
Rémy Mahoudeaux
J'ai déjà publiquement abondé il y a plus d'un an (2) dans le (bon-) sens d'Olivier Berruyer sur le sujet du testament bancaire : « Plutôt que de savoir quoi faire si Fukushima se reproduit, je préfère empêcher que Fukushima se reproduise ». Il est inutile de s'attarder sur l'opportunité de ce document : utile ou non, il est obligatoire. Mais là, les « exécuteurs testamentaires » que sont la Federal Reserve et la Federal Deposit Insurance Corporation, tentant de valider ex ante les informations de la version 1.0 de ces testaments, jugent ces documents non réalistes et insuffisamment étayés (3). Il est donné aux cancres une année de plus pour produire un codicille acceptable et satisfaire cette prescription. Soit 5 ans au lieu de 4. Mais pas question de bousculer de 100 bp l'exigence de leur ratio Tier 1 dans l'attente d'une copie qui obtiendrait la moyenne, ou de leur coller une amende dont la démesure outre-Atlantique esbaudit l'observateur européen.
Cette année supplémentaire indigne les signataires de l'article, et, de mon point de vue, ils ont raison. Pendant cette année, ces banques qui font partie de la trentaine de banques systémiques mondiales vont continuer à s'exposer et exposer leur écosystème sans satisfaire une des contraintes réglementaires qui devrait s'imposer à elles et (théoriquement) réduire la portée du désastre induit par leurs éventuelles défaillances, le sinistre maximum possible en jargon d'assureur. Nonobstant l'inefficacité dont j'affuble cette disposition, ne s'agit-il pas d'une distorsion conséquente à la concurrence par rapport aux autres établissements systémiques ayant fait correctement ce travail ?
Mon opinion d'iconoclaste : cette généreuse clémence qui confine au laxisme est un symptôme de cette inversion de fait que j'ai formulé dans mon titre : la banque est devenue le régulateur de la puissance publique, quand bien même une bonne théorie d'économie politique nous dirait que c'est l'inverse qui devrait être la norme. Un citoyen, ennemi de la finance ou non, ne saurait s'en réjouir.
Autre sujet d'agacement, la relative discrétion des médias français. Le sujet n'est certes pas passionnant, le reste de l'actualité est chargé, et je suis sans doute plus sensible que d'autres à la régulation bancaire, mais j'ai parfois le sentiment que nos médias sont plus complaisants quand il faudrait qu'ils soient pugnaces. L'absence de banque française prise la main dans le pot de miel explique peut-être ce relatif silence, mais le constat qu'un tiers des banques systémiques mondiales s'avère incapable de produire un testament qui tienne la route devrait (de mon point de vue) être terrifiant, ou alors ils partagent mon scepticisme sur l'utilité du testament bancaire et se taisent pour des raisons que j'ignore.
Bref, si vous pensez que Dodd Frank Act et ses avatars locaux protégeront l'économie mondiale des crises financières, vous êtes peut-être naïf, ou alors victime d'une information défaillante. La mansuétude sans contrepartie dont ces banques semblent bénéficier me fait penser à une cour de récréation où l'on pourrait lever le pouce pour dire qu'avant, ça ne comptait pas, c'était pas du jeu. Il serait opportun que la finance mondiale se fasse imposer un Glass Steagall Act pour éviter qu'au lendemain d’une prochaine crise, un Vincent Auriol ne soit tenté de mettre sa menace à exécution (4).
(1) Bank of America, Bank of New York Mellon, Barclays, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Morgan Stanley, State Street & UBS
(2) www.finyear.com/Banque-pensee-unique_a25090.html
(3) « unrealistic or inadequately supported »
(4) « Les banques, je les ferme, les banquiers, je les enferme. »
Cette année supplémentaire indigne les signataires de l'article, et, de mon point de vue, ils ont raison. Pendant cette année, ces banques qui font partie de la trentaine de banques systémiques mondiales vont continuer à s'exposer et exposer leur écosystème sans satisfaire une des contraintes réglementaires qui devrait s'imposer à elles et (théoriquement) réduire la portée du désastre induit par leurs éventuelles défaillances, le sinistre maximum possible en jargon d'assureur. Nonobstant l'inefficacité dont j'affuble cette disposition, ne s'agit-il pas d'une distorsion conséquente à la concurrence par rapport aux autres établissements systémiques ayant fait correctement ce travail ?
Mon opinion d'iconoclaste : cette généreuse clémence qui confine au laxisme est un symptôme de cette inversion de fait que j'ai formulé dans mon titre : la banque est devenue le régulateur de la puissance publique, quand bien même une bonne théorie d'économie politique nous dirait que c'est l'inverse qui devrait être la norme. Un citoyen, ennemi de la finance ou non, ne saurait s'en réjouir.
Autre sujet d'agacement, la relative discrétion des médias français. Le sujet n'est certes pas passionnant, le reste de l'actualité est chargé, et je suis sans doute plus sensible que d'autres à la régulation bancaire, mais j'ai parfois le sentiment que nos médias sont plus complaisants quand il faudrait qu'ils soient pugnaces. L'absence de banque française prise la main dans le pot de miel explique peut-être ce relatif silence, mais le constat qu'un tiers des banques systémiques mondiales s'avère incapable de produire un testament qui tienne la route devrait (de mon point de vue) être terrifiant, ou alors ils partagent mon scepticisme sur l'utilité du testament bancaire et se taisent pour des raisons que j'ignore.
Bref, si vous pensez que Dodd Frank Act et ses avatars locaux protégeront l'économie mondiale des crises financières, vous êtes peut-être naïf, ou alors victime d'une information défaillante. La mansuétude sans contrepartie dont ces banques semblent bénéficier me fait penser à une cour de récréation où l'on pourrait lever le pouce pour dire qu'avant, ça ne comptait pas, c'était pas du jeu. Il serait opportun que la finance mondiale se fasse imposer un Glass Steagall Act pour éviter qu'au lendemain d’une prochaine crise, un Vincent Auriol ne soit tenté de mettre sa menace à exécution (4).
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