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Balthus – 100e anniversaire

SUISSE : J’y ai vécu si longtemps que j’en arrive à me croire suisse. C'est durant la première guerre mondiale que j’ai découvert ce pays. J'aurais tant de choses à raconter dessus... La Suisse a joué un rôle important dans ma jeunesse et, depuis, j’y retourne toujours, presque comme par hasard... (Balthus)


Balthus " Autoportrait" © Coll. Part. © ADAGP
Balthus " Autoportrait" © Coll. Part. © ADAGP
« La meilleure façon de commencer est de dire : Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures. » Telle est la réponse que Balthus adressait il y a quarante ans exactement à la Tate Gallery, qui organisait une rétrospective et voulait un texte de présentation.

La prochaine exposition de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny, Balthus (100e anniversaire), orchestrée par Jean Clair et Dominique Radrizzani, concentre à Martigny les chefs-d’œuvre de Balthus. Plusieurs anniversaires s’accrochent à cet événement : le centenaire du peintre d’abord, mais aussi le vingt-cinquième anniversaire de sa redécouverte lors de la grande rétrospective du Centre national d'art de culture Georges Pompidou en 1983, ou encore le trentième anniversaire de l’inauguration de la Fondation Pierre Gianadda le 19 novembre 1978.

Ce n’est pas la première fois que Balthus est valaisan. C’est même en Valais que tout commence, près de Sierre où, chaque année, le poète Rainer Maria Rilke invite la mère et les enfants à venir se distraire dans son château de Muzot. Rilke préfacera le livre Mitsou du très jeune Balthus (dessiné à 11 ans, publié à 13) et le premier tableau connu Paysage de Muzot, peint en 1922 à l’âge de 15 ans, témoigne également d’un « Valais de l’enfance ».

Souvent à contre-courant et à l’écart des avant-gardes, Balthus développe bientôt dans le secret de son atelier parisien, un style unique et mystérieux, qui renoue avec la peinture du Quattrocento italien (en particulier Piero della Francesca) et prolonge la grande tradition française (Poussin, Ingres, Courbet). Comme Alberto Giacometti, dont il se rapproche et qui deviendra son meilleur ami, Balthus se méfie du Surréalisme pour se cramponner à la figuration et en explorer les arcanes compliqués, n’hésitant pas à se tourner vers la leçon alors décriée (jugée par trop conservatrice) d’André Derain.

La rétrospective invite à une traversée de toutes les périodes et de tous les thèmes de Balthus : portraits, paysages, sans oublier les jeunes nymphes alanguies qui constituent l’ingrédient majeur du « mystère Balthus » (Thérèse rêvant, Jeune fille endormie, Les Beaux Jours).

L’exposition confronte les deux mythiques paysages urbains de Balthus, La Rue de 1933 (entrée du vivant de l’artiste au Museum of Modern Art de New York) et Le Passage du Commerce-Saint-André, réalisé vingt ans plus tard. Deux archétypes du spectacle de la ville, deux icônes de la rue qui, tout en décrivant sur un mode étrange le théâtre de la vie, inscrivent Balthus dans « la grande tradition de la peinture pour laquelle la toile est un espace géométrique à remplir » (Antonin Artaud).

En 1933, La Toilette de Cathy (présentée pour la première fois en Suisse) est issue d’un projet d’illustration des Hauts de Hurlevent. Proche d’Antonin Artaud et de son « Théâtre de la cruauté » – Balthus réalise les décors et costumes de la fameuse représentation des Cenci –, son projet d’illustration reflète une profonde révolte intérieure et contient en germe tout un système esthétique : « Je veux, écrit Balthus, y mettre beaucoup, beaucoup de choses, de la tendresse, de la nostalgie enfantine, du rêve, de l’amour, de la mort, de la cruauté, du crime, de la violence, des cris de haine, des rugissements et des larmes! Tout cela, tout ce qui est caché au fond de nous-mêmes, une image de tous les éléments essentiels de l’être humain dépouillé de sa croûte épaisse de lâche hypocrisie! Un tableau synthétique de l’homme tel qu’il serait s’il savait encore être grand. »

De Mitsou (1919) au Lever (1978) en passant par Thérèse rêvant, Le Salon II ou Les Poissons rouges, le chat habite l’univers de Balthus. Son animal fétiche. Affectant volontiers le mystère, l’ironie et la distance, Balthus se représente lui-même en Roi des chats (1935) et, dans une lettre de sa Correspondance amoureuse parfaitement contemporaine à l’exécution de ce célébrissime autoportrait, il déclare : «Vive les Chats! et restons sur notre mur et regardons les hommes avec notre ironie méprisante et hautaine s’agiter comme des déments et mal se conduire.» Quelque quinze ans plus tard, le savoureux (et savourant) Chat de la Méditerranée est encore un autoportrait.
A côté d’un parcours anthologique du génie pictural de Balthus, une salle entière révèle les extraordinaires dessins, tout d’acuité et de sensualité.

Repères biographiques
1908: Naissance le 29 février à Paris de Balthasar Klossowski, dit Balthus. Il est le second fils d’Erich Klossowski (1875-1946), peintre et historien de l’art, et d’Elizabeth Dorothea Spiro (1886-1969), dite Baladine. Son frère aîné est l’écrivain et dessinateur Pierre Klossowski (1905-2001). Etablis dans le quartier de Montparnasse depuis 1903, Eric et Dorothea sont liés avec René Auberjonois, Pierre Bonnard et Rainer Maria Rilke.
1914: De nationalité allemande, la famille est contrainte de quitter la France. Après avoir été recueillie par le pro-fesseur Jean Strohl à Zurich, elle s’établit à Berlin.
1917: Le couple Klossowski se sépare. Mère et enfants s’installent quelques mois à Berne avant de se fixer en novembre à Genève.
1919: Balthus est inscrit au lycée Calvin. Réalisation de Mit-sou. Eté à Beatenberg.
1921: Publication de Mitsou avec une préface de Rilke. Au prin-temps, Baladine et ses fils se réinstallent à Berlin. Eté à Muzot avec Rilke.
1923: En mai, Baladine et Balthus quittent définitivement Berlin pour Beatenberg.
1924: Printemps à Paris. Eté à Beatenberg, où il fait la connaissance d’Antoinette de Watteville, alors âgée de douze ans. A Paris, montre ses dessins à Bonnard et Mau-rice Denis, qui lui conseillent de copier les Poussin au Louvre.
1926: Grâce au mécénat du professeur Jean Strohl, passe l’été en Toscane à copier les fresques de Piero della Francesca et Masaccio.
1930: Passe plusieurs semaines en été avec les Watteville et s’éprend d’Antoinette, dont il fait le premier portrait. Dès octobre, service militaire au Maroc, d’abord à Kenitra puis à Fès, jusqu’en décembre 1931.
1932: De mai à octobre chez les Watteville à Berne. Rend visite à Auberjonois à Lausanne. Travaille aux illustrations de Wuthering Heights.
1933: Dès mars, loue un atelier à Paris. Se lie avec Jouve, De-rain qui lui donne des conseils techniques. La Rue. Visite d’André Breton, à la tête d’une délégation de surréalistes (Paul Eluard, Alberto Giacometti, etc.). L’orientation na-turaliste de Balthus les déçoit. Se lie avec Giacometti.
1934: Visite de Picasso. En avril, exposition à la galerie Pierre (Jeune fille en costume d’amazone, La Leçon de gui-tare qui fait scandale).
1935: Crée les décors et costumes des Cenci d’Artaud. Publie huit illustrations pour Wuthering Heights dans Minotaure. Réalise Le Roi des chats et la première étude de La Monta-gne.
1937: Epouse Antoinette de Watteville le 2 avril.
1939: Mobilisé et envoyé en Alsace en septembre, il y est blessé et rentre à Paris en décembre.
1940: S’installe avec Antoinette à Champrovent.
1942: Devant l’avancée des Allemands, quitte Champrovent et s’installe avec Antoinette à Berne puis Fribourg. Nais-sance de son fils Stanislas.
1943: En novembre, la galerie Moos de Genève lui consacre une exposition.
1944: Naissance de son fils Thadée.
1945: S’installe à la villa Diodati à Cologny, près de Genève, se lie avec l’éditeur Albert Skira, fait la connaissance d’André Malraux, retrouve Giacometti.
1946: Vernissage à la Kunsthalle de Berne de l’exposition prépa-rée par Balthus L’Ecole de Paris. Se sépare d’Antoinette et retourne à Paris.
1953: Quitte Paris et s’installe au château de Chassy. Sa nièce par alliance Frédérique Tison le rejoint, qui restera avec lui jusqu’en 1962.
1956: Exposition au Museum of Modern Art de New York.
1961: André Malraux, ministre de la Culture, le fait nommer di-recteur de l’Académie de France à la Villa Médicis, dont il commence aussitôt la restauration de l’édifice.
1962: Envoyé par Malraux en mission au Japon, il y rencontre sa future femme Setsuko Ideta, qui le suit bientôt à Rome.
1966: Rétrospective au musée des Arts décoratifs à Paris.
1967: Epouse Setsuko Ideta au Japon.
1968: Rétrospective à la Tate Gallery.
1970: Premiers dessins de Monte Calvello, château médiéval qu’il a acheté près de Viterbe.
1973: Naissance de sa fille Harumi.
1977: S’installe à Rossinière au Grand Chalet.
1983: Rétrospective au Centre national d'art et de culture Georges Pompidou de Paris.
1993: Rétrospective au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lau-sanne.
1999: Parution du Catalogue raisonné de Jean Clair et Virginie Monnier.
2001: Balthus meurt le 18 février au Grand-Chalet de Rossinière. Grande rétrospective de son œuvre en automne au Palazzo Grassi de Venise.
2002: Rétrospective Balthus: De Piero della Francesca à Alberto Giacometti au Musée Jenisch de Vevey.
2003: La Jeunesse de Balthus, 1ère exposition de la Fondation Balthus au Grand Chalet, Rossinière (Suisse). Suivie de Henri Cartier-Bresson et Martine Franck chez Balthus (2004) ; Les Desseins de Balthus (2005) ; La Magie du paysage (2006) ; Le Mystère des chats (2007).
2008: Balthus (100e anniversaire) à la Fondation Pierre Gianadda de Martigny (Suisse).

La rétrospective de la Fondation Pierre Gianadda réunit les principaux chefs-d’œuvre de Balthus, en provenance des plus grandes collections publiques et privées d’Europe et des Etats-Unis (notamment : Musée de Picardie, Amiens ; Kunstmuseum, Berne ; Scottish National Gallery of Modern Art, Edimbourg ; Tate Gallery, Liverpool ; Metropolitan Museum, New York ; The Museum of Modern Art, New York ; Musée national d’Art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris ; Musée Jenisch Vevey, dépôt de la Fondation Balthus ; Hirschhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington), ainsi que du Grand Chalet et de la famille de l’artiste. Le commissariat de l’exposition est assuré par MM. Jean Clair et Dominique Radrizzani.

Le catalogue de l’exposition reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées et comprend des textes de divers auteurs et spécialistes, qui éclairent les multiples facettes de Balthus : Jean Clair, Robert Kopp, Raymond Mason, Dominique Radrizzani, Jean Starobinski, Camille Viéville, Frédéric Wandelère.

Prix de vente CHF 45.-- (env. € 30.--)
Offre spéciale CFF « RailAway » : 20% de réduction sur le voyage en train, le transfert et l’entrée à la Fondation.

L'exposition Balthus, la Collection Franck, le Parc de sculptures, le Musée gallo-romain, le Musée de l'automobile et Léonard de Vinci L’inventeur sont ouverts tous les jours de 9h00 à 19h00 du 16 juin au 23 novembre 2008

Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59
1920 Martigny (Suisse)

Tél. n°: (+41) 27 722 39 78
Fax n°: (+41) 27 722 52 85

www.giandda.ch
info@gianadda.ch

À lire

Balthus, sous la direction de Jean Clair, Flammarion, 496 pages, 400 illustrations, 49 euros.
Balthus, portraits privés, Les Éditions Noir sur Blanc, 92 pages, 24 euros.
Balthus, de Mieke Bal, Hazan, 150 pages, 130 illustrations, 35 euros.

Lundi 7 Juillet 2008



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