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Sortie de crise : changement de paradigme (1) ou adaptation ?

Alors que tous les experts s’interrogent sur les résultats des politiques de gestion de crise, n’est-il pas temps de laisser aux praticiens d’entreprise le temps de réfléchir à ce qu’il faudra faire après la crise. Une fois encore, le rôle de « business partner » (2) du Directeur Financier va croître au cours de prochains mois : trouver les ressources financières nécessaires à la survie de son entreprise, préparer son groupe à repartir dans la course post-crise et profiter de la redistribution des cartes !


Sortie de crise : changement de paradigme (1) ou adaptation ?
Les banques centrales organisent actuellement le plus grand transfert de tous les temps de la dette privée vers la dette publique, à tel point que les débats sur l’opportunité de nationaliser les banques deviennent politiquement corrects dans les pays anglo-saxons.

La FED et la Banque d’Angleterre, rompant temporairement avec les enseignements de l’école de Chicago, ont annoncé qu’elles allaient acheter autant que nécessaire les émissions de bons du Trésor qui ne trouveraient pas preneur au cours des prochaines adjudications. La BCE n’en est pas là pour des raisons statutaires mais ces raisons peuvent évoluer comme on l’a entendu de la bouche du ministre allemand des finances, précisant que les pays de la zone euro ne laisseraient pas un autre pays de la zone tomber en faillite. [Une évolution de la BCE quant aux financements des déficits publics, ne peut donc être exclue, nonobstant les « postures » du conseil des gouverneurs. Les dettes gigantesques actuelles devront bien être remboursées et seules deux solutions existent : la hausse des impôts et le retour de l’inflation (hausses des prix et des taux d’intérêt à moyen et long termes d’ampleurs éventuellement différentes).

Par ailleurs, l’on assiste à une forme de « moralisation » indispensable du capitalisme avec la chasse aux paradis fiscaux visant à augmenter les recettes fiscales des pays spoliés, à créer de la transparence dans ces zones de non-droit et à intégrer ces pays dans un cadre réglementaire international.
Enfin, après 30 ans « d’années REAGAN », la règlementation est de retour, à la fois pour des raisons éthiques (peut-être !) et d’efficacité économique (espèrons-le).

Les exemples de changements micro-économiques ne manquent pas : des entreprises reposant moins sur les marchés financiers pour leur financement, un retour à l’autofinancement, nécessitant des marges plus fortes ; une répartition différente du risque entre fournisseurs et clients, avec donc des entreprises cherchant à reporter le risque sur d’autres acteurs ou du moins à le gérer autrement ; une remise en cause de certains principes du « juste à temps » qui font perdre en cas de choc majeur de la flexibilité à l’économie ; une remise en cause du tout export ; un rapport différent à la régulation ; un intériorisation de la notion de « risque systémique », obligeant les entreprises à rechercher, y compris avec l’aide des Etats, des garde-fous…

Ainsi, les prochains mois seront bien marqués par des changements de l’ensemble de croyances et valeurs qui influenceront la façon dont le directeur financier perçoit la réalité, réagit à cette perception, communique à propos de cet environnement, essaie de la comprendre et de la prévoir. De plus l’analyste financier et l’actionnaire pourront se faire une opinion (paradigme-objet) sur la façon dont le responsable financier agit.

Avant de retrouver un cadre conceptuel d’intervention stabilisé et face à cet avenir incertain, le Directeur Financier doit être plus que jamais à la manœuvre. Il faut gérer le quotidien et préparer l’entreprise à réagir avec souplesse, cohésion et dynamisme aux évènements des prochains mois.
D’une part la recherche de financement sera « la » priorité » à court terme, mais d’autre part, la préparation d’un plan d’actions, d’un contrôle de gestion dans un contexte inflationniste doit être sérieusement envisagée. Et les « vieux » ouvrages nous rappellent la difficulté dans un environnement de hausse des prix et des impôts, d’assurer la pérennité des marges, de les annoncer sans craindre des avertissements sur résultats, de maîtriser les coûts industriels et salariaux, de préparer des business plans crédible et donc de créer de la valeur dans de bonnes conditions.

Les équipes aux commandes des entreprises en 2009, ne connaissent ces problèmes que de façon livresque ou bien de très loin, dans des pays hyper-inflationnistes à l’importance marginale dans les comptes de résultat.
Il s’agit donc bien, au sens du dictionnaire, d’un changement de paradigme pour les acteurs financiers. Et ceci peut conduire, les managers à de l’autolimitation pouvant se traduire par un manque ou une trop grande lenteur d’adaptation et, dans l’histoire économique, ce dernier élément est invariant et fatal.

Plus vite chacun dépassera ce danger, apprendra et s’acclimatera (individuellement et collectivement dans l’entreprise), plus grande sera la capacité de sortir de cette crise et de profiter des opportunités qui ne manqueront pas d’apparaître. Le mot risque en chinois n’est il pas composé de deux idéogrammes dont l’un signifie opportunités !

(1) Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). C'est en quelque sorte un rail de la pensée dont les lois ne doivent pas être confondues avec un autre paradigme.
(2) cf Henri Poupart-Lafarge, DGA Finance de Alstom.


Jeudi 23 Avril 2009




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