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De la schizophrénie allemande...

Balayons tout de suite, si c'est encore un sujet aujourd'hui, une évidence : c'est l'Allemagne, et l'Allemagne seule, qui fait la pluie et le beau temps en Europe et sur les marchés européens. Les "comploteurs" anglo-saxons dénoncés quotidiennement par les amateurs de fictions ne font que suivre la voix de l'Allemagne, comme George Soros suivait dans les années 1990 la voix de la Bundesbank. Le mot d'ordre sur les marchés, à l'époque, était : "Dont't fight the Bundesbank." Aujourd'hui, c'est : "Don't fight Germany."


Marc Fiorentino
Marc Fiorentino
Le petit hic, c'est que la voix de l'Allemagne est de plus en plus difficile à décoder tant elle est discordante. D'un jour à l'autre, les déclarations sont contradictoires. C'est compréhensible quand cela vient de personnes de camps différents, du FDP, l'allié libéral-démocrate laminé dans toutes les élections régionales et désespérément à la recherche d'une second souffle, du CDU divisé et inquiet de la popularité dévastée de la chancelière, ou du SPD qui rêve d'élections anticipées pour prendre le pouvoir.

C'est moins compréhensible quand Angela Merkel, elle-même, passe en quelques heures du rôle du "bad cop" en n'excluant pas un défaut de la Grèce à celui de pasionaria de l'Europe en déclamant qu'elle rêve "d'une Grèce forte dans une Europe forte".

L'Allemagne est à la commande. Mais les politiques allemands de tous bords sont écartelés entre une opinion publique qui ne veut plus donner un seul euro aux pays d'Europe du Sud et leurs propres convictions proeuropéennes. Jamais le fossé n'a été aussi grand. Quand les Allemands répondent non à l'aide à la Grèce par une écrasante majorité dans les sondages, les politiques allemands se mobilisent massivement pour avancer dans la "solidarité" européenne : on nous annonçait un combat féroce et un scrutin incertain, jeudi au Parlement allemand, sur l'extension du rôle du Fonds européen de stabilité financière... le Bundestag l'a adopté à 523 voix contre 85 contre et 3 abstentions... On a connu des votes plus serrés. 80% des Allemands sont pour moins d'Europe, 86% des parlementaires sont pour plus d'Europe... Difficile de parler de représentation nationale.

Mais ce vote n'est qu'une étape. Et la cacophonie, à peine le résultat du scrutin connu, annoncée. Entre ceux qui défendent le deuxième package d'aide à la Grèce qui se solde de facto par une dépréciation des emprunts grecs de seulement 21% et ceux qui veulent que les créanciers privés reconnaissent la valeur réelle de la dette grecque, soit une décote de 50 à 60%.

Le sort de la Grèce, et bien au-delà celui de l'Europe sont entre les mains de l'Allemagne, mais les dirigeants allemands ne savent pas quoi faire. Ce n'est pas une bonne nouvelle. Et personne ne peut intervenir. Le "couple" franco-allemand n'a jamais été qu'une vue de l'esprit et les pays européens extérieurs au "Front du Nord" n'ont plus droit à la parole. Angela Merkel va donc devoir continuer un numéro d'équilibrisme pour satisfaire une opinion publique, qui ne sera jamais satisfaite, et écarter le danger d'une implosion européenne, danger qui ne sera jamais écarté.

La conclusion est simple : les marchés vont continuer à être bipolaires, enchaînant des périodes de dépression longue et profonde et des périodes d'euphorie spectaculaire mais très courte. Quand l'Allemagne est schizophrène, les marchés sont maniaco-dépressifs...


Marc Fiorentino
Président d'EuroLand Finance
Gérant d'Allofinance
www.allofinance.com

Mardi 4 Octobre 2011




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