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Si le Royaume-Uni sortait de l’UE : bonne décision ou pure folie ?

Cette année, le Premier Ministre David Cameron a fait grand bruit en promettant d’organiser à l’horizon 2015-2017 un référendum national sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, sous condition qu’il soit réélu en 2015.


Si le Royaume-Uni sortait de l’UE : bonne décision ou pure folie ?
Sa décision est intervenue suite à de fortes pressions des eurosceptiques du parti conservateur ainsi qu’un mécontentement croissant au sein de la population vis-à-vis de l’Europe. Selon un sondage de YouGov réalisé en mai dernier, 46% des britanniques souhaitent une sortie de l’Europe contre 35% qui désirent rester. L’opposition la plus marquée provient du Parti pour l’Independence du Royaume Uni (UKIP), un parti politique de plus en plus populaire. Lors d’une élection partielle à Eastleigh, en février dernier, l’UKIP est arrivé en deuxième position après les libéraux démocrates, reléguant les conservateurs en troisième position. La popularité de ce parti menace les chances des conservateurs de gagner les prochaines élections. Il semble probable que David Cameron vise à attirer une partie de l’électorat d’UKIP en promettant d’organiser ce référendum.

Les anti-européens invoquent comme argument que les entreprises britanniques ne seraient plus étouffées par des règles contraignantes de l’Union Européenne. Selon le Think Tank « Bruges Group », 90% des entreprises britanniques ne sont pas concernées par des échanges commerciaux avec l’Union mais sont néanmoins soumises aux règlementations européennes excessives. Pour le journal « The Sun » ces règles, telle que la limite de la durée hebdomadaire du travail à 48 heures, coûtent près de 9 milliards d’euros par an aux entreprises et aux contribuables britanniques. En outre, une sortie de l’Europe permettrait à Londres d’obtenir le rapatriement de prérogatives dévolues à Bruxelles et d’échapper aux contributions du budget de l’UE.

Cependant, personne ne peut nier que le départ du Royaume-Uni aurait un effet défavorable au niveau économique pour le pays. Le marché intérieur européen est le plus grand du monde, devant les États-Unis. Il permet la libre circulation des biens, des services et des personnes. L’accès de la Grande Bretagne au marché intérieur est essentiel pour le pays. Il représente plus de la moitié du commerce extérieur britannique – environ 47% de la valeur totale des exportations et près de 43% de ses importations. Il s’agit d’une source majeure de revenu générant entre 1100 livres et 3300 livres par an et par ménage britannique. Le nombre d’emplois liés à l’exportation de marchandises et de services vers l’Europe est estimé à environ 3,5 millions.

Si le Royaume-Uni sortait de l’UE sans avoir conclu des accords douaniers, le pays pourrait se voir appliquer des droits de douane élevés sur les exportations. En outre, les produits anglais devront se soumettre à des droits de douane pour être vendus en Europe. Selon les calculs de « The Economist » le cheddar serait soumis à 165 euros de taxe par 100 kilos et le prix des vêtements vendus en Europe augmenterait de 12% à cause de ces taxes.

Il est envisageable que la Grande Bretagne puisse conclure un accord de libre-échange avec l’Union Européenne et adopter une position similaire à celle de la Norvège. La Norvège n’appartient pas à l’UE mais fait partie de l’Espace Économique Européen. Par conséquent, elle a accès au marché intérieur sans être concernée par les autres politiques européennes comme celle de l’agriculture, de la pêche ou de la coopération policière. Cependant, la situation de la Norvège est loin d’être idéale. Les norvégiens doivent respecter les règles du marché intérieur sans avoir le pouvoir de les influencer. Ils sont soumis à 75% de la réglementation européenne sans être consultés. La Grande Bretagne pourrait se trouver dans une position similaire si elle n’y prend pas garde.

De plus, la prospérité de la City semble avoir été fortement liée à l’UE au cours de ces dernières années. Selon TheCityUK, 40% du trading mondial libellé en euros est basé au Royaume Uni. 164 sociétés de services financiers du reste de l’UE sont basées au Royaume-Uni et 124 sociétés du reste de l’UE sont cotées sur le London Stock Exchange. En outre, il ne faut pas oublier les banques européennes qui détiennent 1.4 trillions de livres d’actifs bancaires au Royaume-Uni, soit 17% de tous les actifs bancaires du pays. Une sortie du Royaume-Uni provoquerait la fuite des établissements de la City vers l’Europe centrale. Par ailleurs, la Grande Bretagne ne serait plus en mesure de protéger les intérêts de la City dans le cadre des politiques européennes, notamment à propos du pacte fiscal, de l’union bancaire et de la taxe sur les transactions financières. Ainsi, Londres perdrait sa suprématie en tant que centre du marché financier en Europe.

Le Royaume-Uni ne serait pas le seul pays touché. En effet, la sortie de l’UE du Royaume-Uni aurait un impact important sur le reste de l’Europe ainsi que sur la zone euro. En effet, le pays est un des plus gros financeurs du budget de l’UE puisque pour 2013, sa contribution s’est élevée à 16,3 milliards d’euros, ce qui correspond à 12% du budget. En ce qui concerne la défense, le Royaume-Uni est une puissance majeure de l’UE, au même titre que la France. Ces deux pays représentent ensemble 40% du budget de défense de l’Union et 50% de ses capacités militaires. Selon l’OTAN, le Royaume-Uni représente à lui seul 24% de toutes les dépenses de défense de l’Union, ce qui est plus qu’aucun autre État-membre. Dans l’hypothèse où le Royaume-Uni quitterait l’UE, l’image de l’Europe en tant que puissance mondiale en serait dégradée. Il n’y a aucun doute que tout le monde a beaucoup à perdre.


La Revue est une publication Squire Sanders | Avocats Paris
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Vendredi 4 Octobre 2013




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