Beaucoup a été dit sur les plans de relance successivement annoncés par les gouvernements des grandes économies mondiales depuis quelques mois. Inédits dans leur ampleur, ils seraient focalisés sur les secteurs d’activité vieillissants (automobile), inopérants faute de savoir à quel prix racheter des actifs décotés (banque et assurance), voire de pure complaisance (certaines infrastructures).
Des questions demeurent : en dépit des sommes en jeu, seront-elles suffisantes pour enrayer la récession en cours ? En réalité, une sortie de crise ne pourra faire l’économie d’une plus ample implication du privé. Le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner l’a bien compris en sollicitant la participation du secteur privé pour faciliter l’obtention d’un prix de marché pour certains actifs dits toxiques détenus par les banques et donc, pour accélérer le sauvetage de l’ensemble du secteur bancaire.
Mais le secteur privé doit s’impliquer largement au-delà du seul domaine financier. Un exemple : Danone a annoncé la création d’un fonds de 100 millions d’euros destiné à soutenir sa filière, de l’amont jusqu’à l’aval, dans le but de pérenniser son écosystème et donc, de sauvegarder son modèle économique au-delà de la crise. Un autre exemple, diamétralement différent : Warren Buffet et Bill Gates ont mis les 67 milliards de dollars de leur fondation au service de causes d’intérêt commun, afin notamment de contrecarrer les carences des secteurs publics des pays émergents.
Tous ces exemples montrent que dans des domaines très variés, certains dirigeants emblématiques démontrent une grande conscience de leur environnement direct. Ils prouvent qu’ils peuvent participer à leur niveau à poser les conditions d’une reprise durable, à l’heure où les premières fissures dans la solvabilité des Etats montrent les limites de l’action publique pour dénouer les crises de grande ampleur.
Mais voilà. Echaudés par de très fortes pertes en capital du fait de la chute des marchés financiers et de la dévalorisation de leur propre patrimoine professionnel, les entrepreneurs restent souvent tétanisés à l’idée de risquer encore plus. Ils se réfugient massivement sur des placements très sécurisés et donc, improductifs, au risque de retarder le redécollage de l’économie. Le contraste est grand entre certains petits investisseurs plaçant leurs économies dans les FCPI et les FIP, certes attirés par la carotte fiscale, et certaines grandes fortunes subitement averses au risque.
Et pourtant, le moment n’a jamais été aussi opportun, pour ces dernières, de participer activement à la reprise. Il en va de leur propre intérêt. D’un point de vue économique, tout d’abord, ils tireraient un avantage personnel évident à ce que la relance soit effective, sous peine de tomber dans une situation de déprime conjoncturelle déflationniste à la Japonaise qui serait fatale pour leur propre patrimoine. Ce serait même l’occasion pour eux de participer au rééquilibrage de l’économie. Souvent créées dans des secteurs traditionnels, comme le luxe, la distribution ou encore les cosmétiques, les grandes fortunes françaises pourraient opportunément investir dans des secteurs d’avenir, comme les énergies renouvelables ou encore les biotechs. Le constat est d’ailleurs vrai pour les autres grandes économies d’Europe du Sud. Dix des quinze plus grandes fortunes espagnoles proviennent du BTP. Quant aux grandes PME italiennes tant vantées il y a vingt ans, elles sont en perte de vitesse faute d’avoir su innover et s’être suffisamment internationalisé. Dans chacun de ces pays, seule l’implication personnelle des grands entrepreneurs permettra de diversifier leur économie nationale et d’accélérer la sortie de crise.
Ce n’est pas tout. Une implication plus massive du secteur privé permettrait d’envoyer des signes positifs forts aux citoyens à la faveur d’investissements symboliques ostensibles à contre-courant de l’aversion au risque actuelle. Elle participerait ainsi à enrayer le déclinisme ambiant tout en réconciliant les Français avec le capitalisme. De façon plus abstraite, ce serait même une occasion historique de reconnaissance et de prestige personnel dans un contexte national endémique de suspicion envers la réussite professionnelle. Qu’ont-ils à perdre, après tout ? Les déboires de certaines grandes fortunes, notamment françaises, lors de l’affaire Madoff, prouvent que financer un outil productif n’est souvent guère plus risqué qu’un placement réputé sûr !
Rendez-vous dans 10 ans sur Forbes.
Le commentaire mensuel de Delubac Asset Management
Gérard Moulin, gérant actions à la Banque Delubac & Cie
www.delubac.fr
Des questions demeurent : en dépit des sommes en jeu, seront-elles suffisantes pour enrayer la récession en cours ? En réalité, une sortie de crise ne pourra faire l’économie d’une plus ample implication du privé. Le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner l’a bien compris en sollicitant la participation du secteur privé pour faciliter l’obtention d’un prix de marché pour certains actifs dits toxiques détenus par les banques et donc, pour accélérer le sauvetage de l’ensemble du secteur bancaire.
Mais le secteur privé doit s’impliquer largement au-delà du seul domaine financier. Un exemple : Danone a annoncé la création d’un fonds de 100 millions d’euros destiné à soutenir sa filière, de l’amont jusqu’à l’aval, dans le but de pérenniser son écosystème et donc, de sauvegarder son modèle économique au-delà de la crise. Un autre exemple, diamétralement différent : Warren Buffet et Bill Gates ont mis les 67 milliards de dollars de leur fondation au service de causes d’intérêt commun, afin notamment de contrecarrer les carences des secteurs publics des pays émergents.
Tous ces exemples montrent que dans des domaines très variés, certains dirigeants emblématiques démontrent une grande conscience de leur environnement direct. Ils prouvent qu’ils peuvent participer à leur niveau à poser les conditions d’une reprise durable, à l’heure où les premières fissures dans la solvabilité des Etats montrent les limites de l’action publique pour dénouer les crises de grande ampleur.
Mais voilà. Echaudés par de très fortes pertes en capital du fait de la chute des marchés financiers et de la dévalorisation de leur propre patrimoine professionnel, les entrepreneurs restent souvent tétanisés à l’idée de risquer encore plus. Ils se réfugient massivement sur des placements très sécurisés et donc, improductifs, au risque de retarder le redécollage de l’économie. Le contraste est grand entre certains petits investisseurs plaçant leurs économies dans les FCPI et les FIP, certes attirés par la carotte fiscale, et certaines grandes fortunes subitement averses au risque.
Et pourtant, le moment n’a jamais été aussi opportun, pour ces dernières, de participer activement à la reprise. Il en va de leur propre intérêt. D’un point de vue économique, tout d’abord, ils tireraient un avantage personnel évident à ce que la relance soit effective, sous peine de tomber dans une situation de déprime conjoncturelle déflationniste à la Japonaise qui serait fatale pour leur propre patrimoine. Ce serait même l’occasion pour eux de participer au rééquilibrage de l’économie. Souvent créées dans des secteurs traditionnels, comme le luxe, la distribution ou encore les cosmétiques, les grandes fortunes françaises pourraient opportunément investir dans des secteurs d’avenir, comme les énergies renouvelables ou encore les biotechs. Le constat est d’ailleurs vrai pour les autres grandes économies d’Europe du Sud. Dix des quinze plus grandes fortunes espagnoles proviennent du BTP. Quant aux grandes PME italiennes tant vantées il y a vingt ans, elles sont en perte de vitesse faute d’avoir su innover et s’être suffisamment internationalisé. Dans chacun de ces pays, seule l’implication personnelle des grands entrepreneurs permettra de diversifier leur économie nationale et d’accélérer la sortie de crise.
Ce n’est pas tout. Une implication plus massive du secteur privé permettrait d’envoyer des signes positifs forts aux citoyens à la faveur d’investissements symboliques ostensibles à contre-courant de l’aversion au risque actuelle. Elle participerait ainsi à enrayer le déclinisme ambiant tout en réconciliant les Français avec le capitalisme. De façon plus abstraite, ce serait même une occasion historique de reconnaissance et de prestige personnel dans un contexte national endémique de suspicion envers la réussite professionnelle. Qu’ont-ils à perdre, après tout ? Les déboires de certaines grandes fortunes, notamment françaises, lors de l’affaire Madoff, prouvent que financer un outil productif n’est souvent guère plus risqué qu’un placement réputé sûr !
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