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Inflation conjoncturelle : Quelle action de la politique monétaire ?

Au sens strict, les objectifs de la politique économique se résument, selon N.Kaldor, dans un carrée magique englobant, si on raisonne en termes de tensions de déséquilibre, l’inflation, le chômage, la décroissance et le déficit extérieur.


Kamal EL-Oualy
Kamal EL-Oualy
Pour ce qui est de la lutte contre l’inflation, pour ne pas dire stabilité des prix, les policymakers n’ont pas réussi à ancrer continuellement les anticipations des agents économiques notamment à cause des variations de la conjoncture. Ce retournement de la conjoncture, issu de chocs externe ou interne, selon les pays, ne devrait pas être un alibi pour justifier la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens. En effet, la non maitrise des incertitudes conjuguée à des prévisions consensuelles explique en partie cette persistance de l’inflation conjoncturelle. Que faut-il faire devant la conjoncture ? Qu’en est- il des prévisions avancées à cet égard ? Ces prévisions sont-elles fiables et fondées ?

La réponse à ces questions pourrait éclairer un peu le citoyen ignorant face au phénomène de l’inflation. Ce dernier, ne pense, en effet, qu’à l’évolution de son revenu réel qui demeure le vrai baromètre de l’augmentation des prix. Par contre, le diagnostic des sources de l’inflation est du ressort des institutions mandatées. Ces dernières ont pour mission de faire des enquêtes sur le terrain, de mesurer l’indice des prix et de se charger de sa maitrise à un niveau soutenu. Que cette inflation soit globale où sous jacente, l’essentiel pour le citoyen est la sauvegarde de son pouvoir d’achat.

D’ailleurs, faut-il le signaler, la réalisation de la stabilité des prix est l’objectif principal de la politique monétaire pour la majorité des banques centrales. Compte tenu de cette mission dévolue à la banque centrale, le champ d’action de la politique monétaire n’a d’effet systématique et durable que sur le taux d'inflation. Or, la réalisation d’un taux d’inflation bas et stable implique que certains défis doivent être relevés. Le premier défi que les policymakers devraient relever, pour une meilleure préparation des décisions de politique monétaire, consiste à évaluer avec précision les conditions économiques du moment et à dresser l'état d’évolution de l'économie. Cette évaluation repose souvent sur des informations incertaines. En effet, la disponibilité et la fiabilité de la plupart des données économiques et financières varient et ne sont disponibles qu'avec un certain décalage et peuvent être révisées après avoir été publiées.

Un autre défi à relever est relatif au degré d'incertitude que les policymakers devraient prendre en compte et qui consiste en l’interaction de leurs anticipations avec les attentes des agents privés. Ce défi, qui a trait en particulier au rôle des anticipations, peut influencer très fortement les canaux de transmission de la politique monétaire ainsi que l'évaluation des conditions économiques à un moment donné. Les policymakers, qui anticipent généralement les réactions globales des agents économiques sur la base des modèles disponibles, sont confrontée à une part d'incertitude en ce qui concerne les réactions des agents économiques et des marchés financiers face à leurs propres décisions et déclarations.

D’autre part, l'attention devrait également portée à la communication des policymakers et à la réception de l'information par le public. Car, un manque de lisibilité induit une perte de crédibilité, en même temps qu'il empêche la convergence des anticipations des agents et l'atteinte des objectifs attendus. La stratégie d’ancrage par l'inflation qui considère la communication comme un facteur important de la politique monétaire devrait amener les policymakers à délivrer des informations supplémentaires et publier les résultats des minutes issus des réunions de leurs conseils et de leurs comités tout en fournissant aussi les prévisions de certains indicateurs (inflation, agrégats monétaires, taux d’intérêt,..) et en se justifiant auprès du public en général, chaque fois que les prévisions ne coïncident pas avec les réalisations.

Concernant la méthodologie servant à la confection et à l’interprétation de l’indice des prix à la consommation (IPC), il est question dans ce sens de s’interroger sur la pertinence de cet indicateur pour rendre compte fidèlement du phénomène de l’inflation. En particulier, il importe de s’attarder sur les aspects techniques qui suscitent débats et controverses et de souligner également l’écart qui existe entre la dimension statistique de l’IPC et la perception que s’en font les consommateurs. Etant donné qu'il est difficile de mesurer les changements des prix attribuables à des variations de la qualité des produits et à d'autres variables exogènes, l'IPC peut comporter un certain biais de mesure qui l'empêche de refléter parfaitement l'évolution de l'inflation. Il en ressort qu’un véritable IPC ne devrait pas également se limiter aux seuls biens de consommation, mais considérer un éventail plus large de positions budgétaires en indexant, par exemple, le régime fiscal au coût de la vie. En outre, en tant qu'indice de Laspeyres, l'IPC doit être fréquemment révisé afin de rester fidèle aux évolutions de la structure de consommation des ménages.

D’autre part, l’évolution imprévue de certains prix fait appel à un calcul de l’inflation sous jacente. Ceci permet une lecture facile des mouvements de l’IPC lorsque certaines composantes plus volatiles sont exclues. A travers cette méthode d’exclusion, le taux d’inflation sous-jacente ne prend en considération qu’une partie des composants de l’IPC. D’ailleurs, il faut noter que toute mesure préconisée pour estimer l’inflation sous-jacente prenne l’indice des prix à la consommation comme point de départ. Etant complètement spécifiée à l'avance via l’élimination du bruit découlant des perturbations des prix relatifs, la méthode de l’exclusion apparait comme étant une méthode prévisible et facile à comprendre.

Toutefois, cette méthode présente certaines limites. D’abord, elle ne permet pas de faire des ajustements pour des variations montantes de l'offre dans des composantes non déjà exclues. Il s’avère donc important de souligner que l'élimination pure et simple des pondérations de certains produits alimentaires et de l'énergie dans le calcul de l'inflation implique que l'apport à long terme de ces composantes disparaît également. Ainsi, lorsqu'une composante est exclue, on élimine non seulement le bruit en provenance de cette composante mais également l’apport de cette série à la tendance à long terme. C'est le cas si cette composante présente une certaine persistance ou si elle affecte l'évolution des coûts ou des salaires d'autres secteurs. C’est ce qu’on appelle l’effet de second tour. En outre, il n'existe pas de critères objectifs pour déterminer qu'elles seront les composantes systématiquement exclues.

Dans le même ordre d’idée, bien qu’une telle mesure puisse être crédible parce qu’elle est immunisée contre les manipulations des policymakers, il se peut qu’à certains égards elle ne soit pas crédible, c'est-à-dire qu’elle ne soit pas largement acceptée comme une mesure fiable du concept de l’inflation sous-jacente. Pour les policymakers, l’identification des facteurs responsables d’une variation actuelle des prix est de première importance pour pouvoir décider de la réaction à formuler. Les policymakers ne suivront pas uniquement l’évolution de l’indice général des prix, mais aussi celle des composants de cet indice, afin d’en tirer les enseignements nécessaires quant aux forces agissant sur le niveau des prix. Dans ce contexte, le taux d’inflation sous-jacente, étant donné qu’il ne prend en considération qu’une partie des composants de l’IPC, peut se révéler utile. Ajoutons que le taux d’inflation sous-jacente n’est qu’un indicateur qu’il convient d’interpréter. Il n’est donc pas impératif de se concentrer sur une seule définition de l’inflation sous-jacente.

(1) KAMAL EL-OUALY est titulaire d’un Doctorat Es Sciences Economiques sous le titre : « Le ciblage d’inflation dans les pays émergents : Opportunités de son application au Maroc », FSJES/FES, Mai 2008. Il est auteur de plusieurs documents de travail, articles et chroniques publiés dans des centres d’études et dans des revues de presse spécialisée. Bientôt, il publiera un ouvrage traitant de l’économie monétaire et de l’ancrage par l’inflation en tenant compte notamment du contexte de la crise financière éclatée en 2008.

Dr. Kamal EL-Oualy
Economiste
Kamal.eloualy@yahoo.fr

Jeudi 18 Juin 2009




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