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Du bon usage des référentiels et de la GRI en particulier…Recentrage urgent !

La question RSE est à un moment particulier en ce début 2015. On perçoit une évolution du discours professionnel en faveur d’une approche « plus durable » des démarches d’entreprise, sous l’effet principal de la prise de conscience croissante des enjeux CO2 par l’opinion (cf. pollution des villes), de l’intérêt de l’économie circulaire pour le business et de la performance de leaders comme Michelin, Accor, Valeo…. qui n’hésitent plus à se situer dans ce courant d’éco-innovation pour promouvoir leur marque.


Patrick d’Humières
Patrick d’Humières
C’est cette dynamique que les meilleurs experts du sujet, à Harvard, transcrivent dans leur dernière étude (cf. article K.Rangan, HBR) en expliquant que la vraie RSE est en train de glisser du modèle philanthropique au modèle opérationnel et de plus en plus vers le modèle stratégique pour répondre à la mutation sociétale, qu’on appelle aussi « l’ubérisation de la société » (merci Maurice Levy d’avoir expliqué comment la rupture par le digital en faveur des services desintermédiés faisait naître une nouvelle économie d’usage qui débloque les rentes et dynamise les marchés, notamment émergents ou non satisfaits…) !

Les « plaques sociétales » se déplaçant très vite sous nos pieds, attention donc à ne pas rester caler sur une RSE formelle qui va se protéger derrière les référentiels historiques, pour faire croire qu’elle existe ; on peut publier des rapports GRI et ne pas répondre à la demande de fond, très simple, qui se fiche de plus en plus de savoir si on est « compliant » ou non ! La demande est aujourd’hui directe : votre marque m’emmène-t-elle dans la durabilité de la planète ou non ? Si oui, prouvez-le, expliquez-le, développez-le avec les communautés intéressées, mais cessez de confondre votre démarche avec l’affichage de référentiels officiels et une accumulation de concordances que les logiciels des raters ont dépassé depuis longtemps. On voit ainsi des entreprises considérer que la G4 et les finesses de la GRI sont une fin en soi dans leurs travaux de matérialité ; elles vont chercher un tampon et en oublient d’écouter objectivement quelques parties prenantes fondamentales …elles cherchent moins l’esprit du dialogue parties prenantes que la réassurance d’un questionnement pour un questionnement ! Cette tentation trompeuse du « tout GRI », comme il y a eu il y a dix ans la tentation du « tout Global Compact » et qu’il y a aussi en France la tentation du « tout 225 », entretient un discours interne et défensif qui se rassure en disant que pour bien conduire il suffit d’appliquer le code de la route (les yeux fermés ?). Cette facilité normative permet de neutraliser des directions financières ou juridiques encore au frein mais elle n’emmène pas l’entreprise dans les trois directions que « l’esprit du bon reporting RSE » fait souffler, si on est attaché d’abord au résultat :

  • « L’esprit RSE » est de résoudre cette question complexe de l’écoute parties prenantes en s’attachant, à travers les multiples modalités disponibles, à faire remonter l’expression de l’attente sociétale objective à l’égard de l’entreprise. Pas de bonne matérialité sans ce « sourcing » sérieux qu’il faut oser faire avec des tiers experts expérimentés, des partenaires engagés et une analyse qualitative de tous les signaux collectés. IRSE recommande la formule des « dialogues day » qui sont des temps forts d’ouverture (modulables) très enrichissants.
  • « L’esprit RSE » est de mettre le reporting au service de l’analyse interne des résultats et pas d’une publication brute et muette ! Une fois la consolidation des données faite, il faut passer autant de temps à traiter les évolutions des résultats qu’à les collecter : que me disent les data et expliquer les variations significatives, entrer dans les comparaisons sectorielles, se positionner par rapport à des objectifs, des intérêts économiques (monétisation) et des engagements passés etc…C’est ce qui nourrit « le tableau de performance RSE » dont la gouvernance aura besoin et que nous aidons à faire remonter des reportings exhaustifs !
  • « l’esprit RSE » est enfin de s’attacher aux ratings dans une logique de valorisation et de dynamique sectorielle, non pour la reconnaissance des équipes, mais bien pour améliorer ses méthodes et ses choix de politiques, ce que CDP particulièrement, DJSI, Footsie4good apportent, si on les fait en recherche de progrès. Encore faut-il là aussi ne pas se contenter des réponses à donner mais bien restituer, lors de la préparation et lors des résultats, le pourquoi des questions et l’intérêt des résultats pour « faire mieux » en logique durable. Irse, en s’appuyant sur cette expertise des ratings, délivre ces recommandations de progrès qui donnent de l’intérêt à l’exercice, pour dépasser sa lourdeur inévitable, souvent angoissante.

Il est à craindre qu’il faudra encore quelques années de pédagogie autour de cet outil mystérieux du « reporting » pour aller du formalisme facile ( pardon à GRI qui a son utilité méthodologique irremplaçable mais que vive la directive européenne qui demande enfin de tout recentrer sur les enjeux pertinents…) à l’exigence managériale (est-ce que mon rapport me dit que je fais plus de découplage, d’équité, de loyauté, d’accessibilité au sein de mon modèle, intégré, financier et non financier ? ) . Mais qu’on ne dise pas que si les reportings sont encore si peu utilisés en management, c’est la faute des dirigeants qui ne pensent qu’au court terme, aux ventes et aux résultats : la RSE est en logique de résultat ou elle n’est pas ! elle est au cœur du « business case » ou elle n’est pas ! Elle est autant à court terme qu’à long terme ! Les dirigeants et la gouvernance aussi, n’attendent qu’une chose : qu’on leur démontre les points névralgiques, les gisements de gain et les attentes pertinentes au regard des enjeux. Le défi du métier RSE est moins qu’on ne le dit dans sa relation aux dirigeants et beaucoup plus dans la volonté des professionnels d’aller plus loin que la restitution des données et de donner du sens à l’outil « comptable ». Quitte à se faire appuyer par des expertises externes dont la fonction est de transmettre ces savoirs, par de se substituer aux responsables, qui ne doivent pas le craindre. C’est bien ce que prouvent les pionniers car « la RSE qui tire le modèle capitaliste » est bien une affaire de pionniers, quoi qu’on dise, qui bousculent les cadres, se donnent des horizons, coopèrent et collaborent avec des conseils comme avec la société civile et s’intéressent moins à l’épaisseur du rapport RSE qu’à la vision communiquée, pour mieux répondre dans le monde d’aujourd’hui à l’aspiration du public pour des « marques (vraiment) durables », bien identifiées autour d’indicateurs clés, faciles à accéder (web), à comprendre et vérifiables sur le terrain…


Patrick d’Humières
www.institutrse.com

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Vendredi 10 Avril 2015




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