostic, en mars 2021, j’ai décidé de sortir de mon silence et de transformer cet état de fait en combat. Un combat contre la maladie, pour la recherche et pour le handicap. Avec le sourire, pour ne pas se punir 2 fois. Hors de question de me couper du monde !

Comment s’organise-t-on en tant que chef d’entreprise ?

J’ai très vite compris que mon état de santé allait être incompatible avec diriger au quotidien une société de croissance physiquement présente dans 5 pays. Par chance, tout mon entourage, mes associés, nos actionnaires, nos équipes l’ont compris aussi et ont tout fait pour faciliter une nouvelle organisation où je devenais chairman, mon co-fondateur Patrick de Nonneville, CEO et notre patron de l’Allemagne Thorsten Seeger, COO.
Je suis très touché et reconnaissant que cela ait été vite et facilement mis en place. Cela me permet de contribuer à October sans être en première ligne et de m’adapter sans me soucier de l’évolution quotidienne de ma maladie.

Quel regard portez-vous, aujourd’hui, sur cette vie tourbillonnante, voire aliénante vécue par beaucoup de dirigeants ou de cadres de start-ups ?

Le tourbillon est normal. La passion s’exprime ! Après, bien entendu, il ne faut pas nier qu’il existe une frontière parfois fine entre le tourbillon enivrant et le burn-out !
Il est complexe de porter un regard global, mais il est évident que garder autant que possible les deux pieds bien ancrés dans le sol est fondamental. C’est ce qui m’a permis d’encaisser ce choc incroyable de la maladie. Si j’avais été en déséquilibre en décembre 2020, je n’aurais jamais résisté.

Vous avez choisi de médiatiser votre combat. Plus qu’une mise en lumière sur une maladie vous semblez vouloir « planter des graines » afin d’inspirer une vision nouvelle des choses ?

Je me bats bien sûr pour que la recherche progresse sur la maladie de Charcot mais aussi pour qu’elle progresse globalement. La santé est mal financée et sclérosée. Il est temps d’en faire un secteur d’avenir. Plus je découvre le secteur, plus je suis horrifié par le sous-investissement et la rigidité des autorités de tutelle. Imaginez, par exemple, qu’il existe un traitement pour la SLA autorisé aux USA et interdit en Europe. Résultat : certains patients se ruinent, prennent des risques et dépensent 3.000€ par mois pour fabriquer eux-mêmes leurs médicaments !
D’autre part, je milite pour une meilleure inclusion des handicaps visibles et invisibles dans les entreprises. Pour cela je multiplie les interventions dans les grands groupes : Bain, KPMG, Mirova/Natixis, AIG…

L’humour et la volonté semblent émaner de chacun de vos échanges ce sont des armes essentielles pour vous ? cruciales ?

Ce sont deux traits de mon caractère et, aujourd’hui, ils me sont plus utiles que jamais…

« Invincible été » sera prochainement projeté sur grand écran, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet de documentaire ?

Pour porter mes combats, il me fallait un medium. J’ai pensé qu’un documentaire était le bon vecteur. « Invincible été » est un film ambitieux et engagé sur le handicap et la maladie. Ambitieux car il sortira au cinéma le 31 mai avant une diffusion TV. Engagé car il est militant. Ils veulent sensibiliser sur la place du handicap et des malades dans l’entreprise mais aussi lever des fonds pour la recherche (déjà 900.000€ levés pour l’Institut du cerveau en vendant notamment des photos du tournage).
Ce projet a été possible grâce au soutien de Mediawan et Pierre-Antoine Capton et de la réalisatrice Stéphanie Pillonca.
Une partie des frais de participation à la première Fintech Cup sera reversée au profit de l’Institut du Cerveau, et vous êtes le parrain de la tombola qui sera organisée au cours de l’événement, pourquoi ?
Laurent de Bernède m’a très gentiment contacté pour me proposer que la première régate qu’il organise (la Fintech Cup) ait un engagement philanthropique en faveur de l’Institut du cerveau et la SLA. Peu importe que je ne connaisse rien à la voile (ndlr : je suis haut savoyard), j’ai tout de suite dit « oui » !


Plus d’infos sur le documentaire : www.invicible-ete.com

Propos recueillis par Anne-Laure Allain

Cette interview a été réalisée dans le cadre du partenariat éditorial entre Finyear et la Fintech Cup, la première régate européenne dédiée aux Fintechs organisée par le cabinet de conseil Azulli, parrainée par Finance Innovation et France Fintech. Une partie des frais de participation sera reversée à l’Institut du Cerveau.
Pour en savoir plus : Lire l'article sur FINYEAR

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Vendredi 10 Février 2023




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