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Subprime « frelatées à la mélamine» ?

Lien entre deux chaines d’approvisionnement à haut risque. La crise économique aura clairement des répercussions sur le devenir de la mondialisation et sur les chaînes d'approvisionnement qui se sont insinuées aux quatre coins du monde. Mais les chefs d'entreprise exploiteront-ils la crise comme alibi pour justifier l’inaction ?


Subprime « frelatées à la mélamine» ?
Oui, en ce sens que de nombreuses entreprises se serviront des conditions économiques pour restreindre leurs actions d'entreprise citoyenne. Mais non également, car la crise en soi signale la nécessité d'une plus grande attention aux enjeux de transparence et de responsabilité si le capitalisme mondialisé veut avoir une chance de survivre.

Les créances hypothécaires pourries et la mélamine dans le lait peuvent sembler à des galaxies de distance, mais en fait les deux ont été provoquées par des « angles morts » dans nos chaines d'approvisionnement et leurs conséquences se sont propagées pour toucher un bien plus grand nombre de personnes que l'on aurait pu s'imaginer. Des géants financiers en faillite et des enfants empoisonnés sont les résultats d'un système économique qui se déploie sur l'ensemble de la planète, et ce faisant, s'assure que les risques sont découpés en fines rondelles, puis disséminés entre les divers acteurs de la chaîne. L'ultime, sinon délibérée, conséquence, est que peu de gens parviennent à comprendre et moins encore à maîtriser la véritable ampleur de ces risques. Dans les deux cas, la cupidité et l’irresponsabilité de la part de certains intermédiaires ont été les étincelles qui ont embrasé les corridors d’affaires et provoqué des ravages.

De même que ces crises ont des causes communes, elles ont aussi des conséquences communes. Ce qui a débuté comme une action locale a abouti à des effets systémiques. Les conséquences subies par le groupe laitier chinois Sanlu se répercutent désormais sur de nombreuses autres sociétés, et la mauvaise réputation de la Chine en matière de qualité s’en trouve encore plus écornée. Dans le cas des subprimes, c’est toute l’économie de la planète qui est en danger. Et dans les deux cas également, des innocents sont touchés, qu'il s'agisse de bébés chinois ou de contribuables américains. Ces polémiques mettent en évidence le besoin croissant de traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement. Une telle actualité ne peut qu’accroître la confusion des consommateurs et leur faire perdre toute confiance.

Aujourd’hui, la valeur des entreprises est de plus en plus liée à la valeur du réseau d’approvisionnement qu’elles ont créé. Grâce aux nouvelles technologies et aux marchés financiers, les grands groupes sont les chefs d’orchestre d’une myriade de compétences disséminées sur l’ensemble de la planète. Et bien trop souvent, ces chaînes d’approvisionnement ne sont aussi fortes que leur maillon le plus faible. Les directeurs des achats sont confrontés à la tâche redoutable de rendre leur réseau toujours plus fiable et en même temps plus compétitif.

Il existe pourtant déjà d’innombrables réglementations, souvent apparues en réaction à des accidents sanitaires, comme le plomb dans les jouets ou le glycol dans le dentifrice. Des règles sont bien évidemment nécessaires, mais trop de réglementation risquerait de déresponsabiliser les dirigeants d’entreprises, provoquant des effets secondaires imprévus. La prime à la transparence et la responsabilité des entreprises devrait être la conséquence première des évènements actuels.

Staline était convaincu que la grande dépression des années 30 était la preuve que le capitalisme était en voie d’extinction – et il n’a pas du tout apprécié que l’économiste Nikolai Kodratiev soutienne que le capitalisme avait en réalité démontré sa capacité à rebondir après un effondrement, tel un Phoenix économique renaissant de la crise. Staline finit d’ailleurs par bannir Kondratiev dans les mines de sel où il mourut. Mais s’il vivait encore aujourd’hui, il nous dirait vraisemblablement qu’au lieu de rédiger la rubrique nécrologique du capitalisme, nous ferions mieux d’en écrire le nouveau code génétique. Qu’il s’agisse de crédit ou de lait chinois, les clés ultimes du succès passeront par plus de transparence et de responsabilité.

Pierre-François Thaler est cofondateur d’EcoVadis.

www.ecovadis.com/fr

Vendredi 5 Décembre 2008




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