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Du bonheur en économie

La majorité des gouvernements des pays développés assimile le Produit National Brut, le PNB, qui mesure la richesse matérielle produite par leurs concitoyens à leur Bonheur présumé. Aussi l’équation du bonheur des temps modernes est simple : si la croissance est là, la consommation suit et c’est le bonheur….. ce que mesure précisément le PNB.


Jean-Louis Chambon
Jean-Louis Chambon
Or, rien n’est moins sûr
Car le bonheur reste avant tout une émotion difficile à quantifier, fugace et protéiforme : un rayon de soleil, le regard de l’être aimé, « une première gorgée de bière », un bon fou rire et tout simplement aimer et se sentir aimé.

De même le contentement n’est pas tout à fait le bonheur : c’est une satisfaction plus mesurée, légèrement différente qui reconnaît à la fois comme le dit merveilleusement Roger COHEN (1) : « …la beauté et la noirceur intrinsèque de la vie… » mais qui, grâce à la sagesse permet de surmonter les sauts d’humeur et les revers de fortune pour arriver à être tout simplement heureux.

On voit bien par ailleurs que l’aisance matérielle, ou bien « l’argent » ne suffisent pas au bonheur comme le dit la sagesse populaire.
S’interroger sur le sens de l’existence expose l’être humain à regarder le bonheur en face avec deux quêtes principales que synthétisent ces interrogations : « …c’est quand le bonheur…. » (2) et « …c’est quoi le bonheur ?... ».

Pour le « quand », la réponse la plus évidente est celle d’ALAIN « …espérer, c’est déjà être heureux… » tant il est vrai que l’expérience montre que la fugacité est la compagne de route du bonheur ……espérons donc !
Pour répondre à la deuxième interrogation, il faut revenir à notre réflexion introductive : si le bonheur est si difficile à définir, le mesurer est encore plus délicat.

Pas étonnant que les gouvernements évitent d’approfondir le sujet et peu disposent de moyens formels de mesurer le bonheur de leurs citoyens, à l’exception de quelques approximations telles que : la croissance économique, le revenu par habitant, la confiance des consommateurs, l’espérance de vie…(son allongement étant considéré comme le nec plus ultra …alors que l’on peut vivre peut-être, grâce aux progrès de la science, très très longtemps et malheureux…..).

A contrario, avec le stress de plus en plus pressant qui accompagne la mondialisation, la production et la productivité, le doute sur la capacité du PNB à incarner le bonheur est croissant.

Et c’est paradoxalement d’un pays parmi les plus pauvres du monde, le royaume du BOUTHAN, au pied de l’Himalaya qu’est venue la lumière : le roi du Bouthan, en même temps qu’il montrait l’exemple, en installant la démocratie dans son royaume, a décidé d’instaurer le BNB, le Bonheur National Brut, comme instrument de mesure de la performance du Gouvernement : il est basé sur quatre dimensions pour plus de développement durable : une croissance et un développement économique responsable, la conservation et la promotion de la Culture nationale, la sauvegarde de l’environnement et une bonne gouvernance responsable.

Depuis 1972 l’idée du BNB a fait son chemin dans la communauté internationale. Joseph STIGLITZ et Armatya SEN, Prix Nobel d’économie ont inscrits leurs travaux sur cette même voie : ils croient que le développement durable et le bien-être doivent constituer les critères essentiels de la performance économique et que les avantages économiques n’ont pas de signification en valeur absolue sans les confronter au bonheur qu’ils devraient produire.

En France, à la demande du Président de la République, très impressionné par ce courant de pensée, l’INSEE a été invitée à réfléchir sur le sujet ; elle s’est hélas rapidement aperçu qu’il était plus facile de mesurer le mécontentement que le bonheur…..
Reste que cette prise de conscience que le PIB n’est pas le BNB, structurera sans doute la pensée économique du XXIème siècle, avec toutefois cette limite : les indicateurs, même actualisés du bonheur, ne suffiront pas pour nous rendre plus heureux……

Rien n’est jamais acquis dans ce bas monde et le bonheur non plus.
C’est déjà ce qu’avait compris Thomas J EFFERSON, inspirateur de la loi suprême américaine et de la future déclaration des droits de l’homme qui pensait, après avoir occulté le droit de propriété, priorisé ultérieurement par les républicains de 1789 que : « …les droits innés de tout homme, femme et enfant, sont le droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur….. ».
On remarquera que si les deux premières composantes sont des droits inaliénables quand il s’agit du bonheur, seule sa quête est protégée.

Grande sagesse chez les pères fondateurs des droits de l’homme qui se sont succédés précédant en cela Anton TCHEKHOV pour qui : « …le bonheur n’existe pas. Seul existe le désir d’y parvenir…. ».
Au moment où se tourne la page de 2010 et que tant de brumes pèsent sur l’horizon, souhaitons nous de ne pas faire « l’économie du bonheur, mais de trouver le bonheur dans l’économie ».

(1) In the New York Times – 26 Novembre 2010
(2) Titre du Chanteur CALI

Jean-Louis Chambon
Président du Prix et du Cercle TURGOT, et de la Fédération Nationale des Cadres Dirigeants


Retrouvez les chroniques de Jean-Louis Chambon sur www.canalacademie.com

Dimanche 9 Janvier 2011




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