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Russie : La reprise interviendra après avril. Est-ce certain ?

L'économie russe a-t-elle déjà atteint son plus bas ? Cette question est sans doute celle qui est la plus débattue par les économistes. Les statistiques publiées dernièrement permettent aux optimistes d'espérer un début de reprise économique dans les prochains mois. Cependant, la situation sur le marché russe des crédits et la conjoncture extérieure ne nous autorisent pas à miser sur un redémarrage de la demande de matières premières russes. La reprise n'est donc pas pour demain.


Des chiffres pleins de malice

Les chiffres publiés par Rosstat (Service fédéral des statistiques) concernant la production industrielle pour le premier trimestre de 2009 ne sont pas dépourvus d'ambiguïté. D'un côté, ils attestent une poursuite de la baisse. Ainsi, la production industrielle a diminué de 14,3% par rapport à la même période de 2008, et de 14,6%, par rapport à la période précédente, autrement dit le quatrième trimestre de 2008. De plus, après avoir connu un ralentissement en février (la production avait reculé de 13,3% par rapport à la période analogue de l'année dernière, contre 16% en janvier), la baisse s'est à nouveau accélérée en mars pour atteindre 13,7% (par rapport à mars 2008).

Selon certains observateurs, c'est un argument suffisant pour affirmer que l'industrie russe n'a pas encore atteint son niveau le plus bas en cette période de crise, et que le pays doit s'attendre à affronter la deuxième vague de la crise.

Mais, d'un autre côté, certains signes montrent que le fond a déjà été atteint. Le changement de l'indice de la production industrielle d'un mois sur l'autre apparaît, ces derniers temps, comme une chose plutôt positive. Ainsi, en février dernier, il a progressé de 6,4% par rapport à janvier, et l'indice de mars était supérieur de 11% à celui de février.

"Nous sommes à notre plus bas, estime Evseï Gourvitch, chef d'un groupe d'experts économiques, en décrivant la situation prévalant actuellement dans l'économie. Nous y resterons encore en avril, après quoi la reprise s'amorcera, même si elle doit être lente dans un premier temps". Igor Oulianov, vice-président de Rosstat, est certain, pour sa part, que si aucune nouvelle baisse n'est enregistrée dans les deux prochains mois, on pourra affirmer que l'économie russe aura réussi à éviter un scénario catastrophe.

L'évolution des événements dépendra des marchés mondiaux (avant tout des prix du pétrole) et de la situation dans le secteur bancaire russe, autrement dit de l'accès ou non des industriels au crédit.

L'étranger ne nous aidera pas

La situation de l'économie mondiale inspire un certain optimisme: depuis environ trois mois, les prix du pétrole se maintiennent à environ 50 dollars le baril. Cependant, comme le font remarquer les experts de la compagnie FBK, malgré les réactions enthousiastes aux accords anti-crise conclus lors du sommet d'avril du G20, à Londres, en réalité, la lutte contre la crise ne remporte pas beaucoup de succès. Rappelons que le ministre russe des Finances, Alexéï Koudrine, pense que la récession de l'économie américaine durera encore 16 à 18 mois, et que son rétablissement prendra plusieurs années. Un avis semblable a été émis par les experts du Fonds monétaire international (FMI), pour lesquels la récession actuelle, "atypique", se prolongera encore pendant au moins un an et demi.

S'il en est ainsi, cela signifie que l'économie russe ne pourra bénéficier dans un avenir proche de conditions extérieures favorables à son essor.

En ce qui concerne les prix du pétrole, de nombreux experts ont qualifié dès le début de cette année leur hausse de conséquence de manipulations politiques d'acteurs intéressés, tant à l'Ouest qu'à l'Est, et prédit qu'elle s'arrêterait au niveau de 55 dollars le baril. Il n'y avait effectivement pas, alors, de raisons économiques objectives à la poursuite de la hausse. Le prix de l'"or noir" était excessivement élevé avant la crise: ces trois ou quatre dernières années, l'accroissement de la demande n'a pas dépassé 3%, alors que le prix du pétrole a bondi de près de 48%. Cette hausse était due à un boom spéculatif, qui a transformé les contrats à terme sur le pétrole en une sorte de devise alternative.

Mais, dans les années à venir, le prix du pétrole sera probablement déterminé par des facteurs économiques objectifs et, avant tout, par la demande réelle de l'industrie. Or, dans les conditions de la récession mondiale, cette demande est très faible. Selon le directeur de l'Institut de la mondialisation et des mouvements sociaux, Boris Kagarlitski, qui a été parmi les premiers à annoncer la chute des prix du pétrole, la reprise de l'industrie mondiale ne pourra intervenir que lorsque le prix de l'"or noir" sera retombé au niveau de son prix de revient. Selon lui, le prix du baril pourrait parfaitement chuter, en 2010, à 12-15 dollars le baril.

La deuxième vague

Les prémisses objectives intérieures de la croissance économique sont aussi minces que les prémisses extérieures. La demande relativement élevée des biens de consommation observée à la fin 2008 et au début 2009 s'explique facilement: craignant pour leur épargne, de nombreux Russes se sont empressés d'acheter des biens de consommation durables, tels que voitures, appareils électroniques, etc. Mais l'optimisation de l'activité des compagnies (compression du personnel, baisse des salaires) entraînera immanquablement une réduction assez forte de la demande des biens de consommation. Cela peut arriver dès la fin du printemps. Naturellement, cela affectera considérablement les acteurs économiques dont les produits et les services ne seront plus demandés. Cela provoquera une nouvelle vague de licenciements sur le marché.

D'autre part, la Russie n'a pas encore réussi à promouvoir un développement de sa production en remplacement des importations. Cela nécessitera du temps, l'achat d'équipements et la modernisation des ateliers prenant entre six et dix-huit mois. Mais il ne s'agit pas que de cela. Les taux des crédits sont si élevés qu'ils ne permettent pas aux entrepreneurs ne serait-ce que de commencer à travailler en ce sens. Evgueni Nadorchine, analyste de la banque Trust, estime que les banques vont s'occuper jusqu'à la fin de l'année du règlement de leurs propres problèmes, ce qui signifie que les entreprises ne pourront pas compter sur des crédits accessibles.

Les résultats d'un sondage effectué parmi les entrepreneurs par l'Institut d'économie de la période transitoire (IEPP) confirment l'inaccessibilité des crédits: en avril, 52% des patrons (contre 58% en mars) disaient être en mesure d'acheter à crédit. Dans la plupart des cas, les crédits sont accessibles aux compagnies qui constituaient la base de l'économie avant la crise: le complexe combustibles-énergie, la métallurgie, le bâtiment. Parmi la dizaine de gros emprunteurs ayant reçu, ces six derniers mois, entre 31 et 123 milliards de roubles de crédit (soit, respectivement, 701,8 millions et 2,8 milliards d'euros), on trouve presque exclusivement des métallurgistes et des pétroliers. Pour ce qui est des entreprises dont la production est censée se substituer aux importations, seules celles appartenant au secteur automobile peuvent être rangées parmi les emprunteurs les plus importants. Mais, dans ce cas, il s'agit non pas de développement, mais de sauvetage de productions existantes.

Par Vlad Grinkevitch, RIA Novosti

Mercredi 29 Avril 2009




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