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Éloge du chahut

En matière de gouvernance d'entreprise, il est sans doute opportun que la vie ne soit pas un long fleuve trop tranquille. Invité par l'ADAE (1), j'ai pu assister à la présentation presse du « Code de gouvernance des entreprises moyennes françaises », ouvrage collectif paru chez l'Harmattan dans la collection Gouvernance & entreprise (2).


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Après une présentation succincte de l'ADAE par son président Daniel Corfmat (3), co-directeur de l'ouvrage, celui-ci a brossé le contexte que nous connaissons tous :

• une crise qui s'éternise ;
• une faiblesse structurelle du tissus de PME / ETI ;
• une compétitivité en berne depuis des lustres ;
• le constat que restaurer cette compétitivité par le seul ajustement des coûts ne saurait suffire ;
• et par conséquent l'impérieuse nécessité pour l'entreprise d'innover et d'user de créativité.

Fort de ces constats, l'ADAE a synthétisé le fruit de quelques années de réflexions de ses membres (4) dans ce code de gouvernance. L'objectif est que le Conseil d'Administration (ou le Conseil de Surveillance), loin d'être une contrainte que l'on évacue par sa composition parfois incestueuse, devienne une opportunité pour l'entreprise. Cela passe par l'acceptation du dirigeant d'être chahuté dans le bon sens du terme : que les administrateurs lui fassent lever le nez trop plongé dans le guidon du quotidien et de sa gestion pour que cette gouvernance soit plus mature et l'entreprise plus pérenne et compétitive. Qu'ils apportent le questionnement, voire la contradiction, la réflexion iconoclaste, le prisme d'analyse surprenant. Bref, qu'ils dérangent le « confort routinier » (5) du dirigeant avant que les circonstances des affaires ne le fassent.

Marc Chambault, administrateur de l’ADAE, et l'autre co-directeur de l'ouvrage, est ensuite entré dans le vif du sujet et remarque que si une bonne gouvernance permet d'optimiser la création de valeur pour l'ensemble des protagonistes principaux d'une entreprise que sont les clients, les salariés et les actionnaires, elle est parfois imposée par ceux du second cercle : fournisseurs, mais surtout banques et société civile.

L'ouvrage très concis comporte 47 recommandations pratiques organisées autour de 10 thèmes principaux. L'ambition de ce billet se bornera à ne jeter qu'un très bref éclat de lumière sur trois idées échangées qui me semblent devoir occuper l'avant-scène.

• L'ADAE recommande la mise en place d'une charte éthique. Pour la simple et bonne raison que ce qui est non-éthique n'est pas pérenne. Les faiseurs de coups disparaissent vite.

• L'avis d'un administrateur indépendant présentera peut-être plus d'objectivité et de recul que celui d'une partie prenante. J'ajouterais personnellement qu'il ne sera pas nécessairement moins pertinent du fait de ce recul.

• L'intelligence économique et ce qu'elle suppose d'ouverture d'esprit et de discipline d'analyse est indispensable et prépare mieux l'entreprise aux ruptures que la vie lui réserve.

En conclusion, les divers prescripteurs institutionnels (AFIC, AMF, BPI, Medef, Ministère des finances et j'en passe) auquel ce code a été soumis l'ont plébiscité avec bienveillance. Ils souhaitent professionnaliser la gouvernance des entreprises de toutes tailles (pour en favoriser le développement et la pérennité ) par l'incitation à suivre les meilleurs pratiques. Ce code est un levier possible à utiliser. Pour une fois, je suis d'accord avec eux. Pour ce qui me concerne, j'ajouterais que la gouvernance reste une fonction « ancillaire » de l'entreprise, qu'elle ne saurait être suffisante pour garantir la survie que seule peut (6) lui procurer une position solide sur son ou ses couples ( produits ; marchés ). Mais ancillaire ne veut pas dire négligeable.

Je reviendrai ultérieurement dans un prochain billet sur certaines discussions incidentes que j'ai eu lors de cette présentation.

(1) Association des Dirigeants et Administrateurs d'Entreprises
(2) ISBN 978-2-343-03709-7, disponible à l'URL http://urlc.fr/Tt4zWI
(3) L'objectif de l'ADAE que préside Daniel Corfmat est de promouvoir la gouvernance au sein des PME depuis 1996 (date de sa création) avec 4 axes d'actions principaux :
• Informer les parties prenantes ;
• Former ses membres (1ère formation d’administrateur qualifiés indépendants en entreprise en France AQI®);
• Réfléchir sur la doctrine et établir/proposer des « softlaws » ;
• Diffuser ses travaux.
Si vous souhaitez plus d'information : http://www.adae.asso.fr
(4) dont je suis, d'où le présent conflit d'intérêt
(5) en supposant que cela puisse exister dans la vie d'un dirigeant d'entreprise
(6) condition nécessaire, hélas pas suffisante


Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx
boss <at> remsyx <dot> com
twitter : @remseeks
 
 

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Lundi 18 Mai 2015




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