Pour la première fois, 251 asset owners* de 9 pays**, détenant au total 7 500 milliards d’euros d’actifs, ont été interrogés sur leurs définitions de ces notions en pleine construction. L’enquête permet de savoir comment ils associent les pratiques ESG à leur responsabilité fiduciaire et en quoi elles favorisent une meilleure prise en compte du long terme. Si 69% des investisseurs interrogés déclarent intégrer les enjeux ESG dans leur gestion d’actifs, motivations et pratiques sont très disparates d’un pays à l’autre.

Des visions disparates
Si le premier facteur incitant à l’intégration ESG est la contribution à un modèle de développement plus durable pour les Français (59%) ou les Allemands (68%), cette opinion est très minoritaire chez les Danois (21%) ou les Anglais (17%). De même, protéger sa réputation est une priorité en Finlande et au Danemark (plus de 40% dans les deux cas), alors que c’est une préoccupation mineure en France (11%) et inexistante au Royaume-Uni. Enfin, la maîtrise des risques de long terme est mise en avant par un tiers des investisseurs français et hollandais et moins de 15% des Allemands, Espagnols ou Finlandais. À noter : une singularité anglaise car les investisseurs du Royaume-Uni sont les seuls qui considèrent majoritairement l’intégration des enjeux ESG d’abord comme un facteur de performance financière (57%).

L’intégration, un atout pour les performances de long terme
84% des investisseurs interrogés considèrent que la prise en compte de critères ESG dans la gestion maximise l’intérêt des bénéficiaires sur le long terme. Ce résultat témoigne de la progression de cette idée car il y a encore 5 ans, avant le lancement des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), les investisseurs considéraient que l’intégration ESG pouvait être contradictoire avec leur responsabilité fiduciaire. Pourtant, cette conviction ne suffit pas à emporter leur décision puisqu’ils sont 69% seulement à déclarer adopter ce type de gestion. Leurs pratiques sont pour le moins hétérogènes selon les pays. Si la sélection ESG est l’approche de loin majoritaire en France (81%), c’est l’engagement actionnarial qui est privilégié au Royaume-Uni (77%) mais, au Danemark, il est combiné avec de l’exclusion normative (plus de 40% dans les deux cas).

La priorité reste aux performances de court terme mais les mentalités évoluent
Bien que la majorité des répondants (54%) continuent à penser qu’une performance de long terme se construit à travers des performances de court terme, ils sont malgré tout 28% à penser qu’elle peut aussi s’obtenir en privilégiant la gestion des risques de long terme. En outre, 18% d’entre eux se déclarent prêts à accepter une performance moindre pour financer la transformation de l’économie vers un développement plus durable.

* Asset owners (par opposition à asset managers) : il s’agit des donneurs d’ordre que sont les banques, les assurances, les fonds de pension, les institutions financières publiques, les fondations, etc.
** Panel de l’étude : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Royaume-Uni et Pays-Bas.

Novethic, filiale de la Caisse des Dépôts, est un centre de recherche sur l’Investissement Socialement Responsable (ISR) et la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE).

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