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Retour des morts vivants

Par Valentijn van Nieuwenhuijzen Directeur de la Stratégie, ING Investment Management.


En dépit du récent regain de turbulences politiques en Italie, les marchés financiers continuent à digérer relativement facilement les « mauvaises » nouvelles et les actions ont atteint de nouveaux sommets. La volatilité est plus élevée et les performances relatives des classes d’actifs, des régions et des secteurs sont devenues légèrement plus dispersées, mais il semble y avoir une tendance sous-jacente favorable aux actifs risqués qui empêche la volatilité journalière de se transformer en un mouvement baissier durable.

Le positionnement relativement prudent des investisseurs privés et la réaction plus lente des institutionnels après un contexte de crise de 5 ans sont probablement à l’origine de ce comportement des marchés car ils ont créé une accumulation de liquidités sûres, mais peu rémunératrices qui seront avides d’appréciation lorsque le sentiment de crise commencera à se dissiper. Avant que les investisseurs ne soient prêts à changer leur fusil d’épaule et à opérer un glissement du cash vers les actifs risqués, il faut toutefois que les perspectives de rendement s’améliorent. Cette amélioration semble avoir débuté il y a peu grâce à la reprise économique mondiale la plus large depuis 2009.

Parallèlement, les politiques efficaces des banques centrales ont réduit le risque de nouvelles crises systémiques, ce qui incite les investisseurs à tabler sur des rendements plus élevés dans le futur. Il est intéressant de constater à cet égard que l’issue des dernières élections italiennes souligne également l’importance d’une économie mondiale plus solide pour les risques politiques étant donné que le soutien des électeurs pour le gouvernement s’est à nouveau révélé positivement corrélé avec les conditions économiques. Une économie faible (comme en Italie) entraîne donc un mécontentement vis-à-vis du gouvernement en place, quel qu’il soit, tandis qu’une économie florissante incite à soutenir le gouvernement qui est considéré comme responsable de cette situation et inspire aux électeurs un désir de stabilité plutôt qu’une aspiration à un changement de leadership. Si le cycle économique mondial continue à se redresser, les risques politiques devraient dès lors diminuer graduellement.

Retour des morts vivants

Un autre aspect fascinant de la reprise actuelle est qu’elle semble tirée par des pays qui ont tous été considérés comme « morts et enterrés » à un certain moment de la décennie écoulée. L’Allemagne était ainsi appelée le « malade de l’Europe » les premières années qui ont suivi l’introduction de l’euro car on estimait qu’elle était entrée dans la zone euro à un taux de change non compétitif et elle semblait incapable de se débarrasser de son taux de chômage élevé persistant. Après l’effondrement de Lehman, on a par ailleurs considéré que les États-Unis étaient bâtis sur un modèle de croissance brisé de création excessive de crédit, tandis que la récente reprise de l’économie japonaise suit deux décennies de stagnation à la suite de l’éclatement de la bulle spéculative de l’immobilier et des actions. Enfin, même les pays périphériques de la zone euro, réputés pour leur manque de compétitivité, ont récemment commencé à se redresser. Cette reprise en est à ses premiers balbutiements et se fait à partir de niveaux très faibles, mais les enquêtes menées auprès des entreprises en Espagne, au Portugal et même en Grèce sont orientées à la hausse depuis trois mois consécutifs.

Un indice composite basé sur les enquêtes menées auprès des entreprises américaines, allemandes, japonaises et de trois pays périphériques européens témoigne en effet d’un net redressement au cours des trois derniers mois. L’indice a désormais progressé de plus de 3 points par rapport à son récent creux de novembre et – à 48,2 – a presque renoué avec sa moyenne depuis 2006. Entre-temps, les locomotives traditionnelles de la croissance comme les marchés émergents – en particulier la Chine – et les sources traditionnelles de stabilité économique comme les nouveaux États européens de stagnation – Italie, France, Royaume-Uni et Pays-Bas – suivent les économies « réanimées » avec un décalage et ne semblent pas (encore) accélérer.

Par conséquent, pour suivre la direction du cycle mondial, ils convient à ce stade de surveiller de près ce qui se passe au niveau du retour des morts vivants, c’est-à-dire l’Allemagne, les États-Unis, le Japon et la périphérie européenne. Cette partie du monde donnera des indications tant sur la direction de la croissance que sur la probabilité de turbulences politiques et la propension des investisseurs à rechercher le risque plutôt que la sécurité.

Jeudi 28 Mars 2013




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