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Croissance eurolandaise : 0 % sans l'Allemagne.

Comme nous l'annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, la croissance de la zone euro au premier trimestre 2014 a été faible : seulement 0,2 %. Et ce, en grande partie grâce à l'Allemagne, dont le PIB a progressé de 0,8 % sur la même période. Bien loin de cette performance détonante, les autres pays de l'UEM ont, une fois encore, brillé par leur mollesse économique, certains subissant même une nouvelle baisse de leur PIB : - 0,1 % pour l'Italie, - 0,4 % pour la Finlande, - 0,7 % pour le Portugal et Chypre, - 1,2 % pour l'Estonie et - 1,4 % pour les Pays-Bas. Seule petite lueur d'espoir, le PIB espagnol a enregistré son troisième trimestre consécutif de hausse, progressant de 0,4 %. Il demeure toutefois toujours largement en-deçà de son niveau d'avant-crise. Dans ce cadre, il faut être clair : sans l'Allemagne, le PIB eurolandais aurait stagné au premier trimestre 2014.


Marc Touati
Marc Touati
Déjà observable depuis trois ans, ce décalage durable entre le dynamisme allemand et la faiblesse eurolandaise dans son ensemble devient de plus en plus inquiétant. Il montre qu'en dépit de réformes courageuses dans certains d'entre eux, les pays de l'UEM n'arrivent plus à suivre la locomotive allemande. A croire que le retard accumulé est devenu irrattrapable.

Et dans cette course à l'échalote, la France apparaît de plus en plus larguée. Certes, une fois encore et comme par magie, les meubles ont été sauvés au premier trimestre 2014. En effet, le PIB français a évité de justesse la baisse, enregistrant une stagnation. Pour autant, le détail des comptes nationaux est calamiteux. Et pour cause : hors stocks, le PIB hexagonal chute de 0,6 % au premier trimestre. Tous les postes clés de la demande subissent une baisse massive : - 0,5 % pour la consommation des ménages, - 2,6 % pour l'investissement logement, - 0,5 % pour l'investissement des entreprises et - 0,2 point de contribution pour le commerce extérieur.

Il n'y a donc guère que la formation de stocks (contribution de 0,6 point à la variation du PIB) et la consommation publique (+ 0,4 %) pour masquer l'effondrement de l'économie française au premier trimestre 2014.

Le plus dramatique réside dans le fait que les derniers indicateurs avancés (climat des affaires et confiance des ménages notamment) indiquent que la situation n'est pas près de s'améliorer au cours des prochains trimestres. Dans ce cadre, la prévision d'une croissance annuelle de 1 % pour 2014 s'éloigne encore un peu plus. Une « performance » d'environ 0,8 % apparaît bien plus probable.

Et ce d'autant que le niveau historiquement élevé de la pression fiscale, la poursuite d'un chômage tout aussi historique et le maintien d'un euro trop fort ne plaident pas pour une amélioration.

Sans vouloir tirer sur l'ambulance, l'annonce récente par le Président Hollande du retournement imminent de l'économie française sonne vraiment faux. Bien entendu, plus cette dernière tombe bas, plus il sera facile de remonter. Le problème est que cet espoir de reprise technique dure depuis 2008 et a constamment été déçu.

Et si les gouvernants ont forcément un devoir d'optimisme, la nécessité du réalisme ne doit pas être oubliée, d'autant que les effets négatifs de la déception sont beaucoup plus forts et durables que les effets positifs de la méthode Coué.

Enfin, si le changement de base du PIB a permis de réduire le poids de la dette publique à 91,8 % du PIB, il a aussi augmenté celui des dépenses publiques à 57,2 %, et celui des prélèvements obligatoires à 44,7 %. De quoi rappeler que de tels sommets empêchent mécaniquement la France de renouer avec la croissance forte et durable.

Cette triste incapacité se prolongera tant que ces poids ne seront pas allégés. C'est certes ce qu'ont annoncé vouloir faire MM.Valls et Hollande. Mais n'est-ce pas également ce que n'ont cessé de promettre ce dernier et tous ses prédécesseurs depuis plus de vingt ans, avec les résultats que l'on connaît ? Plus que des annonces, la France a besoin d'actes, sinon, la croissance zéro perdurera, les déficits publics resteront élevés, le chômage battra de nouveaux records et la crise sociale s'envenimera…

Quant à la zone euro dans son ensemble, elle restera engoncée dans la croissance molle et menacée par la déflation. Et ce tant que l'euro/dollar restera supérieur à son niveau d'équilibre, situé entre 1,15 et 1,20 dollar. C'est d'ailleurs là que réside l'une des raisons principales du déphasage entre la vigueur allemande et la faiblesse de la grande majorité de ses partenaires eurolandais. En effet, outre-Rhin, le niveau d'équilibre de l'euro se situe autour des 1,35 dollar, alors qu'il est par exemple de 1,05 dollar pour la France et inférieur à 1 pour la totalité des pays du Sud, atteignant même 0,65 dollar en Grèce.

Nous touchons là au problème essentiel de l'UEM : elle n'est pas terminée et ne constitue pas une zone monétaire optimale, c'est-à-dire une zone homogène avec une harmonisation des conditions fiscales et réglementaires, un marché du travail unique et un budget fédéral. Aussi, tant qu'elle restera éloignée de cette situation, la zone euro demeurera fragile tant économiquement que politiquement et sera par là même menacée jusque dans son existence.

Que ce soit pour la France ou pour l'UEM, le choix est donc malheureusement simple : soit la voie de la réforme et de l'efficacité économique, avec, à la clé, un sauvetage durable ; soit celle de l'immobilisme et du dogmatisme, avec, in fine, la crise économique, politique et sociétale. Espérons donc que, pour une fois, nos dirigeants sauront faire le bon choix…

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com





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Lundi 19 Mai 2014




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