Record des fusacs

Tribune réalisée par Florent Jacques, CEO de Finkey (conseil et guide les actionnaires et dirigeants lors de la prise de décisions stratégiques).


L'année 2021 pourrait être celle de tous les records sur le marché des fusions-acquisitions. Fin septembre, les derniers chiffres* de l'activité M&A dans le monde aux trois premiers trimestres 2021 ont été publiés.

Quelle analyse peut-on en faire ?

*Selon la dernière enquête Quarterly Deal Performance Monitor (QDPM) réalisée par Willis Towers Watson, le troisième trimestre a enregistré une progression supérieure à +100% par rapport à 2020 sur des transactions supérieures à 100 M$.

Comment se positionne la France par rapport au marché américain ?

Les opérations de M&A en France suivent la même dynamique qu’aux États-Unis. Cependant, il faut noter que le taux de croissance est moins élevé. Ainsi, Au 1er semestre, il était de +67% en France contre +249% aux US.

Nous pouvons expliquer cette différence par le fait que le marché Nord-Américain possède de sociétés de taille beaucoup plus importantes qu’en France. Les opérations réalisées par ces grands groupes aux US sont qualifiées de transactions de large cap. Elles ont boosté le marché international en valeurs. Ainsi, ces grands groupes représentent d’excellentes opportunités pour nouer des partenariats capitalistiques.

Quant à la France, elle évolue dans une excellente dynamique même si les « big transactions » sont moins présentes. A noter que le 3ème semestre a été impressionnant en termes de levée de fonds avec la plus grosse transaction (680 millions $) portée par Sorare dans les secteurs des crypto-actifs (plateforme de NFT). La toute jeune structure a été valorisé plus de 4 Mds $ ce qui confirme une forte dynamique économique sur l’Hexagone.

Quelles perspectives en France pour le marché des fusions-acquisitions à fin 2021 ?

La dynamique des premiers mois de l’année 2021 s’explique par l’activité les fonds d’investissement. Ainsi, en ayant augmenté de +133 % pour atteindre 818 milliards de dollars au niveau mondial, les rachats d'entreprises par des fonds de capital-investissement (LBO) ont fortement progressé. Ils disposent de beaucoup de liquidités qu’ils doivent déployer sur une période fixe, souvent en payant des prix élevés pour accéder aux meilleurs actifs.

Cette masse de capitaux disponible couplée à des conditions de financements avantageuses vont faire perdurer la tendance des fusions-acquisitions sur plusieurs mois.

Du point de vue des PME et des ETI, les données statistiques sont moins présentes sur le marché. Mais le regroupement de 80 cabinets d’affaires que représente notre marque, nous permet d’avoir une excellente vision terrain. On observe toujours cette course aux actifs lancée depuis le début de l’année et ce pour toutes les tailles d’entreprises. La levée progressive de certaines aides aux entreprises et la mise en place de nouvelles depuis septembre dernier, a engendré une nouvelle organisation pour de nombreuses structures. Dans ce contexte, la croissance externe et les rapprochements industriels en 2021 sont devenus les opérations clés des PME. Acquisition, rachat / fusion ou encore prise de participation sont des options stratégiques qui permettent de se réinventer. 50%* des dirigeants de PME (2-5 M€ de CA) considèrent que la crise actuelle ouvre de nouvelles opportunités d’acquisition.

Les TPE et PME en bonne santé financières sont ouvertes au rapprochement capitalistique pour accélérer leur développement. Que ce soit pour intégrer de nouvelles ressources humaines, des technologies ou acquérir des parts de marché, l’ouverture du capital s’inscrit de plus en plus dans les réflexions des dirigeants.

*Source : Baromètre France Invest – PwC, Crise Covid – Stratégie d’entreprise, gérer le rebond; M&A Insights: H1 2020 Allen & Overy

Ces tendances vont-elles s’étendre en 2022 ?

Le futur est favorable pour les opérations en 2022. En effet, d’une part le marché dispose de nombreuses liquidités et d’autre part les conditions de financement sont positives. La croissance organique des entreprises est cristallisée par des enjeux logistiques et de matières premières au niveau mondial. Une demande forte et une offre de biens et services en progression lente génère structurellement une raréfaction des actifs sur le marché.

La progression observée en début de l’année 2021 ne va pas s’arrêter. La course aux acquisitions d’actifs stratégiques est partie pour continuer. De plus, cette dynamique structurelle se trouve renforcée par la conjoncture actuelle. En effet, les sociétes en cherchant des leviers de croissance se focalisent sur leur cœur de métier. Le recentrage opérationnel génère la scission d’actifs non stratégiques qui peuvent correspondre à de réelles opportunités pour d’autres acteurs du marché ayant un positionnement différent.

Mercredi 3 Novembre 2021


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