Loin de nous la volonté de jouer aux « déclinologues » ou aux oiseaux de mauvais augure. Bien entendu, nous aimerions annoncer que le retour de la croissance forte est imminent, que le déficit public de la France va nettement reculer en 2014, que le gouvernement mène une politique économique courageuse. Seulement voilà, si la méthode Coué peut avoir du bon à court terme, elle devient rapidement dévastatrice lorsqu'elle n'est pas suivie d'effets concrets. Or, cela fait désormais six ans que les dirigeants du pays s'obstinent à annoncer que la crise est finie, que le PIB va croître de plus 2 % par an, que le chômage va baisser, que le déficit et la dette vont reculer… En vain... Pis, la situation effective est exactement l'inverse de celle qui a été présentée par des gouvernants sûrs d'eux et qui n'hésitent pas à employer tous les moyens pour faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Depuis 2008, la progression annuelle moyenne du PIB français a été de 0 %, le taux de chômage est passé de 7,5 % à 11 %, le déficit public a représenté en moyenne 5,6 % du PIB et le ratio dette publique/PIB a flambé de 66 % à 93,4 % au deuxième trimestre 2013. Il atteindra 100 % l'an prochain.
Dans le même temps, le poids des dépenses publiques dans la richesse nationale est monté de 52,6 % à 57,1 %. Sur les 188 pays recensés par le FMI, il n'y en a que huit qui font mieux, ou plutôt pire que nous. Deux pays développés : la Finlande et le Danemark (avec des poids de respectivement 57,8 % et 58,4 %) et six en développement : les îles Marshall, le Lesotho, la Micronésie, la Lybie, l'archipel des Tuvalu et les îles Kiribati. De quoi nous dépayser mais surtout nous inquiéter : la France est non seulement le 180ème sur 188, mais elle est également le seul grand pays de la planète à se complaire dans une telle gabegie de dépenses publiques. Le numéro 179, en l'occurrence la Belgique, n'est qu'à 53,9 %. Même les pays du Sud de l'Europe, pourtant souvent décriés, affichent des poids de dépenses publiques bien moins élevés : 51,1 % pour l'Italie, 48,6 % pour le Portugal et même 47 % pour la Grèce. Que dire alors de l'Allemagne avec un niveau de 44,8 %.
A la rigueur, si cette boulimie française produisant de la croissance, il serait encore possible de la supporter. Mais, comme nous l'avons expliqué plus haut, il n'en est rien. Il est donc grand temps que cela change. Malheureusement, en dépit de ces réalités aussi tristes qu'évidentes, de nombreux Français, et en particulier les dirigeants du pays, refusent de réduire les dépenses publiques inefficaces, et notamment celles de fonctionnement. Ils préfèrent continuer d'augmenter les impôts, dont le poids dans le PIB (46,1 %) atteint lui aussi des sommets très dangereux.
Mais, n'en déplaise à certains, de plus en plus de citoyens n'en peuvent plus. Jusqu'à présent, les victimes du « ras-le-bol » fiscal témoignaient de leur malaise sans faire trop de bruit, se contentant tout simplement de quitter notre douce France. « Qu'ils partent ! Ce sont des traitres !» leur lançaient hargneusement les Mélenchon et autres partisans de la « l'égalisation par le bas ». Et c'est bien là que le bât blesse. Car si les plus favorisés ont les moyens de partir sont trop de dégâts, si ce n'est une réduction des recettes fiscales de l'Etat, les autres, c'est-à-dire la très grande majorité des Français sont contraints de rester et de payer la facture. D'où une vague d'appauvrissement de la classe moyenne, qui, elle aussi, est désormais touchée par le trop plein fiscal.
En revanche, si les « méchants » exilés fiscaux sont partis sur la pointe des pieds, les « gentils » contribuables pris au piège ne manquent pas de crier haut et fort leur mécontentement. A tel point qu'en moins d'une semaine, le gouvernement a dû engager deux reculades en matière fiscale : la première sur la stupide taxation avec effet rétroactif de certains produits d'épargne grand public jusqu'à présent défiscalisés et la seconde sur la fameuse « écotaxe », créée par Jean-Louis Borloo et qui en a très vite abandonné la paternité devant la fronde sociale. De quoi rappeler qu'en politique, le courage se fait particulièrement rare…
Dans la mesure où la pression fiscale française est déjà l'une des plus élevées du monde, décider de ne pas l'augmenter est a priori une bonne chose. Le problème est que ce double revirement nuit encore à la crédibilité économique du gouvernement, qui n'est déjà pas plus haute que trois pommes. Et ce d'autant que compte tenu du refus de réduire les dépenses publiques et de l'absence de rentrées fiscales suffisantes, le déficit public va mécaniquement augmenter. Il sera proche de 4,5 % du PIB en 2013 et d'environ autant l'an prochain. Autrement dit, à l'instar de celles effectuées sur le front du chômage, les promesses de baisse du déficit et de la dette ne seront pas tenues.
Dans ce cadre, si les agences de notation veulent retrouver un peu de crédit, qui, lui-aussi, est particulièrement bas, elles sont désormais contraintes de dégrader nettement la note de la dette publique française. Celle-ci devrait intervenir au cours des prochaines semaines et au plus tard en janvier 2014. Dès lors, jusqu'à présent bienveillants à l'égard de la France, les marchés obligataires devraient consacrer une forte hausse des taux d'intérêt des obligations du Trésor français. Cette tension replongera l'Hexagone dans la récession, l'augmentation massive du chômage, des déficits et de la dette... Un nouveau cercle pernicieux s'engagera alors et Dieu seul sait comment il se terminera…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Depuis 2008, la progression annuelle moyenne du PIB français a été de 0 %, le taux de chômage est passé de 7,5 % à 11 %, le déficit public a représenté en moyenne 5,6 % du PIB et le ratio dette publique/PIB a flambé de 66 % à 93,4 % au deuxième trimestre 2013. Il atteindra 100 % l'an prochain.
Dans le même temps, le poids des dépenses publiques dans la richesse nationale est monté de 52,6 % à 57,1 %. Sur les 188 pays recensés par le FMI, il n'y en a que huit qui font mieux, ou plutôt pire que nous. Deux pays développés : la Finlande et le Danemark (avec des poids de respectivement 57,8 % et 58,4 %) et six en développement : les îles Marshall, le Lesotho, la Micronésie, la Lybie, l'archipel des Tuvalu et les îles Kiribati. De quoi nous dépayser mais surtout nous inquiéter : la France est non seulement le 180ème sur 188, mais elle est également le seul grand pays de la planète à se complaire dans une telle gabegie de dépenses publiques. Le numéro 179, en l'occurrence la Belgique, n'est qu'à 53,9 %. Même les pays du Sud de l'Europe, pourtant souvent décriés, affichent des poids de dépenses publiques bien moins élevés : 51,1 % pour l'Italie, 48,6 % pour le Portugal et même 47 % pour la Grèce. Que dire alors de l'Allemagne avec un niveau de 44,8 %.
A la rigueur, si cette boulimie française produisant de la croissance, il serait encore possible de la supporter. Mais, comme nous l'avons expliqué plus haut, il n'en est rien. Il est donc grand temps que cela change. Malheureusement, en dépit de ces réalités aussi tristes qu'évidentes, de nombreux Français, et en particulier les dirigeants du pays, refusent de réduire les dépenses publiques inefficaces, et notamment celles de fonctionnement. Ils préfèrent continuer d'augmenter les impôts, dont le poids dans le PIB (46,1 %) atteint lui aussi des sommets très dangereux.
Mais, n'en déplaise à certains, de plus en plus de citoyens n'en peuvent plus. Jusqu'à présent, les victimes du « ras-le-bol » fiscal témoignaient de leur malaise sans faire trop de bruit, se contentant tout simplement de quitter notre douce France. « Qu'ils partent ! Ce sont des traitres !» leur lançaient hargneusement les Mélenchon et autres partisans de la « l'égalisation par le bas ». Et c'est bien là que le bât blesse. Car si les plus favorisés ont les moyens de partir sont trop de dégâts, si ce n'est une réduction des recettes fiscales de l'Etat, les autres, c'est-à-dire la très grande majorité des Français sont contraints de rester et de payer la facture. D'où une vague d'appauvrissement de la classe moyenne, qui, elle aussi, est désormais touchée par le trop plein fiscal.
En revanche, si les « méchants » exilés fiscaux sont partis sur la pointe des pieds, les « gentils » contribuables pris au piège ne manquent pas de crier haut et fort leur mécontentement. A tel point qu'en moins d'une semaine, le gouvernement a dû engager deux reculades en matière fiscale : la première sur la stupide taxation avec effet rétroactif de certains produits d'épargne grand public jusqu'à présent défiscalisés et la seconde sur la fameuse « écotaxe », créée par Jean-Louis Borloo et qui en a très vite abandonné la paternité devant la fronde sociale. De quoi rappeler qu'en politique, le courage se fait particulièrement rare…
Dans la mesure où la pression fiscale française est déjà l'une des plus élevées du monde, décider de ne pas l'augmenter est a priori une bonne chose. Le problème est que ce double revirement nuit encore à la crédibilité économique du gouvernement, qui n'est déjà pas plus haute que trois pommes. Et ce d'autant que compte tenu du refus de réduire les dépenses publiques et de l'absence de rentrées fiscales suffisantes, le déficit public va mécaniquement augmenter. Il sera proche de 4,5 % du PIB en 2013 et d'environ autant l'an prochain. Autrement dit, à l'instar de celles effectuées sur le front du chômage, les promesses de baisse du déficit et de la dette ne seront pas tenues.
Dans ce cadre, si les agences de notation veulent retrouver un peu de crédit, qui, lui-aussi, est particulièrement bas, elles sont désormais contraintes de dégrader nettement la note de la dette publique française. Celle-ci devrait intervenir au cours des prochaines semaines et au plus tard en janvier 2014. Dès lors, jusqu'à présent bienveillants à l'égard de la France, les marchés obligataires devraient consacrer une forte hausse des taux d'intérêt des obligations du Trésor français. Cette tension replongera l'Hexagone dans la récession, l'augmentation massive du chômage, des déficits et de la dette... Un nouveau cercle pernicieux s'engagera alors et Dieu seul sait comment il se terminera…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
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