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France : la récession n'est malheureusement pas terminée

Sans surprise, l'INSEE a confirmé la baisse de 0,2 % du PIB français au premier trimestre 2013, soit une contre-performance identique à celle du quatrième trimestre 2012.


Marc Touati
Marc Touati
Si le retour officiel de la France en récession est donc, une nouvelle fois, entériné, le détail des comptes nationaux révisés demeure très inquiétant.

Tout d'abord, un petit regard sur le passé montre l'ampleur de l'atonie économique française. En effet, si l'on exclut la petite correction haussière du troisième trimestre 2012 (+0,1 %), cela fait désormais quatre trimestres que le PIB hexagonale recule, soit une baisse totale de 0,5 %.

Pis, la dernière augmentation trimestrielle supérieure à 0,2 % remonte au premier trimestre 2011. Autrement dit, l'atonie de l'économie française dure depuis huit trimestres. Deux ans sans croissance significative, cela commence à faire beaucoup.

En outre, n'oublions pas que le PIB français n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant crise. La richesse créée par l'économie française se situe ainsi 0,8 % en deçà de celle qui prévalait au premier trimestre 2008.

Mais il y a encore plus grave. En effet, après un tel marasme, on aurait pu espérer un petit mieux au premier trimestre 2013, au moins sur quelques postes des comptes nationaux. Pourtant, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Et pour cause : en dehors de la consommation des administrations publiques (+ 0,4 %) et de la formation de stocks, toutes les composantes du PIB reculent au premier trimestre 2013. A cet égard, il faut d'ailleurs noter que sans la contribution positive et toujours un peu artificielle des stocks, le PIB français aurait reculé de 0,4 % au premier trimestre 2013.

A la rigueur, la baisse des exportations (- 0,4 %, après déjà -0,7 % au trimestre précédent) est presque une habitude. En revanche, la dégringolade des dépenses des ménages commence à devenir très dangereuse. Ainsi, l'investissement logement a reculé de 1,4 % et la consommation privée de 0,1 %. Ce dernier point est d'ailleurs historique. En effet, en 2012, la consommation des ménages a déjà reculé de 0,4 %, ce qui constitue sa plus mauvaise performance depuis le début des statistiques modernes de l'INSEE, c'est-à-dire depuis 1949. Or, en dépit de cette « descente aux enfers » historique, la consommation continue de reculer. Et malheureusement, cela risque de durer.

Car, si le pouvoir d'achat des ménages a rebondi de 1 % au premier trimestre 2013, c'est surtout grâce à la faiblesse de l'inflation et à un effet de correction de la baisse de 0,9 % du trimestre précédent. En outre, cette amélioration du pouvoir d'achat n'a pas profité à la consommation puisque les ménages l'ont utilisée pour augmenter leur taux d'épargne. Ce dernier est même passé de 15,1 % au quatrième trimestre 2012 à désormais 16 %. De quoi rappeler l'ampleur des inquiétudes des ménages français qui, face à l'adversité et au chômage, préfèrent donc épargner plutôt que de consommer.

A l'heure où les soldes d'été commencent, il faut donc d'ores et déjà savoir qu'ils seront moroses et ne boosteront pas la consommation.

Et ce d'autant que l'avenir reste très sombre, comme le confirme l'autre grande évolution inquiétante des comptes nationaux du premier trimestre 2013, en l'occurrence, l'effondrement de 1 % de l'investissement des entreprises. Ce dernier enregistre ainsi son cinquième trimestre consécutif de baisse, soit une dégringolade totale de 4,6 %. Une chute qui s'ajoute à l'effondrement de 14,8 % enregistré entre le deuxième trimestre 2008 et le troisième de 2009. Au total, en dépit d'un petit rebond en 2010-2011, l'investissement des entreprises françaises est toujours inférieur de 11,8 % à son niveau qui prévalait au premier trimestre 2008.

Dans ce contexte de désinvestissement massif, les destructions d'emplois vont évidemment se poursuivre, aggravant encore le chômage, ce qui ne manquera pas de limiter les revenus donc la consommation, et d'alimenter encore la récession.

En d'autres termes, n'en déplaise au gouvernement, mais surtout à l'ensemble des Français, la récession hexagonale n'est pas terminée. En fait, l'économie nationale s'est engluée dans un cercle vicieux dramatique : désinvestissement-chômage-baisse de la consommation-récession…

Bien pire, l'augmentation de la pression fiscale et le maintien d'un euro trop fort vont alourdir la facture, ou plutôt la « fracture ».

Et ce ne sont évidemment pas les artifices tels que les emplois d'avenir ou le CICE qui vont inverser significativement la tendance.

Dans ce cadre, subissant d'ores et déjà (c'est-à-dire au sortir du premier trimestre) un acquis de décroissance de - 0,3 %, la variation annuelle du PIB français devrait être d'au mieux - 0,3 % sur l'ensemble de l'année 2013. Le déficit public devrait donc avoisiner les 4,5 % du PIB. De quoi encore dégrader la crédibilité de la France à l'échelle internationale.

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


Vendredi 28 Juin 2013




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