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Entretien | Stéphane Boukris, Excelsior - « Ma plus grande force c’est de savoir propulser le business de 0 à 1 »

Trublion de l’entrepreneuriat, assumant pleinement échecs & succès, Stéphane Boukris est aussi connu pour l’éphémère aventure polémique de FaisMesDevoirs.com que pour le succès d’Ametix, revendu au groupe La Poste en 2017. Aujourd’hui, l’homme fait une nouvelle fois la une de la presse business en revendant sa dernière et toute jeune épopée en date, Excelsior au groupe Alan Allman Associates. Loin de s’arrêter en si bon chemin, il va continuer l’aventure à Dubaï pour doubler l’emprise d’Excelsior, notamment dans l’accompagnement des sociétés internationales de renom dans le Web3. Récit d’une cession et réactions sur l’écosystème avec un entrepreneur désormais tourné du côté où le soleil se lève… ;)

Propos recueillis par Anne-Laure Allain


Vous venez de céder Excelsior, à l’écosystème Alan Allman Associates, pouvez-vous nous expliquer le positionnement de l’entreprise ?

J’ai fondé Excelsior en octobre 2019 dans l’idée d’être dans les services du numérique. Je ne suis pas un chercheur d’or mais un bon vendeur de talents. Pour être plus concret : nous savions alors identifier les talents du numérique et organiser des événements. L’aventure Excelsior démarre sur ces deux métiers : le conseil en recrutement/service et le conseil en événementiel avec des hackathons pour des entreprises comme Crédit Agricole ou des diners avec des éditeurs de logiciels (Salesforces, Google).
Il y a un an et demi, une troisième activité est venue se greffer : celle de la transformation digitale, de l’accompagnement vers le WEB3 au travers de la pédagogie et de la création d’expériences. Excelsior est un enfant de la crise né au début de la pandémie du Covid. Nous formons une équipe combative constituée d’une centaine de personnes dont 20 permanents au siège. Je n’ai pas eu, une seule démission depuis le début de l’aventure.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, nous sommes légèrement en dessous de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un EBITDA, d’1,3 million. Au cours du dernier exercice, nous avons multiplié par quatre l’EBITDA et par deux, le chiffre d’affaires.

Comment l’aventure WEB 3 s’est-elle greffée à l’ensemble ?

Le WEB3 s’articule comme une activité complémentaire, connexe à ce que nous faisions auparavant.
Souvenez-vous : fin 2021, Mark Zuckerberg annonce la transformation de Facebook en meta. Nous étions déjà à l’écoute, les demandes clients allaient dans le même sens et nous disposions des équipes pour les accompagner. C’est l’un des avantages de ces trois verticales : nous avons acquis la confiance de certains clients via le recrutement ou l’événementiel, nous pouvions déployer l’évangélisation sur le sujet : ce que nous avons fait avec des groupes comme L’Oréal, Bel ou la Matmut. Pour certains, à l’instar d’Axa, Crédit Agricole ou Unibet, nous fournissons un accompagnement complet allant du recrutement jusqu’au déploiement dans le metavers.

L’entreprise est jeune. Elle va bien. Elle est ancrée sur un sujet porteur où il y a encore beaucoup de choses à faire, pourquoi lancer un process de vente auprès d’une banque d’affaires ?

Ce n’est pas ma première aventure entrepreneuriale : je connais mes forces et mes faiblesses. J’étais en mesure de développer l’entreprise seul, jusqu’à ce stade. Désormais, nous allons amorcer une nouvelle étape : l’international qui représente aujourd’hui moins de 5% de notre activité. Nous nous sommes donc adossés à un groupe qui sait faire cela. Le premier marché d’Alan Allman c’est l’Amérique du Nord, puis Singapour. A partir de septembre, nous allons développer avec Excelsior toute la partie Moyen-Orient avec les nouveaux marchés que sont les Émirats, l’Arabie Saoudite. Ouvrir un bureau là-bas, c’est une démarche que je n’aurais pas su faire seul.

N’y-a-t-il pas un risque de désintégration d’Excelsior à l’intérieur de ce grand groupe ?

Nous aurions pu lever des fonds comme tout le monde, il était plus intéressant de s’adosser à un groupe. Beaucoup pensent que je vais partir. Pas du tout : je suis désormais actionnaire de Alan Allman Associates. Nos sorts sont liés et j’ai tout intérêt à contribuer à déployer le groupe (0,74 % pour une capitalisation aux alentours des 420 millions d’euros au 28 mars 2023).
Si je les ai choisis parmi la douzaine de dossiers c’est aussi parce qu’ils savent intégrer sans désintégrer : ils cultivent l’identité de chacune de leur participation.
J’ai trop subi des boites qui se font écrabouillées et qui perdent leurs identités. La rencontre avec Jean-Marie Thual, le président d’Alan Allman Associates, a beaucoup compté. Nous avons eu une immédiate compréhension directe et mutuelle. Autre avantage non négligeable : ils ont un « skills center ». Il y a encore plein de points à conquérir pour Excelsior. A l’échelle mondiale, nous sommes au milieu d’une masse de 20 000 entreprises susceptibles d’être considérées comme des concurrentes. Il va nous falloir des expertises mobilisables de suite pour satisfaire les nouveaux clients et ils mettent cela à disposition de leurs filiales : de la DSI à la direction marketing en passant par la direction juridique.

Comment cela va-t-il se passer concrètement ?

La marque Excelsior tout comme son siège à Levallois-Perret, demeurent. Je conserve les mêmes fonctions à l’intérieur de l’entreprise. D’un point de vue purement opérationnel, je vais me concentrer sur l’international. A partir de la rentrée, je m’installe à Dubaï (1/3 du temps à Paris), au cœur du Moyen-Orient qui est aussi une fenêtre sur l’Asie. C’est une économie qui rayonne dans le monde avec des croissances insolentes, voire vertigineuses et des projets pharaoniques. Nos locaux seront au cœur du Dubaï Internet City. Je m’apprête à constituer une équipe sur place mais ceux de Paris qui veulent me suivre, sont les bienvenus. L’objectif étant de doubler la taille d’Excelsior.

Des nouveaux clients à annoncer ?

Il y en tous les jours ! De Franck Provost à Loxam. Nous devrions pouvoir en dévoiler un nouveau dans la finance en Asie d’ici à 2/3 semaines. Nous faisons entre 20 et 30 nouvelles opérations chaque mois, cela va extrêmement vite. Nous déployons aussi notre expertise auprès de clients existants comme Vivendi ou Publicis, mais aussi La Saur ou Elior. Sur une année, nous avons plus de 80 clients et là, cela va doubler !

Nous rencontrons tous les jours, de nouvelles agences dans le WEB3, qu’est-ce qui fait votre différence sur le marché ?

Nous avons pris le virage WEB3 assez tôt. Nous avons donc développé un réseau mondial : lorsque nous accompagnons un grand groupe français, nous avons la capacité de faire intervenir des personnalités comme Neal Stephenson, le créateur du mot Metavers via ses romans de sciences-fictions. Nous avons aussi des builders intégrés qui construisent des expériences ce qui procure une réelle fluidité pour nos clients. Par ailleurs, nous vivons aussi le metavers sur nos autres métiers. Pour la partie Talents/ recrutements, nous avons créé des modules spécifiques pour cela.

Mais le metavers en est encore aux balbutiements et beaucoup de marques s’en servent pour faire un coup de communication, comment dépasser cela ?

Il y a, bien entendu, beaucoup de choses qui sont « bullshits » ou qui tendent à des expériences plus complètes qui ne sont pas encore réalisables comme avoir un CRM, ou un ERP adapté.
Il y a cependant, des expériences qui fonctionnent vraiment bien : comme les RH et toutes les thématiques autour du recrutement. Vous pouvez faire passer un entretien dans le metavers et éliminer par la même occasion, la discrimination. Accompagner l’on-boarding du candidat ou fédérer les équipes via des escapes games, faire un roadshow à l’international, tout cela est désormais fluide. Nous créons tous les jours des solutions pour des Comex ou des regroupements internationaux qui ont l’avantage de présenter un important impact écologique. D’aucuns pensent que le metavers pollue. Or, c’est tout le contraire : quand vous réunissez 200 personnes dans le virtuel versus 200 personnes qui prennent un billet d’avion, l’empreinte carbone est beaucoup plus faible.

En tant que serial entrepreneur, comment jugez-vous tout ce qui se passe en ce moment sur le marché ? Par exemple, vous avez fondé FaisMesDevoirs.com, boycotté dès sa sortie par des membres du gouvernement, quel regard portez-vous sur ChatGPT ?

FaisMesDevoirs.com, c’était une aventure assez unique : 1 million de visiteurs uniques en trois heures et fermeture du site au bout de trois heures avec 20 000 commandes non honorées.
Pour ChatGPT, je le vois comme un outil. Pour moi, il y a deux catégories de personnes. Celles qui veulent bannir la calculatrice pour que les enfants apprennent à calculer. Et celles qui veulent autoriser la calculatrice à tout le monde parce ce qui compte c’est le raisonnement. Je fais partie de la seconde catégorie. L’idée c’est de savoir si un élève est capable de réfléchir ou pas. Mais c’est toujours un peu comme cela quand arrive une nouvelle technologie : il y a la peur des révolutions. C’est ce qui avait été dit sur Google ou Wikipedia. Soit, vous êtes en mesure de soutenir vos réflexions soit, vous n’êtes pas en mesure. Pour ma part, c’est une bonne chose, c’est schumpetérien : cela va libérer du temps pour faire autre chose et ne remplacera pas la réflexion. On vit une époque formidable sur le plan technologique et l’IA est, à ce stade, encore plus révolutionnaire que le métavers.

Justement, il y a, un véritable boom technologique et, en même temps, un resserrement des conditions de financements des entreprises, vous êtes Business Angel dans une cinquantaine d’entreprises, c’est un phénomène que vous ressentez ?

Oh que oui. Je le mesure via le nombre de dossiers reçus : j’en suis à dix par jour. Or, je suis en deuxième ligne : je ne suis pas Marc Simoncini ou tout autre BA référent. Il y a donc des difficultés sur le marché. Cependant, je pense que les boites en croissance et rentables, ont leurs chances. En revanche, les entreprises qui ne font que promettre de faire de l’argent en 2028 et font le show à côté, ne peuvent plus fanfaronner. Il faut créer de la valeur, de la traction et le prouver. Ce qui est valorisable auprès d’un Business Angel : c’est le travail que vous avez fourni auparavant. Il y a un proverbe africain qui dit : d’abord tu travailles pour ton nom et, par la suite, ton nom travaille pour toi. Finalement, ce n’est pas plus mal : il y avait des valorisations incroyables sur certaines entreprises. J’ai toujours préféré la gestion en bon père de famille. Et, le chiffre d’affaires d’Excelsior est supérieur à quelques licornes qui valent des milliards aujourd’hui mais sont dans le rouge.

Quelle est la prochaine aventure de Stéphane Boukris ?

Pour les prochaines années ? L’international, nous y avons de très grandes ambitions.
Et, à plus moyen terme, j’aimerais bien refinancer un projet artistique comme j’ai pu le faire par le passé avec Robin des Bois. (NDLR : entre autres aventures, Stéphane Boukris s’est lancé en 2013 dans la production de la comédie musicale Robin des Bois avec Matt Pokora.)

Comment vivez-vous le fait d’être à l’origine de projets souvent visionnaires et puis, de passer la main ?

Je ne le prends pas mal du tout ! Pour moi, il y a deux types d’entrepreneurs : les bâtisseurs et les gestionnaires. Ma plus grande force c’est de savoir propulser le business de 0 à 1. C’est le moment le plus difficile et le plus risqué de l’entreprise : lorsque personne ne croit en vous et que vous partez d’une feuille blanche. Passer de 1 à 2 ou 1 milliard, c’est moins excitant. La Poste avec Ametix a fait quelque chose d’exceptionnel et c’est une véritable fierté. Je pars justement à l’international pour vivre une nouvelle aventure avec Excelsior. Et, finalement, accompagner des jeunes entreprises, c’est aussi, aider d’autres à passer de 0 à 1 sans les galères au quotidien.

Par Anne-Laure Allain

A propos de Stéphane Boukris
Ancien ESSEC/ESCP, Stéphane Boukris est un entrepreneur à succès dans les secteurs de la tech et de l’entertainment, lauréat de la BFM Académie 2008, reconnu comme un expert du digital marketing et Top 100 Influenceurs Linkedin®. Après avoir cédé Ametix au Groupe La Poste, il a fondé en 2019 Excelsior (entreprise de conseil dans le numérique) qui compte 100 collaborateurs. Stéphane est également investisseur dans 50 startups, que ce soit en direct, via L’Express Ventures (co-fondé avec le groupe Altice) ou via SIDE Capital.
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Jeudi 30 Mars 2023




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