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RSE, Mondialisation, et Diversité Religieuse

L’irruption du fait religieux dans les entreprises, ainsi que la multiplication de demandes voire, dans certains cas, de revendications religieuses, fait de plus en plus débat. Il n’est guère facile pour les directions, mais plus encore, on peut l’imaginer, pour les managers, de faire face à cette situation et à la pression qu’elle engendre tant dans les médias que l’opinion publique ; d’autant que la question religieuse demeure un sujet largement méconnu et surtout tabou dans un pays, la France, qui se refuse officiellement – obstinément disent certains – à faire état de statistiques ethniques.


Constant Calvo
Constant Calvo
La Halde se penche actuellement sur le vide juridique que représentent la diversité religieuse et, plus précisément, le port de signes religieux dans le secteur privé. Elle se réunit avec des Directeurs de Ressources Humaines (DRH) afin de tenter de définir une ligne directrice.

La problématique des croyances et des pratiques religieuses est complexe, bien plus qu’on ne l’imagine souvent. Il ne suffit pas, comme le pensent certains, d’opposer laïcité et religion, ni de céder à toutes les revendications sans discernement, ni encore de refuser de prendre position et laisser les managers régler seuls les conflits sur le terrain, pour espérer régler la question.

Pour ceux, et ils sont nombreux, qui tentent par ignorance, malveillance, sens de l’opportunité, ou calcul politique, de la réduire à une simple confrontation entre l’islam et le christianisme, ou entre l’Occident et le reste du monde, rapportons les propos du professeur Jean-Pierre Machelon, auteur du Rapport sur « Les relations des cultes avec les pouvoirs publics » (2006), Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire :

« En un siècle – depuis la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État – s’est affirmée une diversité religieuse sans précédent. Les quatre cultes reconnus en 1905, catholicisme, protestantismes réformé et luthérien, judaïsme, côtoient aujourd’hui des religions géographiquement ou historiquement nouvelles. Ainsi l’islam, mais aussi les sagesses d’Asie, à commencer par les bouddhismes, sans oublier ces autres formes, anciennes ou modernes, de christianisme que sont l’orthodoxie ou les églises évangéliques, font partie intégrante du paysage religieux français. La France est ainsi le pays européen qui compte le plus grand nombre de musulmans, de juifs et de bouddhistes. Cette diversité est encore plus significative Outre-mer, comme l’illustre l’île de la Réunion où coexistent chrétiens, hindouistes et musulmans. Complexe, multiple et difficile à saisir, offrant au regard une multitude de groupes, de structures et d’affiliations de natures, de tailles et de pratiques différentes : tel se présente le tableau confessionnel de la France contemporaine. »

Tant il est vrai qu’à l’aube du XXIème siècle, la délimitation du fait religieux semble dangereuse, voire tendancieuse, sinon impossible, « dès lors que des définitions jusque-là normatives ne suffisent plus à rendre compte de ces réalités nouvelles » La notion de « ministre du culte », par exemple, indissociable de la paroisse catholique ou protestante, est-elle encore pertinente lorsqu’on fait référence à une mosquée sunnite ou un dojo zen ?

Peut-on affirmer malgré le diktat officiel qu’il est impossible d’établir, sinon avec exactitude du moins avec un taux de probabilité acceptable, l’appartenance religieuse des Français ? Le professeur Jean-Pierre Machelon ne semble pas le croire. Il affirme qu’en procédant à des recoupements, estimations, et autres projections, à partir des études et enquêtes sur le terrain, on peut être à même de dresser une cartographie de la pratique et croyance religieuse dans notre pays.

A côté du catholicisme largement majoritaire, on trouve notamment l’agnosticisme qui progresse, l’islam 2ème religion de France, le protestantisme qui demeure stable, les « chrétiens historiques » – parmi lesquels les fidèles de Église orthodoxe et de l’Église apostolique arménienne – le judaïsme en phase de renouveau, le bouddhisme en plein essor, enfin les « mouvements religieux atypiques » tels les témoins de Jéhovah lesquels sont surtout présents dans les territoires d’Outre-mer.

« La présence durable, sur le territoire national, de nouvelles identités confessionnelles qui, le plus souvent, rassemblent des personnes issues d’autres continents (Afrique, Asie, Amérique) et représentent des expressions en provenance d’autres aires de civilisation, montre bien que la mondialisation n’est pas seulement économique, mais aussi culturelle et religieuse. » affirme par ailleurs Le professeur Jean-Pierre Machelon.

Car voilà bien, selon nous, l’une des idées forces et éclairantes de ce rapport, qui ose aborder de front la question qui fâche dans notre hexagone : celle de la mondialisation qui se définit par l’accélération et la densification de la circulation des biens, des produits, et des services certes, chacun en convient, mais aussi et surtout des idées, des traditions et croyances, des dogmes, et des cultes, tout un ensemble qu’on nomme autrement culture ou civilisation selon l’approche méthodologique choisie. L’étude de la corrélation entre la mondialisation, la culture et la religion nous paraît essentielle, si l’on cherche à appréhender avec sérieux et honnêteté la diversité, ainsi que les enjeux et défis qu’elle pose.

Or, la mondialisation et ses impacts sociaux, économiques, et culturels, n’ont pas bonne presse dans notre beau pays. Selon une étude de TNS Opinion pour la Fondation pour l’Innovation Politique, intitulée « 2011, la jeunesse du monde », auprès de la jeunesse du monde entier, les jeunes de la Vieille Europe apparaissent bien plus frileux et pessimistes que ceux des pays émergents, Chine et Inde en tête, s’agissant de leur perception de l’impact de la mondialisation sur leur vie présente et future. Est-ce vraiment un sujet d’étonnement ? En France, s’ils sont 53 % à juger leur avenir personnel prometteur, les jeunes ne sont plus en revanche que 17 % à juger l’avenir de leur pays prometteur. Les jeunes français, selon cette enquête, partageraient même la palme du pessimisme avec leurs homologues Grecs.

Selon les Nations Unies (ONU), « dans leur vie quotidienne, nombreux sont les membres de communautés religieuses ou partageant une croyance qui doivent faire face à une discrimination sur la base de leur religion ou de leur croyance. Ils sont soumis à des restrictions injustifiées dans l’exercice de leurs droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. En tant que tels, les membres de certaines communautés religieuses ou partageant une croyance souffrent de discrimination dans l’accès à l’enseignement public, les services de santé ou les emplois publics. Dans des cas extrêmes, certains d’entre eux sont même arrêtés ou mis à mort à cause de leur appartenance religieuse. »

En tout état de cause, on rappellera ici que la non-discrimination des croyances religieuses s’inscrit dans le champ de la diversité culturelle, c’est-à-dire de la Lutte contre les Discriminations, laquelle est avec les Droits de l’Homme une thématique centrale du volet social et sociétal de la RSE.

« Dans sa riche diversité, la culture a une valeur intrinsèque aussi bien pour le développement que pour la cohésion sociale et la paix. Parallèlement, la reconnaissance de la diversité culturelle – par une utilisation novatrice des médias et des TIC en particulier – est propice au dialogue entre les civilisations et les cultures, au respect et à la compréhension mutuelle. » (UNESCO).

C’est bien dans cet esprit selon nous qu’il convient d’aborder le fait religieux au sein des entreprises, sans fausse naïveté toutefois, car les stéréotypes et les préjugés sont tenaces. La communication interculturelle et interconfessionnelle connaît et connaîtra encore pour longtemps de douloureux moments.

Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com

Jeudi 17 Février 2011




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