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Inflation : le pour et le contre

Lettre du 14 mai 2021 rédigée par Eric Galiègue - VALQUANT.


Eric Galiègue
Eric Galiègue
+4,2% : ce chiffre a résonné comme un coup de tonnerre à Wall Street mercredi.
Une hausse des prix de +4,2% sur une année, +0,8% sur un mois, c’est quand même un chiffre impressionnant. C’est le plus haut depuis 2008. Il a largement dépassé les anticipations du consensus (+3,6% sur un an, et +0,2% sur un mois). Le « core CPI », l’inflation hors composantes volatiles de l’indice, a atteint +3% sur un an, et +0,9% sur un mois, la plus forte hausse mensuelle depuis avril 1982. Tout un symbole …Le cours des actions a marqué le coup mercredi, mais à nouveau c’est le NASDAQ qui a subi la plus forte baisse. Et dès le lendemain, hier, les cours reprenaient une bonne partie du terrain perdu, en tous cas pour les indices généralistes comme le S&P 500. Quant aux actions européennes, la réaction a été nulle jeudi, malgré un accès de faiblesse dans la matinée. Que faut il penser de cette statistique de l’inflation ?

Premièrement, nous sommes étonnés de la faible réaction des marchés d’actions et surtout de taux. Le taux des obligations du trésor américain à 10 ans a certes progressé, mais de moins de 10 points de base : ils sont revenus à 1,66%, soit un peu moins que le pic du 31 mars, 1,74%. Le taux d’intérêt diminué de l’inflation apparente (CPI) est de -2,6%, soit le niveau le plus bas depuis juin 1980. A l’époque, le taux d’intérêt valait 10,8% et le taux d’inflation 13,1%.... Le taux d’intérêt réel a atteint son plus bas historique, -4%, à deux reprises : en décembre 1974 (au terme du premier choc pétrolier) et en mai 1980…On sait ce qui s’est passé dans les deux ans qui ont suivi : une hausse considérable des taux, qui ont atteint leur plus haut historique en septembre 1981 (15,8%). Evidemment, la situation est aujourd’hui très différente, mais nous sommes néanmoins très surpris de l’absence de réaction significative sur les taux. Nous l’attribuons à l’omniprésence de la Fed sur les marchés, mais aussi dans l’esprit des investisseurs. Comme la Fed a toujours raison, ils adhèrent à l’interprétation d’une inflation transitoire, dans une forme de déresponsabilisation collective.

Deuxièmement, l’interprétation de ce chiffre d’inflation est particulièrement complexe. C’est une bonne nouvelle car elle reflète la réalité de la reprise économique. L’indice des prix peut être considéré comme un bon indicateur de suivi de la conjoncture, et en ce sens son amélioration doit être saluée. A plus long terme, c’est aussi une bonne nouvelle car elle signifie que le risque déflationniste qui hante l’économie et les marchés depuis 15 ans, recule fortement. C’est une bonne nouvelle enfin parce que l’inflation demeure le meilleur moyen pour rembourser une dette excessive sans effort particulier, par érosion monétaire, mais au préjudice des porteurs d’obligations. C’est une mauvaise nouvelle car si l’inflation permet de rembourser la dette, elle signifie aussi, même si ce n’est pas ce que nous dit le marché cette semaine, une forte hausse des taux d’intérêt. Si, de notre point de vue, nous sommes encore loin du retour de « l‘hydre inflationniste », le retour de la hausse des prix autour de 2% induit nécessairement une normalisation du niveau des taux d’intérêt. Leur retour dans la bande de fluctuation 2010-2019, soir 2-3,5%, avec un point médian de 2,75%, signifie une hausse de 1% par rapport au niveau actuel. C’est une mauvaise nouvelle parce que, définitivement, elle doit conduire la Fed à normaliser sa politique monétaire peut être plus rapidement que prévu. C’est, enfin, une mauvaise nouvelle pour les profits de entreprises car, rappelons-le, la hausse des prix n‘est pas un problème en soi pour les entreprises. C’est la hausse des couts qui lui est associée, souvent supérieur à la hausse des revenus.
La hausse de l’inflation, c’est la double peine : c’est la baisse des marges et des profits des entreprises, associée à une hausse du taux d’actualisation des flux futurs. C’est finalement, ce qui devrait inquiéter le plus Wall Street.


Investisseurs : 6000 points est actuellement le niveau au-delà duquel nous recommandons de sous pondérer les actions au maximum.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations a augmenté de 10 pb environ, à 1,66% aux USA hier soir. Le taux de l’OAT France à 10 ans vaut +0,27%, le taux du Bund est au plus haut depuis 2019, à -0,12%.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole Brent est stable à 67$, nouveaux records pour le cuivre à plus de 10 200$ la tonne.


Vendredi 14 Mai 2021




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