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Thierry CHARLES “Les nouvelles perspectives de la souveraineté”

Entretien avec Thierry CHARLES qui vient de publier aux éditions L’Harmattan : « LES NOUVELLES PERSPECTIVES DE LA SOUVERAINETÉ ».


Thierry Charles
Thierry Charles
Thierry CHARLES bonjour, vous publiez aujourd’hui votre 4ème livre bien loin a priori de vos thèmes de prédilection. Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire un livre sur la souveraineté ?

De cette réflexion autour du monde de l’entreprise est née progressivement le souci théorique de penser le monde et les nombreux problèmes que soulève la vie économique. Et c’est le rôle des livres que j’écris d’en élucider quelques-uns : les délais de paiement, les relations interentreprises, une réflexion sur les matières et aujourd’hui « Les nouvelles perspectives de la souveraineté » chez L’Harmattan.

Le projet est né d’un libre échange informel d'idées avec un ami, Rémy Thannberger, qui est auditeur au sein du prestigieux Institut des hautes études de défense nationale [IHEDN]. Au fil de cet ouvrage, le lecteur apprendra que le « souverain éveillé », comme chacun d’entre nous, répond singulièrement à tout événement, il s’exprime, modifie le monde et se modifie du même coup. Et dans le monde de l’entreprise, c’est sensiblement la même chose.

Dans vos écrits vous dites être intrigué par cette « souveraineté déchue » dont parle Georges Bataille que vous citez d’ailleurs en exergue de votre livre.

Depuis mon premier livre, j’ai appris à me méfier des « faux problèmes », c’est-à-dire des problèmes mal posés. Et il en va ainsi du principe de souveraineté qui alimente le débat politique. Or un livre est une espèce de réponse, elle fait « le poids ». Roger Vailland dirait qu’ « elle remet la balance en équilibre », alors qu’un article, « c’est la réponse directe de l’écrivain [ou du journaliste] à l’événement qu’il raconte ». Le sujet de polémique principale porte sur la souveraineté territoriale [que j’appelle le nouveau « cadastre planétaire »] qui masque des problèmes économiques et financiers de

Je cite également Jacques Chaban-Delmas pour qui l’ « ouverture toujours plus large des frontières, la compétition plus vive qui en découle, nous commandent des changements profonds d’objectifs, de structures de moyens d’action, et même, et peut-être surtout, de mentalité ».

Justement, vous n’êtes guère optimiste à propos du risque de perte de souveraineté de notre pays sur le plan économique, financier, numérique, culturelle, etc. ?

Quand on délègue trop sa souveraineté, on finit toujours par ramper, ou tout du moins par subir les événements. Prenons quelques exemples. Les confits qui s’aggravent ces derniers temps illustrent un affaiblissement inquiétant de repères contribuant à « civiliser » les relations internationales. Des engagements du type “accords de Budapest de 1994” interdisant de changer les frontières par la force ne parviennent plus à limiter des offensives néo-impériales.
Chacun exalte l’ouverture, mais dans le même temps le philosophe Régis Debray constate « quatre fois plus d’Etats à l’ONU que lors de sa création », et le géographe Michel Foucher dénombre vingt-six cas de conflits frontaliers graves entre Etats sur la seule période 2009 / 2010. Depuis la crise des dettes souveraines de 2010-2011, nous sommes selon Jean-Claude Malle, « dans une rupture sans précédent ». Il considère que le contrat de base européen qui consistait à laisser une part de souveraineté en échange de la prospérité et du bien-être des peuples est désormais remis en cause.
Le problème se pose aujourd'hui avec d'autant plus d'acuité que les valeurs continuent de se diversifier et le monde de changer : mais comment défendre un ordre collectif - à quelque niveau que ce soit -, sans outils partagés ?

Vous évoquez également la perte de souveraineté de l’individu qui paraît « au prime abord proportionnelle à son intégrité ».

En effet. Les nouvelles technologies facilitent, a-t-on appris à travers l’affaire Snowden, les possibilités de surveillance. L'hégémonie des Gafa, acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon [auxquels on peut ajouter le géant de l'informatique Microsoft] inquiète le monde. Chacun sait désormais que l’Etat peut consulter à loisir ces informations et les utiliser à son profit. Les nouvelles technologies représentent également une menace pour la souveraineté de nos Etats. Insidieusement, les monopoles américains ont su se rendre indispensables. Ils ont la maîtrise de pans stratégiques au détriment notamment de la France et de l’Union européenne.

Vous écrivez que nous souffrons du « syndrome de la souveraineté de Bidache ». De quoi s’agit-il ?

La plupart des individus sont réellement ignorants des problèmes engendrés par cette perte inéluctable de souveraineté, d'autres jouent à l'autruche et feignent de l’ignorer. Aussi, faisons attention à ne pas connaître le même sort que la « Souveraineté de Bidache », qui apprendra la perte de sa souveraineté et de son indépendance à la lecture de simples lettres patentes du Roi. Dans un de ces derniers livres, Christophe Carlier craint que son héro ne soit rayé à son insu du « grand système ». Et il s’interroge aussitôt : « Quand un pays disparaissait de la carte du monde, ses habitants en étaient-ils avisés ? Par qui ? Comment informe-t-on un mourant qu’il a perdu la vue et l’ouïe ? »

,Thierry CHARLES je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de Finyear.


© Copyright Finyear. Propos recueillis par la rédaction de Finyear.


Vendredi 5 Juin 2015




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