Europe des paiements, les banques se hâtent lentement
22/04/2006
Effet ciseaux
Les banques ont, il est vrai, de bonnes raisons de faire de la résistance passive. En 2010 au plus tard, les vingt-cinq pays de l’Union européenne doivent constituer une zone unique de paiement dans laquelle les particuliers et les entreprises pourront effectuer des opérations transfrontalières aux mêmes conditions (de sécurité, d’efficacité) et au même coût que dans leur pays. Cela nécessite d’une part de créer des paiements européens comme le credit transfert (virement) ou le direct debit (l’équivalent de notre prélèvement automatique), d’autre part de substituer à plus de 120 chambres de compensation (7.000 établissements de crédit et caisses d’épargne utilisateurs dans l’Eurozone) un système unique (Pan-European-Automatic Clearing House).
Le montant des investissements de l’industrie bancaire pour y parvenir s’élèverait à 10 milliards d’euros, selon les calculs du Tower Group. S’y ajoutent des coûts opérationnels supplémentaires entre 2008 et 2010, période où pourront cohabiter les anciens et les nouveaux moyens de paiement. Si elles souhaitent ne serait-ce que maintenir leur rentabilité globale, les banques, confrontées à un effet ciseaux (coïncidence d’une hausse spectaculaire des coûts et d’une baisse significative des marges), devront augmenter très sensiblement leur productivité : on parle de 10 % de gains par an. « i[Dans ces conditions, explique un spécialiste du dossier dans une banque française, nous assurerons le service minimum s’agissant de ce qui est déjà dans les tuyaux [NDLR : virement, prélèvement, carte] et nous nous rattraperons sur les services à valeur ajoutée, virement commercial européen avec systèmes d’alertes et réconciliation par exemple.]i »
Peu d’élus à l’arrivée
Il n’est donc pas douteux que Sepa laissera des traces dans le paysage bancaire. Le métier du cash management, de plus en plus gourmand en investissements, devrait être confisqué par une poignée de très grosses cylindrées, les acteurs plus modestes profitant de l’occasion pour sortir du marché. Pour l’instant, tous ou presque assurent être dans les starting-blocks. « i[Effectivement, nous continuons d’investir massivement en Europe, où notre expertise globale sur les paiements et notre flexibilité en termes de cut-off times [NDLR : heure limite de remise des instructions] ou de communications via FileAct sont devenues décisives pour nos clients]i », confirme Laurent Terseur, vice-président Treasury Services chez JPMorgan, à qui Etienne Bernard, responsable market-coverage à ABN Amro, répond en écho qu’« ABN Amro fera partie des consolidateurs dans le métier du cash management ». La course est lancée et déjà, certains établissements proposent des services de facturation et de règlement électroniques, synonymes pour les entreprises d’appréciables économies de coûts, d’efficacité du back-office et d’amélioration des prévisions financières.
Pour les entreprises, Sepa constituera d’ailleurs sans conteste une avancée spectaculaire (paiements en euros dans un format standard, forte diminution du nombre de partenaires bancaires, etc.). Il est communément admis que l’économie réalisée par les utilisateurs finaux atteindra 30 milliards d’euros par an.
D’ailleurs, 74 % des entreprises estiment que Sepa aura un impact positif sur leurs affaires, selon une enquête de LogicaCMG. Le plus curieux, c’est que ce taux ne soit pas de 100 %.
Article rédigé par Arnaud brunet – le 03/03/2006 – L’Agefi Hebdo
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