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Quelles leçons tirer sur l’affaire Lending Club ?

Entretien avec Damien Guermonprez CEO de Lemonway.


Damien Guermonprez CEO de Lemonway
Damien Guermonprez CEO de Lemonway
Les FinTech sont souvent présentées comme des acteurs innovants d’un point de vue technologique mais elles restent avant tout des sociétés financières pour lesquelles la confiance des investisseurs est capitale. Cette affaire montre qu’innover n’évacue pas le risque de conformité, bien au contraire.

Le Conseil d’Administration de LendingClub a voulu se montrer exemplaire, s’est emparé du sujet et a fait preuve de transparence. Malgré cela, les conséquences sont lourdes car les banques qui refinançaient les prêts réalisés par la plateforme se sont retirés au fur et à mesure, freinant ainsi la production de crédits. Le départ du CEO emblématique est un choc d’autant plus important qu’il avait réussi un parcours sans faute et que ses chiffres récents étaient en forte progression. Cette affaire invite les dirigeants de sociétés régulées à consacrer autant de leur temps au développement qu’au contrôle des risques.

Est-ce possible en France ?

Même si les enjeux financiers n’ont rien à voir, le risque de conformité existe plus que jamais. Les montants financés sont beaucoup plus faibles en France. 300 millions d’euros ont été financés à travers les plateformes de financement participatif de tous types en 2015 alors que Lending Club a financé 18 milliards de dollars depuis sa création et 2,7 milliards de dollars au 1er trimestre 2016. En plus, nos plateformes nationales ne sont pas cotées en Bourse et très peu font appel à des banques pour se refinancer.

En cas de faillite d’une plateforme de crowdlending, il n’y a pas de risque de voir les clients non servis. En effet, les établissements de paiement comme Lemon Way sont responsables d’assurer la continuité d’activité.

Cela ne protège pas les prêteurs du risque de crédit mais les rendements offerts sont à la hauteur des risques pris. Ainsi, en France, on trouve des rendements annuels supérieurs à 10% sur 24 mois dans le crowdfunding immobilier car les banques ne financent plus les promoteurs aussi facilement depuis qu’elles subissent des contraintes bilancielles exacerbées en réaction à la crise financière.

Il faut relativiser les risques pris par les investisseurs sur les plateformes de financement participatif car les montants unitaires investis par les européens sont faibles, autour de 1.000 euros. Ce sont des personnes qui diversifient leurs investissements et qui cherchent des rendements supérieurs dans une économie à taux zéro.

Quels pourraient être les impacts de cette affaire sur les investissements dans le secteur des Fintechs ?

Les abus ont pour conséquence logique une plus grande régulation, ce qui est une bonne chose.

Le crowdfunding vient à point dans une économie où les rendements offerts aux investisseurs sont pratiquement nuls compte tenu des taux d’intérêt proches de zéro et d’un risque de déflation permanent. Face à l’ampleur de la vague du financement participatif dans le monde, les législateurs s’adaptent et votent des Lois qui l’encadrent.

Il y avait dans le monde 700 sites de crowdfunding en 2012. Il y en a plus de 2.500 aujourd’hui, quatre ans plus tard. En Europe, nous en avons recensé 756 et nous en servons près de 200, soit un quart du marché européen, sur 17 pays. Nous sommes de ce point de vue le leader européen sur cette niche.

Quelles mesures devraient prendre les régulateurs afin de ne pas freiner le développement du secteur ?

Les régulateurs ont repensé les Lois mais le marché doit encore les expliquer. Encore trop peu d’investisseurs connaissent le rôle des Etablissements de Paiement qui filtrent les paiements et qui luttent contre la fraude, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les investisseurs ne savent pas souvent que les établissements de paiement offrent l’énorme avantage de sécuriser les investisseurs en cas de faillite de la plateforme.

Les régulateurs européens vérifient que toutes les plateformes ont signé avec un établissement de paiement ou une banque. Mais dans la pratique, seules deux plateformes sur trois sont branchées à ce jour et il en apparaît de nouvelles chaque jour. Nous travaillons quotidiennement à convaincre les plateformes de se brancher sur notre système et de rajouter notre logo Lemon Way sur leur page d’accueil.

Les régulateurs nationaux devraient essayer de faire converger les limites d’investissement. En France, les limites sont de 1.000 euros par personne et le projet financé ne peut pas dépasser 1 million d’euros. Une nouvelle Loi devrait bientôt doubler la limite du montant unitaire de 1.000 euros à 2.000 euros. Cette limite varie selon les pays, en Allemagne, les investisseurs peuvent investir 10.000 euros par projet.

Comment les plateformes pourraient-elles se rendre plus transparentes auprès des investisseurs, des clients et de leurs partenaires ?

Il faudrait les inviter à afficher le taux de défaut par catégorie d’investissement et par génération de prêts dans la cadre du crowd lending. En matière de prêt, il serait normal que les taux de défaut s’améliorent avec le temps car les scores s’amélioreront au fur et à mesure. Pour que les scores fonctionnent, il faut accepter un peu de risque au début, alors que les montants restent faibles et limitent ainsi le risque pris. Aux Etats-Unis, les risques de défaut augmentent car les plateformes veulent produire davantage de crédits, quitte à accepter plus de risque. Nous n’en sommes pas là en Europe.

Il faudrait aussi les inviter à expliquer comment elles se refinancent : quelle est la part financée par les investisseurs particuliers et celle financée par les investisseurs institutionnels.

Une grande transparence de la part des sites de financement participatif jouera en leur faveur car le public ne demande qu’à être davantage éduqué sur cette pratique qui ne connaît pas de frontière et qui va s’instaurer durablement à l’échelle de la planète.

Les médias du groupe Finyear


Vendredi 27 Mai 2016




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1.Posté par M MARAVAL le 28/05/2016 04:45 | Alerter
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Les banques traditionnelles ont intérêt à développer le crowlending en faisant participer leur clientèle à des pools bancaires comme minoritaires. Le modèle est alors sécurisé pour l'investisseur et la banque y gagnée en fonds propres comme en offre bancaire.

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