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Thierry Masurel, FM Global, sur l'indice de résilience de la supply chain 2015

Interview de Thierry Masurel, Directeur Général de l’Opération Europe du Sud – FM Global.


Thierry Masurel
Thierry Masurel
Thierry Masurel bonjour, vous êtes Directeur Général de l’Opération Europe du Sud – FM Global, pourquoi avoir créé cet indice l'an dernier ?

Nous avons créé l’indice de résilience FM Global avec pour objectif d'en faire l’outil de référence des dirigeants d'entreprises afin qu’ils puissent évaluer les risques de la chaîne d'approvisionnement de leurs entreprises à travers le monde.

Nous avons décidé de développer cet outil unique en son genre afin qu’il soit à la fois intuitif, pertinent et avant tout, crédible. Il aide les dirigeants d'entreprise à prendre des décisions réfléchies et d’agir. Cet indice permet aux gestionnaires de risques et aux gestionnaires de l'assurance d'avoir des échanges plus pertinents avec les responsables financiers sur les questions liées au risque de la chaîne d'approvisionnement.

Quels sont les principaux enseignements de l'édition 2015 ?

L'indice de résilience 2015 se caractérise par des résultats contrastés, puisque changement et stabilité se côtoient au sein du classement.

La Norvège et la Suisse conservent respectivement la première et la deuxième place. La Norvège affiche d'excellentes notes dans les trois facteurs de résilience: écono¬mie, qualité du risque et chaîne d'approvisionnement. Le haut niveau de qualité du risque de ce pays s'explique essen¬tiellement par une très faible exposition aux risques naturels. La Suisse, quant à elle, est très bien notée sur les facteurs économie et chaîne d'approvisionnement, dans lesquels elle prend la tête du classement. Ses infrastructures étendues et de haute qualité lui permettent de se placer devant tous les autres pays.

Le Qatar (7e) et la Finlande (9e) rejoignent le top 10. L'émirat bénéficie d'une macroéconomie stable, d'un marché des biens et du travail performant et d'un degré de sécurité élevé. Il doit sa forte progression à l'amélioration significative de la gestion du risque d'incendie dans la région. La Finlande se distingue par ses capacités d'innovation, qui sont le fruit d’investissements privés et publics dans la recherche et le développement, de liens étroits tissés entre les entreprises privées et la sphère univer-sitaire et d’excellents résultats obtenus dans les domaines de l'éducation et de la formation.

La plupart des pays figurant dans les dix dernières places du classement obtiennent une note basse sur le facteur économie. En 2015, le Venezuela occupe la 130e et dernière place. Environnement macroéconomique instable, inflation et dette publique élevées, et dysfonctionnement des marchés sont autant d'éléments négatifs qui sont venus peser sur les résultats. Le Venezuela enregistre également des notes médiocres sur les facteurs qualité du risque et chaîne d'approvisionnement.

L'indice de résilience souligne par ailleurs les efforts des pays qui se donnent les moyens de devenir des partenaires plus attractifs pour les entreprises et leur chaîne d'approvisionnement.

Taïwan, actuellement 37e du classement, a gagné 52 places cette année. Une ascension bien plus spectaculaire que celle des autres pays, que l'état doit principalement à son engagement accru dans la gestion des risques, tant en termes de risque naturel que de risque incendie.

A l'inverse, l'Ukraine (107e) et le Kazakhstan (102e) ont tous deux perdu 31 places. Cette chute est la plus importante du classement. Pour l'Ukraine, elle s'explique par une dégradation de la situation politique dans l'est du pays. La note du Kazakhstan reflète un engagement plus faible en 2014 dans la gestion des risques naturels auxquels la région est exposée.

La Thaïlande a chuté de 20 places et se classe 82e en raison d'une dégradation de la qualité de ses infrastructures générales et de la fiabilité de ses fournisseurs locaux, deux composantes du facteur chaîne d'approvisionnement.

L'indice de résilience réserve également quelques surprises quant au classement de certaines puissances économiques dotées de chaînes d'approvisionnement actives.

C'est le cas de la Corée du Sud (70e) souvent considérée comme le plus dynamique des « Dragons asiatiques », qui a été pénalisée par son exposition aux risques naturels et sa capacité relativement faible à y faire face de manière efficace.

Les risques liés à la supply chain sont-ils suffisamment pris en compte par les entreprises ?

Dans un contexte mondialisé, les entreprises sont de plus en plus dépendantes de fournisseurs et de systèmes logistiques extérieurs à leur propre périmètre, disséminés sur l’ensemble de la planète. Il y a une démultiplication de fournisseurs, les sous-traitants faisant à leur tour appel à d’autres sous-traitants. La maîtrise du risque sur l’ensemble est beaucoup plus complexe.
De plus, cette expansion de la chaîne logistique se fait essentiellement dans des pays d’Asie, d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord ou d’Amérique latine, zones géographiques où les standards de prévention/protection sont souvent plus faibles que ceux pratiqués en Europe de l’Ouest ou en Amérique du nord.
Les sous-traitants sont souvent implantés dans des régions pouvant être soumises à des catastrophes naturelles récurrentes, type ouragans, tremblements de terre ou inondations.

Les entreprises n’ont parfois pas de vision globale de leur chaîne d’approvisionnement. Alors que les actions des sociétés ayant subi des ruptures de chaîne d’approvisionnement connaissent en moyenne une baisse de 40 % de leur valeur boursière, la fiabilité de la chaîne d’approvisionnement continue cependant d’être sous-estimée.

Pour 9 entreprises sur 10, le facteur “risque” n’est pas déterminant au moment de choisir leurs prestataires externes. Le coût reste trop souvent le critère principal de sélection. Les entreprises optent souvent pour le fournisseur le moins onéreux, sans suffisamment prendre en compte la localisation de ses sites et la propre chaîne d’approvisionnement du fournisseur.
Ce manque de vision globale, souvent associé à une méconnaissance et un déni du risque lié aux catastrophes naturelles, constitue le talon d’Achille de nombreuses entreprises.

Quelles conséquences pour une rupture de la chaîne d'approvisionnement ?

Une rupture de la chaîne d’approvisionnement peut avoir des conséquences importantes et fragiliser la position d’une entreprise sur son marché. Ne pas garantir la livraison des produits et des services lorsque la concurrence est en mesure de tenir ses engagements diminue la confiance de ses clients et peut amener à perdre des parts de marchés. La solidité et la résilience de la chaîne d'approvisionnement peut constituer un avantage concurrentiel significatif.

En 2011, suite au tsunami au Japon et aux inondations en Thaïlande, de nombreuses entreprises ont fait l’amère expérience du “maillon faible” dans la chaîne d’approvisionnement en particulier dans les secteurs informatique et automobile. Ces évènements imposent de mettre la notion de continuité d’activité au centre de la stratégie des entreprises.

Suite aux inondations en Thaïlande, Western Digital, une société américaine de fabrication de composants informatiques, a par exemple dû annoncer fin 2011 qu’elle ne pourrait livrer que 120 millions de disques durs alors que la demande pour les fêtes de fin d’année était évaluée entre 170 et 180 millions d’unités. De quoi provoquer notamment une pénurie dans les magasins français, et un sérieux manque à gagner pour l’ensemble des entreprises en aval de la chaîne d’approvisionnement. Son concurrent Seagate en a profité pour prendre des parts de marché et devenir numéro 1 (A VERIFIER).

Comment appréhender ce risque avec une supply chain de plus en plus complexe et étendue ?

Il faut tout d’abord isoler les points névralgiques de sa chaîne logistique en identifiant l’ensemble de ses fournisseurs, les uns après les autres. Dans un deuxième temps, il faut détecter les sites de production dont la disparition ou le blocage temporaire peut mettre en danger la stratégie et l’avenir de son entreprise, en évaluant précisément les impacts au niveau des bénéfices.

La mise en place d’un plan de continuité de l’activité adapté, complémentaire de l’amélioration du risque proposé par le service ingénierie de FM Global, fait partie intégrante de la gestion de risque et doit permettre un retour à la production le plus rapide possible et ainsi de préserver la résilience des entreprises. Un plan de continuité de l’activité est le signe que l’entreprise est résiliente et qu’elle souhaite maintenir une stabilité commerciale avec l’ensemble de ses partenaires en toutes circonstances. Ce plan de continuité, dûment testé et alimenté par des réflexions internes sur le renforcement des dispositifs.

Il y aura toujours des catastrophes naturelles de grande ampleur et des risques d’incendie, les entreprises doivent s’organiser en conséquence.

Une fois les risques isolés et quantifiés, il s’agit d’établir un plan de prévention et d’amélioration des protections pour toute la chaîne d’approvisionnement. Il peut s’agir par exemple de l’installation d’un système de sprinklers, afin de protéger le dépôt d’un fournisseur stratégique d’un risque d’incendie. Cela peut aussi passer par la recommandation d’un fournisseur alternatif, voire par la construction d’un site parfaitement sécurisé. Du fait de la criticité de certains éléments produits par des fournisseurs, il faut veiller à ce que sites de production soient en permanence opérationnels pour fournir les clients.

Dernier rempart lorsque l’incident n’a pu être évité, il s’agit de vérifier que la couverture d’assurance peut prendre en charge les conséquences des sinistres subis par les sous-traitants, tant directs qu’indirects et là une lecture approfondie de certains contrats d’assurance peut révéler de réelles surprises !

Cette interview fait suite à notre article du 7 avril dernier :
www.finyear.com/Risque-de-rupture-des-chaines-d-approvisionnement_a32543.html

Thierry Masurel, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de Finyear.

© Copyright Finyear. Propos recueillis par la rédaction de Finyear.


Mercredi 20 Mai 2015




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