Retour des morts vivants
28/03/2013
Le positionnement relativement prudent des investisseurs privés et la réaction plus lente des institutionnels après un contexte de crise de 5 ans sont probablement à l’origine de ce comportement des marchés car ils ont créé une accumulation de liquidités sûres, mais peu rémunératrices qui seront avides d’appréciation lorsque le sentiment de crise commencera à se dissiper. Avant que les investisseurs ne soient prêts à changer leur fusil d’épaule et à opérer un glissement du cash vers les actifs risqués, il faut toutefois que les perspectives de rendement s’améliorent. Cette amélioration semble avoir débuté il y a peu grâce à la reprise économique mondiale la plus large depuis 2009.
Parallèlement, les politiques efficaces des banques centrales ont réduit le risque de nouvelles crises systémiques, ce qui incite les investisseurs à tabler sur des rendements plus élevés dans le futur. Il est intéressant de constater à cet égard que l’issue des dernières élections italiennes souligne également l’importance d’une économie mondiale plus solide pour les risques politiques étant donné que le soutien des électeurs pour le gouvernement s’est à nouveau révélé positivement corrélé avec les conditions économiques. Une économie faible (comme en Italie) entraîne donc un mécontentement vis-à-vis du gouvernement en place, quel qu’il soit, tandis qu’une économie florissante incite à soutenir le gouvernement qui est considéré comme responsable de cette situation et inspire aux électeurs un désir de stabilité plutôt qu’une aspiration à un changement de leadership. Si le cycle économique mondial continue à se redresser, les risques politiques devraient dès lors diminuer graduellement.

Un indice composite basé sur les enquêtes menées auprès des entreprises américaines, allemandes, japonaises et de trois pays périphériques européens témoigne en effet d’un net redressement au cours des trois derniers mois. L’indice a désormais progressé de plus de 3 points par rapport à son récent creux de novembre et – à 48,2 – a presque renoué avec sa moyenne depuis 2006. Entre-temps, les locomotives traditionnelles de la croissance comme les marchés émergents – en particulier la Chine – et les sources traditionnelles de stabilité économique comme les nouveaux États européens de stagnation – Italie, France, Royaume-Uni et Pays-Bas – suivent les économies « réanimées » avec un décalage et ne semblent pas (encore) accélérer.
Par conséquent, pour suivre la direction du cycle mondial, ils convient à ce stade de surveiller de près ce qui se passe au niveau du retour des morts vivants, c’est-à-dire l’Allemagne, les États-Unis, le Japon et la périphérie européenne. Cette partie du monde donnera des indications tant sur la direction de la croissance que sur la probabilité de turbulences politiques et la propension des investisseurs à rechercher le risque plutôt que la sécurité.
