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Crise financière : quelles leçons à retenir pour gérer les futures crises du développement durable ?

Jean Vilar disait du théâtre cherchant à se transformer, que « C’ETAIT CELA LES CRISES du théâtre, SA TRANSFORMATION ! » Et il ajoutait que « tant que le théâtre était en crise, LE THEÂTRE SE PORTERAIT BIEN ».


Chiheb Mahjoub
Chiheb Mahjoub
Sans avoir la prétention de revenir sur les milliers d’analyses et opinions qui ont alimenté les chroniques de l’été et du début de l’automne, nous pensons la régulation du risque financier systémique est un rempart indispensable qui a fonctionné ces derniers jours pour organiser la lutte contre la crise actuelle de la dette des états. Ces développements se renforcent d’une transformation simultanée des mentalités des politiques, industriels et des citoyens et de leurs actes. Nous sommes persuadés que nous entrons après trente glorieuses d’après guerre, trente années d’ultra libéralisme, dans une ère de capitalisme durable socialement responsable. Enfin nous soumettons au débat d’aujourd’hui l’idée que les enseignements des crises bancaires et financières peuvent constituer un formidable étalon pour anticiper et gérer ce qu’il convient d’appeler dès aujourd’hui la crise énergétique et environnementale en ayant la conviction que régulation et confiance sont deux piliers sur lesquels le développement durable doit aussi construire ses fondations.

La crise bancaire de 2008 a permis d’avancer dans deux directions :

1. Une progression importante de la gouvernance des systèmes bancaires et financiers globaux et la mobilisation immédiate de l’ensemble des pays sous l’égide du G8.

2. Une réelle gestion du risque bancaire systémique, avec notamment les réformes structurelles comme Dodd Franck et Basle 3.

Quels sont les principaux composants de la gouvernance bancaire d’aujourd’hui ?

a. Les instances mondiales telles que le FMI acteur majeur de la stabilité financière internationale et de la coopération monétaire et prêteur des états en difficultés, la Banque des Règlements Internationaux à travers son Comité de Bâle, ou la Banque mondiale dont le rôle a évolué depuis Bretton Woods vers des rôle de financements de l’infrastructure durable des pays en voie de développement.

b. Les instances régionales telles que la FED et la Banque Centrale Européenne, chargées de stabiliser la liquidité régionale, de gérer les stocks monétaires et d’ajuster les politiques de change aux fluctuations des marchés
Dès lors que le risque systémique bancaire est géré dans un mouvement que nous qualifierons d’autorégulation, l’impulsion politique doit désormais faire la preuve de sa fonction en remettant les états sur la voie de l’équilibre budgétaire et de la compression du poids des intérêts de la dette. Il y a de vraies questions de gouvernance en Europe de ce point de vue. On peut aussi légitimement interroger les moyens à disposition du FMI ou de l’Europe pour agir. Mais il faut aussi y voir une opportunité pour avancer face à la dominance de l’urgence et nous y sommes presque avec l’extension des prérogatives du FESF. D’une certaine façon la crise grecque, dont les racines sont connues depuis 20 ans, pourrait constituer un nouveau point de salut pour l’avenir européen et de sa communauté économique.

Les mentalités et les actes sont entrain de se transformer :

KURT SALMON, de par sa position d’observateur et consultant de la vie économique et sociale, a acquis une conviction face aux enjeux du développement durable. Sans esquive, ni radicalité, nous observons que les mentalités comme les actes sont déjà entrain de se transformer.

Pour illustrer simplement notre propos, nous avons souhaité partager les orientations d’interventions récemment conduites par nos équipes de consultants en Grande Bretagne pour le compte d’une grande banque généraliste.
Cet été, dès le lendemain des émeutes en Grande Bretagne, une grande banque britannique a constaté une fuite importante d’une partie de ses clients vers des acteurs concurrents mutualistes.

Cet acteur étant reconnu comme une des banques les plus robustes au monde en termes de disponibilité des fonds propres, en creusant l’analyse, l’équipe s’est aperçue que nous assistions en fait à une réaction épidermique des switchers. Leur démarche est en réalité motivée par une opposition aux puissants, dans un amalgame confondant d’un côté dénonciation des banques voyous, et de l’autre recherche de valeurs et de liens de solidarité. Ces consommateurs britanniques n’ont pas acheté la sécurité. Ces consommateurs n’ont pas plus cherché à acheter un panel de produits et services immédiatement différents pour eux. Ils ont en fait acheté l’esprit de la banque mutualiste.

Face à ces constats étayés, la démarche de conseil que nous poursuivons est innovante : refondre le modèle de gestion de la valeur des clients en intégrant les différents paramètres du développement durable. Quels produits et services pour les clients pour quels attendus en matière de contribution aux objectifs sociétaux et environnementaux ?

Nous ne sommes plus dans le marketing du développement durable mais dans le marketing durable. C’est là une grande différence à nos yeux.
Nous voyons en la crise bancaire et financière des leçons à tirer face aux crises énergétiques et environnementales.

Transformation du secteur financier et bancaire, transformation du secteur énergétique, puis transformation des modes de gouvernance de l’économie durable ?

Prenons nous un instant à anticiper le monde de 2014 : une finance mondiale régulée, BASLE 3 en œuvre et le risque bancaire systémique derrière nous, des états européens à nouveau sur une trajectoire économique maîtrisée, un monde de paix enfin ?

Il manque de ce point de vue une vraie transparence du débat sur un des autres grands piliers de la durabilité : l’accès aux matières premières en général et aux ressources énergétiques et pétrolières en particulier et leurs corolaires, la lutte conte le changement climatique, qui occasionnera d’ici 2050 trois cent millions d’exilés climatiques (source ONU).

L’Agence Internationale de l’Energie publiait fin 2010, discrètement, mais tout aussi officiellement que le Peak Oil était en fait déjà passé et daté à 2006… Depuis quelques semaines, les scénarii de prix du pétrole font l’objet de nombreuses discussions. Certains anticipent déjà un surchoc pétrolier à 180$ le baril avant 2015. Bank of America revoit ses prévisions 2012 à la hausse tablant sur un prix du baril à 110-120$.

Cela n’était pas prévu comme cela. Cela n’est pas sur ces hypothèses que le monde fonctionnait il y a encore 2 ans. Si ces enjeux ne sont pas encore dans le domaine du débat médiatique pour l’heure, on observe une vague de réactions du côté de la demande énergétique. Des groupes français mondiaux relancent leur communication en matière de politique énergétique. Lafarge, Michelin, Rhodia pour ne citer que quelques exemples sont tous entrain de mettre en place des objectifs ambitieux à l’horizon 2015 en matière de part des énergies alternatives dans leur portefeuille d’approvisionnement, d’objectifs d’efficacité énergétique.

Du côté de l’offre en revanche, les orientations demeurent encore floues : quels niveaux d’investissements engagés pour assurer la substitution du pétrole conventionnel par des sources non conventionnelles ? Où placer le curseur entre commercialisation d’énergie conventionnelles, développement des systèmes énergétiques alternatifs et promotion des services d’efficacité énergétique ?

Enfin, côté gouvernance mondiale, pas de signaux clairs pour l’heure sur le cap à prendre. Pourtant il semble bel et bien venu le temps de hisser le risque énergétique au même rang que le risque bancaire et financier. Dans des mondes ultra libéralisés comme la finance et l’énergie où les interactions sont très fortes entre les acteurs privés, il semblerait presque une évidence de considérer qu’il est de la responsabilité de la puissance publique et de la gouvernance mondiale de garantir les stocks monétaires tout comme les ressources physiques. Mais qui aujourd’hui par exemple garantit que les ressources pétrolières non conventionnelles compensent effectivement le déclin des ressources conventionnelles ? A l’inverse, est-ce bien le rôle d’un Etat comme la France de mettre son veto sur l’évolution des prix de détail du gaz alors que la bulle gazière sur le marché de gros est proche de la fin ?

Pour conclure, avant même d’envisager des modèles révolutionnaires, il nous semble qu’il convient d’abord de tirer les enseignements des expériences immédiatement accessibles et d’accélérer le partage de ces expériences. Ca n’est parce que tous les modèles opératoires ne sont encore murs pour certains, stabilisés pour d’autres qu’il faut un instant envisager de ranger le concept puissant de développement durable au rang des chimères du siècle dernier.

Régulation et Confiance sont deux piliers sur lesquels le développement durable doit aussi construire ses fondations.

Plus que jamais nous sommes convaincus que le développement durable demeure le seul horizon possible pour l’humanité.


Tribune de Chiheb Mahjoub – CEO de Kurt Salmon
www.kurtsalmon.com

Vendredi 25 Novembre 2011




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